.gif)
Depuis que j’ai l’âge de fréquenter les bars et de m’enfiler quelques gin-7up derrière la cravate, je suis témoin de scénarios qui se reproduisent à chacune de mes sorties nocturnes. Rarement une soirée ne se déroule sans la prestation d’une drama queen énervée qui éclate en sanglots sur un remix électro de Rihanna, d’un dude qui ronfle face première sur une table jonchée de postillons de bière ou encore, de petites actions vicieuses faites par des gars qui ont la touchette facile. Et c’est de ceux-ci dont je souhaite parler.
Ceux à la touchette facile ne sont pas ceux qui te proposent gentiment un verre après un eye contact de feu ou qui viennent t’aborder à frette avec la pomme d’Adam tremblotante. Ceux à la touchette facile ont une approche borderline sauvage, et préfèrent passer directement au contact physique plutôt que d’affronter le risque de se fourrer dans une tentative verbale.
C’est que dans un bar bondé, c’est facile d’avoir la touchette facile.
Hélas. Combien de fois un lourdaud m’a-t-il grabbé le califourchon incognito et malgré que je me retournai rapidement pour l’identifier, il avait déjà disparu? Combien de fois un lourdaud m’a-t-il attrapé la main pour m’aborder au lieu de juste ouvrir la bouche et d’exprimer le plus profond (ou superflu) de ses désirs? Et surtout, combien de fois un lourdaud m’a-t-il empoigné les hanches pour manifester le souhait de se déplacer dans la masse au lieu de juste me taper sur l’épaule et me demander de me tasser un peu?
Trop de fois.
Drôlement, à chaque fois qu’un étranger dans un bar m’a agrippée une partie de mon anatomie et que je l’écartais promptement en lui disant: “Man, stp, touche-moi pas.”, il s’avère que, à tous coups, ce drôle de pingouin se transformait en une vierge offensée. Le pauvre était sidéré par ma réaction, perdait presque tous ses moyens et m’envoyait promener dans le champ des filles frigides. Cher bougre, si je me fie à ta logique moyenâgeuse, tu aurais le droit de me flatter le cul alors que moi, je devrais fermer ma yeule et te laisser me taponner?
On est pu au 13e siècle, l’ami.
Parfois, on se fait toucher le popotin ou les hanches parce que le damoiseau en question croit dur comme fer qu’on sera charmées par cette approche. Ou encore, parce qu’il essaie de dénicher une voie rapide pour aller se soulager la vessie aux commodités. Dans ce cas-ci, j’en conviens qu’il est parfois quelque peu ardu de se mouvoir la carcasse dans un endroit où y’a du monde au pouce carré. Soit. Mais pourquoi est-il nécessaire d’empoigner les hanches de charmantes dames qui se trouvent sur le chemin au lieu de simplement leur lancer un “S’cuse, j’aimerais passer.”?
Je m’interroge sur ce qui motive ce type d’actions. Est-ce que la palpation de la taille n’est en réalité qu’un simple effleurement inconscient? Est-ce que ces jeunes hommes tiennent pour acquis que la propriétaire des hanches qu’ils pogneront se taira et ne dira rien, car trop habituée à ce phénomène routinier? Est-ce une occasion de tester ses chances sur une fille, du genre : je lui fais remarquer ma présence en lui prenant la taille, et si elle est réceptive, j’ai une possibilité d’entamer une conversation? Ou est-ce que ce n’est qu’un fantasme éphémère d’avoir les 10 doigts collés sur le postérieur d’une inconnue?
Mystère et boule de gomme.
J’ai la sensibilité à cheval lorsqu’on parle de toucher les fesses ou les hanches sans consentement. Dans mon petit Moleskine à moi, ce geste ne devrait pas être banalisé par l’excuse “Je me trouve dans un bar, donc j’ai un peu plus le droit de taponner tout ce qui bouge que dans la vie en général.”. Je doute qu’un dude attendant en ligne pour son café le matin pogne les foufounes de la fille devant lui pour lui faire savoir son intérêt.
Mon popotin et tout ce qui se trouve aux alentours sont des endroits sacrés qu’aucun inconnu dans un bar n’a le droit de toucher. Et même si ceux ayant la touchette facile ne représentent pas la majorité de la gent masculine, reste qu’ils existent.
Alors de grâce, mesdames, ne sous-estimez jamais vos hanches, ni votre taille, ni votre cul.