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Votre fournée de biscuits en forme de bonshommes de neige est dans le four, vous avez vos pantoufles les plus confortables dans les pieds, du lait de poule spiké dans les mains, vous voilà fin prêt.e pour une soirée de films du temps des Fêtes. Seulement, après avoir vu chaque Astérix huit fois, il se peut que vous ayez envie d’un peu de nouveau, un peu de piquant même. Et si au lieu d’une douce nostalgie réconfortante, vous écoutiez des films qui évoquent le malaise, la confusion, la peur? Ça ferait changement, non?
Ça tombe bien! S’il y a bien une période pour laquelle on produit du contenu cinématographique merdique à la tonne, c’est bien le temps des Fêtes. Il y a quelque chose avec le fait d’avoir un public captif qui écoute la télé dans un état comateux post-dinde qui pousse les réalisateurs à faire le minimum.
Voilà donc sans plus tarder 5 films qui auront l’effet d’une bonne vieille boule de charbon dans votre bas de Noël.
Maman j’ai raté l’avion! (Ça recommence) (Dan Mazer, 2021)
Cette énième suite de ce grand classique de Noël et de violence gratuite montre que tant qu’il y aura de l’argent à faire, Hollywood ne se gênera pas pour vous servir ses restes réchauffés à la louche. Maman j’ai raté l’avion! (Ça recommence) ou Home Sweet Home Alone dans sa version originale ne se cache pas d’être un remake cynique et sans imagination, et ce, jusque dans le titre, qui a l’air d’avoir été déniché par deux-trois producteurs qui avaient vraiment hâte de finir leur journée.
C’est l’histoire d’un garçon qui se retrouve seul dans l’immense demeure familiale pendant le temps des Fêtes et qui doit défendre sa propriété contre de fieffés voleurs. S’ensuivent des cascades aussi rigolotes que brutales où les inconscients brigands se font administrer au moins cinq commotions cérébrales chacun. Ça vous dit quelque chose? C’est normal, parce que c’est exactement le même scénario que le premier Home Alone! Comme on dit dans le showbizz, le public est niaiseux et les nouvelles idées, c’est plate.
Sauf que cette fois, au lieu de filous sans scrupules, Max, notre très peu sympathique héros, s’en prend à un petit couple qui essaie désespérément de trouver l’argent pour garder sa maison après que le père ait perdu son emploi. En effet, le couple est convaincu que le garçon lui a volé une vieille poupée hors de prix qu’il voulait vendre sur eBay pour éviter la faillite. C’est donc tout à coup un peu moins satisfaisant de voir l’aile junior du 1 % verser de l’huile bouillante sur les pauvres qui ont osé mettre le pied dans son château.
Est-ce que l’intrigue du film aurait pu être réglée en deux secondes si nos héros avaient sonné chez Max pour lui demander de rendre leur poupée? Bien sûr. Est-ce qu’à la fin, tout le monde devient ami-ami sans aucune raison logique? Oh que oui. Est-ce que vous allez sortir de cette écoute avec autre chose qu’un grand vide intérieur? Euh… En tout cas, le grand frère dans le premier Home Alone fait une apparition! Cool, hein?
Papa est devenu un lutin (Dominique Adams, 2018)
Bon, vous allez me dire : « Voyons, Sarah-Florence, tu peux pas mettre Papa est devenu un lutin dans TOUS les tops 5! » Just watch me. Tant qu’il y aura des gens qui ne sont pas au courant de l’existence de cette extraordinaire exclusivité Guzzo, je n’aurai pas rempli ma mission sur Terre.
Ce conte de Noël raconte la classique histoire d’un père (Jean-Marie Corbeil, cabotin, mais pas drôle) qui travaille trop et qui néglige sa famille, et ce, même pendant le temps des Fêtes! Un vœu de sa fille (Anaïs Laforge, enfant actrice au jeu en carton) le transforme soudainement en lutin, au grand bonheur de sa femme (Elisabetta Fantone de Loft Story, la meilleure du lot) et de son fils (Jack Adams, fils du réalisateur et poupon, c’est pas de sa faute).
Alors qu’on devrait rire en voyant Jean-Marie Corbeil faire n’importe quoi en affirmant être possédé par l’esprit d’un lutin appelé Pedro, le montage et la réalisation donnent l’impression d’assister à une inquiétante psychose qui va se solder par le meurtre de la petite famille à la hache. Au lieu de ça, on doit plutôt se taper 45 minutes d’impro sans thème où « Pedro » fout le bordel dans la maison en accéléré avant que sa femme doive tout torcher derrière lui… Joyeux Noël?
Je vous recommande aussi de regarder les bloopers si vous avez envie de voir Jean-Marie Corbeil sacrer après un bébé.
Monsieur Papa… (John Murlowski, 1996)
Une bonne liste de films de marde ne saurait être complète sans faire mention de Hulk Hogan. Seigneur que Hulk Hogan a essayé fort de faire la transition du monde de la lutte au cinéma, pavant ainsi le chemin pour les Dave Bautista et The Rock de ce monde. Ça ne s’est pas aussi bien passé pour notre géant blond au bronzage radioactif.
