.jpg)
Mardi matin, la Loi 115 a été adoptée, sous bâillon (méthode très à la mode chez les Libéraux depuis quelques temps). Non seulement cette loi représente-t-elle une menace pour le fait français au Québec, mais qui plus est, la façon dont elle a été adoptée n’est rien d’autre qu’un pied de nez à la démocratie.
Comme le faisait remarquer mon collègue Pascal Henrard en début de semaine sur sa page Facebook, on entend cependant très peu la population se prononcer au sujet de cette fameuse loi. Comme si le bâillon avait également été appliqué au « petit peuple », ainsi que l’a qualifié Madame Marois. À ce propos, je demeure convaincue que la chef du Parti Québécois était de bonne foi lorsqu’elle a lancé cette phrase maladroite et je ne désire pas lancer le débat là-dessus, parce que la vraie question est ailleurs. Et la vraie question, on dirait qu’on ne se sent pas concernés par elle.
Où sont les détracteurs de la Loi 115 ? Où sont les protecteurs de la langue de Molière, les francophones fiers de leur culture, les chialeurs professionnels, les révoltés de métier, les patriotes frustrés (j’emploie ces appellations en toute amitié, parce que je trouve qu’on a besoin d’eux, justement !) ? Si seulement Falardeau était encore en vie, maudit (lui aurait plutôt dit tabarnak, mais bon, je n’ose pas)… Me semble qu’on aurait besoin de lui en ce moment. Pourquoi ça ne bouge pas plus que ça, pourquoi les rues sont vides, pourquoi les bouches sont silencieuses ? Tout ce que nous entendons pour le moment, ce n’est que the sound of silence (il faut que je commence à pratiquer mon anglais, si je veux pouvoir me faire comprendre par mes concitoyens dans les années à venir).
Madame Marois aura beau crier aussi fort qu’elle le voudra à l’ Assemblée nationale, sa seule voix ne suffira pas à faire renverser la vapeur. Il faut que nous réagissions collectivement pour signifier à notre cher Premier Ministre que nous ne sommes pas d’accord avec la décision que son parti vient de prendre quant à notre avenir linguistique. Et il ne s’agit pas ici d’une question d’allégeance politique : que l’on soit libéral, péquiste, adéquiste, québecsolidariste, anarchiste ou communiste, la situation de la langue française et sa protection nous concernent tous. L’égalité est également l’affaire de chacun. J’affirme cela puisque ce projet m’apparaît tout à fait inégalitaire, en ce sens qu’il autorise les gens à envoyer leurs enfants dans des écoles anglaises non subventionnées pendant une période de trois ans, au terme de laquelle ils pourront réintégrer leurs bambins dans le système public. Bref, les membres de la classe aisée pourront profiter de cette offre alléchante, mais les parents qui n’ont pas des milliers de dollars à déverser pour envoyer leurs marmots dans un établissement qui ne bénéficie pas des subventions de l’État, eh bien tant pis pour eux.
J’inviterais les lecteurs de ce blogue à commenter l’adoption de la Loi 115, à nous dire ce qu’ils en pensent et pourquoi. Peut-être que je me plante, peut-être que j’ai tort de penser que la défense de notre langue doit constituer une priorité nationale, peut-être que la plupart des gens s’en foutent éperdument. Mais si tel est le cas, j’aimerais être mise au courant. Le sachant, je m’arrangerai peut-être pour aller vivre ailleurs, là où les gens ont un peu plus de respect pour eux-mêmes.