Logo

Tomber dans le rack à pastilles

Une crise de panique de Jonathan Roberge lui a révélé un mal existentiel encore plus profond.

Par
Jonathan Roberge
Publicité

Début décembre, y’a quelques années, je m’en allais faire un show d’humour au St-Ciboire sur St-Denis. J’étais dans ma voiture, à la hauteur d’Hochelaga quand, soudainement, je me suis senti tout croche. Ma tête tournait, j’étais confus, j’avais chaud et j’avais l’impression que ma gorge se serrait.

Je me suis donc arrêté dans un dép. Mon premier réflexe fut de croire que je digérais mal et que j’avais besoin d’un Perrier. Au moment même où je payais le monsieur, une énorme vague de chaleur a parcouru mon corps. Mon cerveau a éjaculé de l’adrénaline partout dans ma boîte crânienne. J’étais engourdi de la tête aux pieds ! Mon cœur allait à un rythme fou comme s’il battait la mesure d’une toune techno dans un rave allemand.

Je me suis laissé choir comme une grosse sirène non élégante dans le rack à pastilles et j’ai dit au monsieur :

« Appelle une ambulance dude! Je pense que je fais une crise cardiaque! »

Publicité

J’étais persuadé à ce moment-là que j’avais peut-être une malformation cardiaque et que c’était là que je crevais entre un paquet de Fisherman’s Friend et des Halls Centre.

Une ride en ambulance plus tard, j’étais rendu à l’hôpital. Des ami(e)s à moi étaient venus me rejoindre en roulant à 300 km/h. Quelques minutes après, le médecin est venu m’annoncer que je venais de faire une attaque de panique.

On m’a remis une brochure avec de l’information et je suis reparti chez nous.

Le premier jour du reste de ma vie

À partir de ce moment-là, je me suis senti vraiment bizarre. Le matin quand je me réveillais, j’avais comme une fébrilité dans la poitrine. J’étais constamment étourdi. Peu importe ce que je faisais, c’était ultra stressant. J’avais même le feeling d’être déconnecté de la réalité. Comme si c’était un rêve.

J’avais l’impression que je virais fou, mais j’osais pas en parler à personne… Je ne voulais pas être l’anecdote de quelqu’un :

Publicité

« Man ! As-tu entendu parler de Roberge? Y’est rendu fou ! »

« Ouin ! Paraît qu’il se parle tout seul pis que son nouveau passe-temps, c’est d’empailler des mouffettes! »

Des fois quand j’étais seul, je pleurais et je ne savais même pas pourquoi…

Moi, Jonathan Roberge, un gars comique, toujours prêt à faire rire du monde, je braillais en cachette. WHAT THE FUCK !????

Mon cerveau était déstabilisé chimiquement! Comme un virus que tu ne vois pas arriver durant l’hiver et qui te cloue au lit pendant 3 jours… Sauf que là, eh bien, c’était ma tête.

Vous n’êtes pas seul

Ça fait 5 ans pile aujourd’hui et vu le gris qui règne dehors, l’hiver qui se termine plus et les gens qui ne se sentent pas bien ces temps-ci, pourquoi ne pas leur donner un peu d’encouragement en leur disant qu’ils ne sont pas seuls ?

Publicité

Du jour au lendemain, j’étais enfermé chez nous, j’avais peur de sortir comme si j’étais un petit Polonais caché dans le sous-sol de la maison d’Hitler. Je ne bougeais plus par peur… de mourir !

Je refusais l’aide, car j’associais la maladie mentale au monsieur étrange qui ramassait des botchs de cigarettes autour de mon école secondaire en disant qu’il était le messie. Je n’étais pas ce monsieur, franchement !!!

Du jour au lendemain, c’était l’équivalent d’avoir été drogué à mon insu. Mon cerveau avait fait un shutdown et une mise à jour s’effectuait entre mes deux oreilles.

J’étais dans un manège dans lequel je n’avais jamais choisi d’embarquer.

Prisonnier de ma tête et claustrophobe de mon corps.

Publicité

Mes ami(e)s et mon ex m’ont obligé à arrêter de travailler, à aller voir un médecin, une psychologue. Je me suis acheté des livres sur le sujet et je devais me rendre à l’évidence, mes crises d’angoisse et les attaques de panique à répétition avaient eu raison de moi… J’étais en dépression, solide.

Chaque jour, mes amis venaient chez moi pour ne pas me laisser seul. Ils se passaient le flambeau. Mon petit frère qui travaillait comme barista à l’époque a pris ses économies et a demandé à quelques-uns de mes amis de se cotiser pour m’acheter un Playstation 3 et quelques jeux en cadeau. Ils venaient tous jouer à FIFA chez nous pour me changer les idées.

Après 3 mois à ne pas travailler et à vider mes économies de pigiste, je n’avais plus une cenne; mon meilleur ami Simon et sa conjointe Émilie m’ont payé le loyer en refusant que je les rembourse. Mon ex s’occupait de tout dans notre train-train quotidien…

JAMAIS ils ne réaliseront combien ils m’ont sauvé la vie. Merci !

Publicité

Oui, je m’aidais, et c’était la base. J’ai tout fait pour m’aider : psychologue, docteur, sport, méditation, sommeil, alimentation, hypnose, médicaments, thérapie, luminothérapie… mais le plus important, c’était mon entourage : ami(e)s et famille !

Épilogue

Tu ne peux pas demander à quelqu’un qui a une bronchite d’arrêter de tousser. Tu ne peux pas demander à quelqu’un d’arrêter une dépression. Ce n’est pas une déprime, c’est le cerveau qui bug !

Ce texte se veut un témoignage pour sensibiliser les gens qui trouvent que leurs ami(e)s qui sont en dépression sont lourds… Dites-vous que c’est la salle des contrôles qui est chiée… Ils ont besoin de vous et d’aide pour changer des pièces de la salle des contrôles, pour les soutenir et pour leur dire que tout finit par s’arranger et qu’il y a de la lumière au bout du tunnel.

Après quelques mois, tout s’est replacé. Si en ce moment même, tu lis ça et que tu te reconnais dans : « Je me sens déconnecté de la réalité et j’ai l’impression de virer fou ! », je te jure que tout peut aller mieux. Informe-toi sur ce que tu peux faire pour guérir ton cerveau et n’aie pas honte.

Publicité

Si vous avez un(e) ami(e) qui ne feel pas, soyez présent, écoutez-le et ne le blâmez pas… car vous ne blâmeriez pas quelqu’un qui a une bronchite !

Le printemps s’en vient ! La lumière va t’aider, mon chum ! Bonne chance !

Lecture pour t’aider : La peur d’avoir peur et ce site web.