Dans ce délire des Fêtes californien intitulé Santa with Muscles dans sa version originale, Hogan joue le rôle d’un millionnaire mauvais garçon qui se déguise en père Noël de centre d’achats pour échapper à la police. Durant cette folle course-poursuite, il sera atteint d’un coup à la tête, la blessure préférée des scénaristes désabusé.e.s. Maintenant amnésique, notre CEO bad boy est convaincu d’être réellement le père Noël et décide donc, logiquement, de combattre le crime (?).
Jusqu’ici, tout se passe bien. Le film prend rapidement un autre tournant lorsqu’on introduit le personnage du scientifique sans scrupule qui veut détruire un orphelinat pour récolter les cristaux magiques qui poussent en dessous… Oh non, pas l’orphelinat! En plus, c’est l’orphelinat où Hulk Hogan a grandi!
Dans son costume de père Noël dont les manches ont été judicieusement arrachées pour qu’on puisse admirer sa musculature tannée, Hogan devra sauver l’orphelinat avec ses poings et la magie du temps des Fêtes comme seuls alliés. Vous aurez compris que c’est du n’importe quoi avec un emballage cadeau par-dessus pour faire cute. Ce film est tout de même assez divertissant et met en vedette des enfants acteur.trice.s vraiment pas pires.
Fait intéressant, Monsieur Papa… a été coproduit par Jordan Belfort, le fameux Wolf of Wall Street, la preuve qu’on peut mettre bon nombre de films de marde sur le dos de la cocaïne.
Douce nuit, sanglante nuit 2 (Lee Harry, 1987)
On arrive maintenant à la section plus fuckée de cette liste. Douce nuit, sanglante nuit 2 (Silent Night, Deadly Night part 2) est, vous l’aurez compris, la suite de Douce nuit, sanglante nuit, un slasher américain mettant en scène un tueur déguisé en père Noël. « Mais là, Sarah-Florence, comment on va comprendre ce qui se passe si on écoute directement le deuxième film? », que vous vous demandez sûrement. Lee Harry a pensé à vous : près de 40 minutes du film sont composées de scènes du premier. Oui, on a juste réutilisé les mêmes images en guise de flashback, pas le temps de niaiser.
Cette suite raconte donc l’histoire tout aussi sanglante du petit frère du tueur, Ricky, joué par un acteur aux sourcils hyperactifs. Silent Night, Deadly Night 2 repousse les limites de l’over-acting, des effets spéciaux cheap et des fous rires accidentels. Une scène de meurtre censée être tendue est plutôt devenue un mème populaire.
Un entretien avec le réalisateur nous apprend que ce film n’aurait jamais dû en être un au départ. Harry, qui n’avait jamais réalisé de film auparavant, avait été engagé pour faire un nouveau montage du premier Silent Night, Deadly Night pour en faire une « suite » aux coûts presque nuls et faire beaucoup d’argent facilement. Lee Harry aurait donc convaincu les producteurs de lui donner un petit budget et dix jours de tournage pour ajouter ne serait-ce qu’un brin de contenu original au film.
C’est là un bon exemple de recette parfaite pour un navet : le mélange catastrophique de l’ambition de producteurs cyniques et des idées de grandeur de réalisateurs novices. Silent Night Deadly, Night part 2 aura au moins l’avantage de vous faire rire chaque fois que vous allez sortir les poubelles.
Santa Claus (René Cardona, 1959)
Qu’est-ce qui arrive lorsqu’un réalisateur de films d’exploitation mexicain décide de se faire la main sur le cinéma des Fêtes? On se retrouve avec un ovni comme Santa Claus. Littéralement un ovni, parce que dans ce film, l’atelier du père Noël est dans l’espace, tiens donc.
Très rapidement, nous quittons le royaume du père Noël pour rencontrer notre antagoniste, le Diable en personne. Satan, décidément tanné d’entendre All I Want for Christmas Is You en novembre, ordonne à l’un de ses démons, Pitch, de se rendre sur Terre pour corrompre les enfants et les monter contre le petit papa Noël.
Je ne saurais vous décrire le reste du délire fiévreux qu’est Santa Claus pour lui rendre honneur. C’est intéressant, c’est assurément weird et un peu inapproprié pour le jeune public pour lequel on a distribué ce film aux États-Unis. Merlin fait une apparition en tant qu’assistant du père Noël qui opère un laboratoire à la Breaking Bad dans son atelier. Je suis pas mal sûre que Jésus finit par retontir à un moment donné. Tout le monde est là.
Je pourrais même argumenter que ce n’est pas vraiment un film de marde. Cardona avait clairement une vision subversive qu’on discerne entre le mauvais jeu des acteurs et les décors en papier mâché. On ne peut pas reprocher à ce film, contrairement à tous les autres de cette liste, de manquer d’imagination. Mais oui, c’est vraiment weird.