Toi, Nelson Mandela et Facebook

Je sais. Personne n’est, consciemment, content de sa mort. Mandela était un grand homme, qui a fait avancer les droits humains comme peu d’autres ont pu le faire.

Être triste du décès de Nelson Mandela, ça veut dire qu’on est une bonne personne. Qu’on est, nous aussi, pour l’égalité des sexes, des peuples, des individus. Alors on veut que tout le monde le sache. Pis on l’écrit sur Facebook.

C’est vrai, ça. Mais il y a 20 ans, aurais-tu pris le temps d’aller graver cette phrase-là sur l’arbre devant chez toi? Aurais-tu pris une canette de peinture pour faire un graff’ en dessous d’un pont pour honorer Nelson Mandela?

Non.

Avoue-le donc qu’une heure avant son décès, tu ne pensais pas à lui. Pas que tu t’en foutais, mais tu t’en foutais. Comme tu te fous complètement, 99.9% du temps, de tous ces individus plus grands que nature qui ont travaillé pour changer le monde.

C’est normal. Tu ne peux pas passer toutes tes journées à honorer ces gens-là. Tu as une vie à vivre. Comme moi, comme ton voisin, comme ton meilleur ami.

Voilà. Tu es une bonne personne, tu pleures la disparition d’une autre bonne personne.

La vérité, là-dedans, c’est que tu rentres dans le cercle vicieux de l’auto-congratulation des médias sociaux. Il y a une semaine, tu ne pensais pas à Mandela. Tu n’y pensais même plus.

Pis oui, c’est triste. Sauf qu’inconsciemment, tu utilises son décès pour te mettre en scène sur Facebook. Tu utilises sa disparition pour te vanter un peu, pour montrer que tu es une personne qui a de bonnes valeurs.