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« Tous les déchets s’en vont à la même place » et autres mythes sur le compostage
URBANIA et RECYC-QUÉBEC s’unissent pour vous expliquer comment faire du bien à la planète à grands coups de gestion de déchets alimentaires.
Mes multiples ponchos en laine recyclée vous le diront, je suis un peu le grano de mon cercle d’ami.e.s. Je recycle, je composte et je bois tous mes cafés dans le même pot de sauce Classico depuis quatre ans.
Parce que l’Antarctique vient d’atteindre une température de 30 degrés au-dessus de sa moyenne et qu’un iceberg trois fois gros comme Paris vient de s’en détacher, il est important de faire de petits gestes pour donner un break à la planète. Si je devais vous en suggérer un en particulier, ce serait assurément le compostage.
Non seulement le compostage est-il plus accessible que jamais, il représente aussi un moyen concret et efficace de réduire sa production de déchets domestiques. Malheureusement, c’est un procédé méconnu dont les gens se méfient encore beaucoup. Je vous confirme cependant que la poubelle brune est votre amie. Et pour vous le prouver, on déboulonne aujourd’hui pour vous quatre mythes sur le compostage.
Mythe 1 : les poubelles s’en vont toutes à la même place!
En fait, il a été démontré de 2015 à 2017 que 57 % des déchets domestiques du ménage québécois moyen sont des matières organiques. Donc oui, ils s’en vont à la même place si tu les mets dans la même poubelle. Cependant, si tu les mets dans le bac brun, elles seront compostées et retournées sécuritairement à la terre.
57 % des déchets domestiques du ménage québécois moyen sont des matières organiques.
Un des buts concrets du compostage est de réserver les sites d’enfouissement à ce qui doit absolument être enfoui – c’est-à-dire au déchet qui n’a pas pu être évité au départ ou qui n’a pas le potentiel d’être recyclé ou valorisé. Cet effort citoyen est très accessible et peut faire un monde de différence.
Non seulement on peut le faire, mais on se doit de le faire. Je ne sais pas si vous avez lu le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), mais sinon, je vous le résume : ça ne va pas du tout…
Mythe 2 : si on enfouit de la matière organique, elle va se décomposer tôt ou tard – c’est donc aussi efficace que de la composter.
En fait, la matière organique enfouie sous terre n’a pas de contact avec l’oxygène et produit du méthane en se décomposant, un gaz à effet de serre extrêmement dommageable pour le réchauffement de la planète, puisque chaque molécule représente l’équivalent de 25 molécules de dioxyde de carbone. T’sais, quand jeter sa nourriture aux poubelles et conduire sa voiture inutilement ou en tournant en rond dans son driveway revient un peu au même?
Au Québec, 7,8 % des gaz à effet de serre attribuables aux déchets sont causés majoritairement par l’enfouissement des matières organiques. Le méthane est un gaz qui a des effets à long terme. Il va donc falloir attendre longtemps avant que nos enfants et nous, on puisse se rattraper assez pour contrer l’impact.
J’ai tout de même une pas pire nouvelle. On trouve maintenant dans plusieurs sites d’enfouissement des capteurs de biogaz qui servent à restreindre l’effet dévastateur du méthane en le brûlant et, dans les meilleurs cas, à l’utiliser comme source d’énergie. C’est bien, mais malheureusement pas assez, surtout quand on sait que la solution que représente le compostage existe et qu’elle est super accessible.
Mythe 3 : le compostage attire les mouches à fruit… et les rongeurs.
C’est vrai… et je vais vous le dire honnêtement : dealez avec.
Je ne sais pas pourquoi, mais cet argument-là me met toujours un peu en colère… Comme si l’invention des petites mouches laides qui capotent sur les poires bien mûres datait d’exactement de la même époque que l’apparition des bacs bruns. Come on!
Les mouches à fruit peuvent venir de partout. Composer avec leur présence est la lourde responsabilité qui accompagne le fait de posséder des fruits. Je sais que ce n’est pas plaisant de voir une volée d’insectes dans sa cuisine, mais la fonte des glaciers n’est pas particulièrement plaisante non plus.
