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Tomber en amour avec le bois local comme le designer Louis-Philippe Pratte
Comment décris-tu ton travail à ta mère?
Ma mère comprend exactement mon travail. En fait, elle me conseille depuis que j’ai l’âge de réfléchir à mon avenir… À l’âge de 8 ans je voulais devenir designer automobile. Je passais mes soirées à dessiner des voitures, j’avais un petit studio avec une table à dessin dans ma chambre, il y avait des dessins plein les murs. Elle a découvert à travers mon parcours les différents aspects de ce métier, nous avons toujours beaucoup échangé sur le sujet. Elle a été ma confidente sur le plan professionnel depuis mes tout débuts et c’est encore pareil aujourd’hui. Je crois qu’elle m’a transmis cette ambition, cette volonté de se dépasser, de se construire, de créer des opportunités…
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Comment as-tu su que tu voulais devenir designer?
Comme je le mentionnais, je voulais dessiner des voitures. À 13 ans, j’ai gagné un concours de design Ford où il fallait imaginer la voiture de l’an 2042! En 2006, j’ai complété une maîtrise en design automobile en Allemagne tout en travaillant chez Mazda. Au grand étonnement de mon entourage, j’ai par la suite décidé de m’engager dans une nouvelle voie, inédite et inconnue. Avec le recul, je comprends mieux ce qui se cachait derrière cette décision : une envie d’aventure, de découverte et de créativité que je ne ressentais plus — ou plus assez — devant le reste de cette route large et droite que j’avais pourtant mis beaucoup d’efforts à tracer.
J’avais aussi beaucoup de réflexions et des doutes grandissants face à la pertinence environnementale de cette filière, je la trouvais de plus en plus problématique. Aujourd’hui, ce doute s’est transformé en certitude. Même si je serai toujours intéressé par la dimension créative de l’automobile, je sais reconnaître qu’il est hautement problématique pour l’avenir de l’humanité. Il s’agit plus ou moins d’une évidence : le modèle d’une voiture par personne sur la planète ne fonctionne pas. Je sais cependant qu’il s’agit d’un produit excessivement puissant sur le plan émotionnel, identitaire et fonctionnel et qu’incidemment il faudra être innovant pour proposer des alternatives qui seront meilleures sur ces plans.
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Le chemin que j’allais emprunter serait davantage tourné vers l’environnement et me permettrait d’explorer et exprimer plus clairement mes valeurs. J’ai choisi l’entrepreneuriat. Je crois par ailleurs que le métier de designer en est un qui se doit d’évoluer avec le temps. Nous sommes dans un domaine qui change vite et constamment. La réalité d’aujourd’hui n’est pas celle du temps de mes études. Je m’intéresse à l’intelligence artificielle depuis un peu plus de deux ans et je crois que le milieu du design devrait davantage s’y intéresser. En plus de mon entreprise, je découvre présentement le design UX-UI et j’apprends plein de nouvelles choses. En somme, c’est important pour moi de rester ouvert et curieux, afin de bien comprendre où va le monde.
Pour moi, cette curiosité est véritablement au coeur du métier de designer.
Quels projets, créés par toi et/ ou le bureau où tu travailles, pouvons-nous voir dans la ville?
Humm… je ne travaille pas à cette échelle. Avec Hh, je travaille davantage à une échelle individuelle et résidentielle. Je fais par contre parfois des projets commerciaux, comme le mobilier de la boutique des Éditions La Pastèque. En rendant visite à cette magnifique entreprise, vous pourrez aussi y voir en démonstration Le Grand Pupitre, un projet fait en collaboration avec cette maison d’édition, qui consiste à offrir des pupitres (au design exclusif) à des familles défavorisées de Montréal. Je crois que c’est le projet dont je suis le plus fier chez Hh, car le plus utile. Je travaille aussi sur le projet de Beside Cabins, une magnifique initiative qui aura lieu dans la région de Lanaudière. Il y a aussi le Lab École, je travaille présentement avec une équipe finaliste sur la dimension mobilier de leur projet.
Un bonheur simple que tu vis au quotidien?
Cuisiner. J’ai découvert Samin Nosrat dernièrement et j’avoue qu’elle a ouvert une grande quantité de portes dans mon cerveau créatif, je l’adore. En plus de ses idées géniales sur la cuisine, elle nous rappelle qu’une table c’est avant tout un lieu de rencontres et d’échanges.
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J’aime Montréal parce que…?
Parce que j’y sens beaucoup de tolérance, d’ouverture, de paix… ça me touche, souvent. À mes yeux c’est ce que nous avons de plus précieux et il nous faut absolument cultiver et protéger cette approche inclusive — bien qu’elle soit imparfaite — cette diversité qui nous ressemble, qui nous rassemble, nous unis et nous fait grandir. Nous devons poursuivre sur ce chemin, tout simplement car c’est en s’ouvrant à l’autre que l’on devient la meilleure version de nous-mêmes. Le jugement et la peur nous feront toujours reculer. C’est aussi vrai à l’échelle individuelle que collective.
Une phrase, une personne ou un fait qui t’a marqué personnellement ou artistiquement? Pourquoi?
Dernièrement, je dirais Eckhart Tolle. Ça peut sembler intense de dire ça, mais je pense que cet homme est en train de changer ma vie… Ses écrits sont d’une précision et d’une pertinence infinie je trouve. On y découvre l’essence de l’expérience humaine, cette mécanique mentale qui nous est propre — nous êtres humains, il nous donne des outils pour vivre mieux, pour se libérer du « bruit », de la souffrance, pour trouver le beau en nous, dans les autres et dans ce monde qui nous entoure. Des outils pour vivre dans une paix « verticale ». J’ai l’impression de découvrir un tout nouveau territoire et ce sentiment est fort agréable.
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