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Thiéry Adam : concepteur de jeux vidéos engagé

Par
Judith Lussier
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Alors que des scandales comme le «gamergate» rĂ©vĂšlent la partie sombre de l’industrie du jeu vidĂ©o, des concepteurs engagĂ©s mettent au point des jeux qui ont pour ambition de changer le monde.

Quelle est l’idĂ©e de faire des jeux engagĂ©s?

Quand j’ai quittĂ© l’entreprise de jeux vidĂ©o pour laquelle je travaillais, je voulais produire des jeux qui auraient un impact social. Le thĂšme que j’ai choisi, c’est le potentiel humain : les prĂ©judices que vivent une personne peuvent avoir un impact sur son potentiel, au travail par exemple. Ça peut prendre plusieurs formes. Celle qu’on a choisi d’aborder en premier, c’est le sexisme, qui affecte le plus de personnes. Toutes les femmes et tous les hommes dans tous les domaines font face Ă  une limitation en raison de ce qu’on attend d’eux en fonction de leur sexe.

Votre premier jeu, Words are power, est un jeu féministe. Comment?

Nous sommes en 1946. Le personnage principal est une journaliste qui doit rĂ©vĂ©ler un scandale de corruption dans le monde de la politique. Lorsqu’elle rassemble les Ă©lĂ©ments de preuve, on lui propose de publier sous un pseudonyme masculin, pour avoir plus de crĂ©dibilitĂ©, ou de publier sous son vrai nom pour faire changer les choses. Ça place le joueur devant un dilemme fĂ©ministe, mais on veut l’emmener Ă  tirer ses propres conclusions.

Est-ce qu’il s’agit de situations rĂ©alistes?

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Oui. Le fait que l’action se dĂ©roule en 1946 nous permet d’exagĂ©rer des faits, mais tout le scĂ©nario est basĂ© sur de la recherche acadĂ©mique qui dĂ©montre des faits comme celui qu’encore aujourd’hui, la crĂ©dibilitĂ© d’une femme sera jugĂ©e diffĂ©remment en raison de son sexe.

Craignez-vous que les gens pensent que votre jeu sera plate parce qu’il est fĂ©ministe?

Durant la campagne de financement Kickstarter que nous avons lancĂ©e lundi, nous avons mis cet aspect de l’avant pour que des gens qui trouvent que la cause est importante nous appuient. Mais dans les faits, il s’agit d’un jeu d’investigation comme bien d’autres. Je compare ça Ă  la sĂ©rie Mad Men : ça n’a pas Ă©tĂ© vendu au public comme une sĂ©rie fĂ©ministe, mais en cours de route, on voit bien les inĂ©galitĂ©s entre les hommes et les femmes.

On a beaucoup dit rĂ©cemment que le milieu du jeu vidĂ©o Ă©tait sexiste. Est-ce que c’est ce que vous observez?

Oui, mais c’est en train de changer. Les mĂ©dias rĂ©duisent beaucoup l’industrie du jeu vidĂ©o Ă  celle des consoles, qui s’adressent Ă  un public spĂ©cifique, mais ce segment est en train de rapetisser au profit des jeux casual, comme Candy Crush par exemple, qui sont plus grand public. Les patterns sexistes du jeu vidĂ©o existent, ça valait la peine de les exposer, mais ça va changer. Le sexisme existe partout. C’est pour ça qu’on a créé Words are power.

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Pour participer au financement de Words are power: http://studiotadam.com

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