Quant aux rongeurs, vous avez l’option de les éloigner en recouvrant votre bac d’une huile à odeur plaisante et forte comme celles de la menthe ou de l’eucalyptus.
Il existe des trucs pour réduire la présence des petites mouches, comme mettre les matières organiques au congélateur ou les couvrir de feuilles ou de papier journal, mais malheureusement, ces solutions passent pratiquement toujours par l’utilisation d’énergie ou la création d’autres déchets. La vraie solution, c’est de les endurer et de ne pas oublier de mettre le bac au chemin chaque semaine.
Quant aux rongeurs, vous avez toujours l’option de les éloigner en recouvrant votre bac d’une huile à odeur plaisante et forte comme celles de la menthe ou de l’eucalyptus. Les rongeurs ne peuvent pas les supporter. De toute façon, les bacs sont faits plus forts qu’un écureuil : ça règle le problème dans les grandes villes.
Dans le reste de la province, par contre, il se pourrait que le bac ne survive pas à un ours ou à un troupeau de ratons laveurs très motivés. La solution pour les ratons demeure de parfumer vos ordures (seigneur, cette activité!), mais cette fois-ci, en misant davantage sur les odeurs déplaisantes. Les ratons ont un odorat très développé, et les odeurs irritantes démoraliseront les plus déterminés d’entre eux. Les huiles d’ail, de poivre et surtout de piment empêcheront ces mignons amis de dévaliser votre compost.
Pour une protection supplémentaire, vous pouvez vous procurer un bac muni d’un loquet, ou alors attacher le couvercle d’un bac ordinaire avec un tendeur élastique (de type bungee) – sans oublier de le retirer le jour de la collecte. Ça devrait décourager les animaux les plus aventureux.
Mythe 4 : la matière organique doit être mise dans un sac compostable (oui, oui, c’est un mythe).
C’est probablement l’un des mythes les plus répandus, si je me fie à leur vente généralisée à l’épicerie, mais LES SACS EN PLASTIQUE, COMPOSTABLES OU PAS, RENDENT LE TRAVAIL DE TOUT LE MONDE TRÈS DIFFICILE. S’cusez, j’ai crié.
Ces sacs sont des articles vendus pour rendre plus esthétique un procédé qui n’a pas à l’être, ou plus facile, alors qu’il l’est déjà. Non seulement sont-ils inutiles, mais ils risquent en plus d’affecter la qualité du compost produit à partir de matière organique, car bien qu’ils soient pour la plupart dits biodégradables, ça ne veut pas dire qu’ils soient compostables. Ce n’est pas la même chose, et c’est une des raisons pour lesquelles ils sont parfois refusés dans le bac brun.
Vous pouvez mettre vos matières organiques directement dans le bac, sans emballage.
De toute façon, le mot d’ordre pour réduire son empreinte écologique est de réduire la création de nouveaux déchets. Les sacs compostables (ou pas) demandent de l’énergie et de la matière pour être produits et finalement remplir leur mission complètement inutile. Vous pouvez mettre vos matières organiques directement dans le bac, sans emballage. À la limite, réutilisez un sac en papier plutôt qu’en plastique – mais n’oubliez pas que les mettre directement dans le bac demeure la meilleure idée.
Durant l’hiver, il y a moins d’inconvénients, et durant l’été, vous n’avez qu’à laver votre petit bac de cuisine avec de l’eau de vaisselle une fois par semaine ou votre gros bac brun avec le boyau d’arrosage. Ce n’est bien sûr pas l’activité la plus palpitante qui soit, mais si ça peut éviter quelques inondations dans 40 ans…
En conclusion, on a dépassé le stade de poser des gestes pour l’environnement seulement quand ça nous tente. Le dernier rapport du GIEC est clair : il nous reste très peu de temps pour changer rien de moins que notre façon d’exister. Tout déchet qu’on ne crée pas contribue concrètement à l’effort de guerre. Alors, let’s go!
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On ne vous a pas convaincu.e de passer au compostage? Visitez le site de RECYC-QUÉBEC pour obtenir d’autres arguments!