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Ces militants étudiants, ils viendront à bout de ce qu’il reste de mes nerfs élimés par la fin de session. Complainte d’une grosse-méchante-étudiante qui ne veut pas aller en grève…
Le torchon brûle entre le gouvernement Charest et le mouvement étudiant, alors que Line Beauchamp brandit narquoisement sa politique de hausse des frais de scolarité, plus chiffrée et imminente que jamais.
C’est vrai que ça serait un peu poche de devoir augmenter les frais de scolarité. Ils étaient d’ailleurs 20 000 pour le souligner le 10 novembre dernier, sous la bannière éloquente : « WTF, LA HAUSSE? ». À en croire l’ASSÉ, l’AFESPED, l’AFESH, la FEUQ, l’AF-OMFGWTF ou je ne sais quelle autre encore, si la hausse est adoptée, le prétexte serait suffisant pour déclencher la fin du monde prévue en 2012.
À moins, mes braves, que nous nous regroupions sous le carré rouge de la raison et qu’ensembles nous érigions l’avenir de la cause étudiante en un glorieux édifice! Qui m’aime me suive et que les autres croulent sous le fardeau financier au péril de leur âme et que… Eille, chose, prend ton gaz égal, veux-tu?
Non, je ne milite pas contre la hausse des frais de scolarité. La frénésie vindicative et agressive des mouvements étudiants, je n’arrive pas à y adhérer. Je ne suis d’ailleurs pas particulièrement contre la hausse, mais là n’est pas la question. J’aurais d’abord besoin qu’on m’explique les rouages des associations étudiantes qui, soi-disant, « me représentent » avant de me positionner. Avant de se battre tout croche, on peut-tu jaser, mettons?
Au risque de me faire lyncher : je suis ben à boutte du manichéisme empreint de mépris dont font preuve les étudiants militants. Attention : je ne prends pas position pour ou contre la hausse. Je pense que la question doit encore être évaluée. Par contre, il y a un point sur lequel j’ai établi une position ferme: l’attitude des militants étudiants, ça y va pas pentoute!
À mon sens, il y a une marge entre le fait d’être contre la hausse et celui d’être pour la grève. Et malheureusement, dans cet interstice se perdent les voix de nombreux étudiants qui, comme moi, se questionnent encore sur la pertinence des méthodes de protestation employées.
Dans l’état actuel des choses, honnêtement, finir l’école en juin ou faire une croix sur ma session à cause d’un noyau de pas-contents qui vont avoir réussi à convaincre juste assez de gens de voter la grève dans leur assemblée générale occulte, ça me ferait tout simplement suer. Ce n’est pas parce que je suis une égoïste finie, parce que j’ai un iPhone, que j’étudie en communications ou que je veux partir en voyage en mai. Ça m’insulte tout simplement qu’il n’y ait personne d’engagé pertinemment dans le mouvement qui ait proposé qu’on discute tous ensemble en-dehors des foutues A.G., afin de s’assurer que tout le monde ait compris l’enjeu dont il est question.
Malheureusement, dans les associations facultaires, le mot d’ordre ressemble davantage à: « tu te bats avec nous, ou t’écrases. » Et à ce chapitre, je vous jure, j’en ai des coliques de frustration à force d’essuyer du mépris de la part de ceux qui n’admettent pas l’ambivalence. Je crois fermement que je ne suis pas la seule à éprouver ce sentiment.
Avant-hier, en bonne étudiante soucieuse de pallier à son ignorance, j’ai passé une bonne heure dans les locaux de l’Association fédérative des étudiants en Sciences humaines (AFESH) et de l’Association fédérative des étudiants en sciences politiques et droit (AFESPED), à l’UQAM, histoire qu’on m’explique où en était rendu le projet de grève; qu’on me tienne au fait, quoi.
J’ai eu la nette impression de déranger. Grosso modo, entre quelques soupirs indolents, on m’a exposé que « ce sont des mécanismes plein de subtilité; c’est compliqué», l’air mi-irrité par mes interrogations.
VOYONS, TOÉ? Es-tu en train de me dire que la prochaine mi-année de ma vie ainsi que l’issue de mon parcours universitaire vont être déterminés par des « rouages subtils qu’il serait trop compliqué de t’exposer »? J’espère vraiment que tu me niaises!
Et non, on n’interrompra pas la prochaine Assemblée Générale pour m’expliquer, ni à moi ni à personne.
Je pressens qu’après ce texte, on me traitera d’égocentrique apathique pro-hausse de la pire espèce. Pourtant, je suis tout simplement pro-dialogue et, surtout, radicalement opposée à l’ « élitisation » d’une cause qui devrait obéir à des instances démocratiques des plus rigoureuses, quitte à ce que le mouvement se tempère. Il ne faudrait pas oublier que l’indécision est elle aussi une variable à considérer dans l’exercice d’une réelle démocratie.
Évitez de gârrocher toute roche directement dans votre écran d’ordinateur. Vous regretteriez.