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Top 5 : ça sent le sport quand…

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Pour la thématique de mars, URBANIA se penche sur les odeurs.

Bon, normalement quand on se penche pour une odeur, c’est rarement positif. Pensons aux petits cacas de nos animaux chéris, par exemple, ou de nos enfants même. Ça ne se fait pas en regardant au ciel ces agréables tâches de nettoyage.

Les odeurs, à part quelques désagréments, ont aussi la force de nous replonger dans des situations, des souvenirs, des gens que l’on affectionne.

Le souvenir olfactif, ce n’est pas juste une belle formulation pour scorer avec une date Tinder. C’est quelque chose qui nous hante à l’occasion, qui nous frappe en plein nez comme un moment “déjà-vu” auquel on a rêvé lorsqu’il se produit dans la vraie vie.

Une odeur, quand elle effectue un retour, transporte avec elle son lot d’images. Dans le cas qui m’intéresse aujourd’hui, le sport peut aussi devenir une odeur.

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Il y a les odeurs de sports classiques, comme la sueur, le caoutchouc d’une rondelle un peu échaudé après un match, une roulette de tape à palette, la boue séchée sur des souliers à crampons. Mais il y a aussi les odeurs agencées qui, à l’occasion, nous font revivre des événements symbolisant le sport dans nos cœurs – et la nostalgie, toujours la nostalgie.

Voici donc cinq moments où ça sent le sport au plus profond de nous-mêmes :

1- Le chlore et le Irish Spring

Ça sent le sport quand, à la polyvalente, tu te dépêches pour te sécher après un cours d’éduc à la piscine parce que tu as du français à la troisième période.

Le mélange d’une piscine alimentée de chlore et d’un savon en barre Irish Spring dans le fond d’une boîte en plastique qui traîne à l’année dans ton casier. Une odeur de gêne et de honte quand tu regardes furtivement les autres gars sous la douche pour te comparer.

Tu es normale avec ton savon qui sent “l’homme”, uniforme, sans nuance.

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L’odeur de source irlandaise partout, même dans les cheveux, parce que pas le temps de sortir le shampoing. Ben de la mousse et de l’huile de bras chlorée. Combattre la gêne par besoin d’hygiène, devenir un homme les yeux rougis par le chlore.

Ça sent le sport quand ta peau asséchée par le savon bon marché est enfin soulagée de l’odeur insistante du chlore de la piscine. Ça sent le sport, la jeunesse, l’apprentissage et la nostalgie.

2- La friture et le Styromousse

Ça sent le sport quand tu prends finalement place à l’aréna avec une poutine brûlante dans un plat en styromousse. Inévitablement, la sauce déborde à l’extérieur du contenant et tes mains sentiront la sauce brune surchauffée pendant quelques heures. Le trop-plein de fromage en crotte sera mangé sans l’aide de la fourchette, jusqu’à ce que tu atteignes les premières frites en dessous de ce tapis morcelé de fromage bon marché.

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Dans mon La Tuque natal, on s’prenait une grosse Frites-O-Loups pour les matchs des Loups à l’aréna. Tout était dans le nom, une poutine fromage râpé pour les matchs des Loups = Frites-O-Loups. D’ailleurs, ma grand-mère appelait toujours la poutine comme ça, même au resto ou à la maison.

“Veux-tu une frite-o-loups mon ti-homme?”

Jamais je n’ai répondu non à cette question. Encore aujourd’hui, j’en serais incapable.

Ça sent le sport quand l’odeur de friture se mélange à celle de la sueur des partisans dans les estrades. Des parents qui s’époumonent pour encourager leur progéniture, d’autres jeunes envieux d’un jour atteindre ce niveau de jeu.

Ça sent le sport quand ça fait squick entre tes dents et que tu te brûles la cuisse parce que le maudit styromousse ça garde fuck-all la chaleur à l’intérieur de ton plat.

3- La grosse poche et le renfermé

Ça sent le sport quand tu descends dans la cave et qu’une whiff déplaisante te fait freiner sur la dernière marche. L’effet est similaire quand tu ouvres la porte du garage et que tu cherches le cadavre de raton qui pourrait pourrir près de la poubelle.

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Malgré les avancées technologiques, l’équipement aéré avec des tuyaux de balayeuse, le Febreeze et les trucs de grand-mère comme un bas plein de litière dans le fond de ton sac, une poche de hockey sentira toujours la mort. Précisément, elle sentira toujours la grosse poche, que tu le veuilles ou non.

T’as beau vouloir être propre, ça sent toujours le sport quand tu dézippes ta poche.

Si tu étends ton équipement un peu partout dans le garage, ou la cave, ou ta salle de lavage, ben ça va sentir le sport à plusieurs endroits au lieu d’un seul. Tu penses que l’odeur s’est dissipée en aérant les choses, mais dans le fond, elle ne fait qu’exister ailleurs.

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L’odeur de grosse poche se transforme en odeur de renfermé et perdurera dans le temps, l’espace et les époques.

Ça sent le sport quand malgré tout, tu souris entre deux hauts le cœur parce que tu as hâte de retourner à l’aréna.

4- Le gazon frais coupé et la crème solaire

Ça sent le sport quand le soleil de juillet te plombe sur les épaules et le gazon frais coupé envahit tes narines pendant que tu appliques de la crème solaire distraitement entre deux gorgées de Labatt 50.

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Jadis, c’était au Stade olympique, maintenant on visite le voisin Saputo pour se rassasier de l’odeur estivale. Le hic avec le p’tit nouveau du Parc olympique, c’est qu’il ne présente pas de baseball. Le soccer c’est bien, très bien même (allez l’Impact), mais ce n’est pas de la balle.

Quatre heures au soleil l’après-midi, une radio AM sur les genoux et un hot-dog pas trop loin.

Ça sent le sport quand l’odeur de la moutarde supplante celle de la crème solaire qui, de toute façon, est restée dans l’auto parce que c’est chiant à traîner pis que les coups de soleil, ben on peut vivre avec.

5- Le chien mouillé et le baloney

Ça sent le sport quand tu enlèves le sable de sur ta sandwich au baloney avant d’en prendre une bouchée à la plage.

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Ton chien pas trop loin, balle en bouche, la frénésie au bout de la queue et l’impatience apparente dans ses mouvements. Lui, ta sandwich, il s’en sacre pas mal. Toi, tu la dégustes comme un filet mignon, récompense d’un après-midi dans l’eau avec ton chien, tes amis, ta famille et des millions de moustiques voraces.

Une réalité qui échappe aux Montréalais, l’été les pieds dans le sable c’est le bonheur. Le wi-fi rentre un peu tout croche et, de toute façon, l’eau de lac n’est pas optimale pour un iPhone. Mais, le bonheur c’est aussi de décrocher du monde. La distance et le silence, ça sent un peu le chien mouillé.

Ça sent le sport quand tu peux t’amuser sans te soucier du jugement des autres.

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