The Rock rend-il tout ce à quoi il touche automatiquement meilleur?

La XFL (Xtreme Football League) a toujours été une idée niaiseuse.

Le projet du magnat de la lutte professionnelle Vince McMahon se voulait à l’origine une alternative à la NFL avec moins de règles, plus de poitrines et des chicanes scriptées entre les joueurs. Malgré un calendrier stratégiquement planifié APRÈS la saison de son compétiteur, la XFL a fait faillite après une saison pour une raison très simple: toute la violence et la coquinerie au monde n’excusent pas le fait que le produit ne valait pas de la merde. C’était juste pas du bon football.

Tel un phénix, la XFL est née de nouveau de ses cendres froides (on a vérifié, le verbe « renaître» n’a pas de temps composé) à la surprise générale, cette année. COVID-19 et produit de deuxième ordre oblige, elle a refait banqueroute quelques semaines après le début de sa deuxième saison. Elle semblait morte et enterrée, jusqu’au jour où….

Ouep. Ce dimanche, l’athlète le plus électrisant de l’industrie du spectacle, son ex-femme Dany Garcia et un groupe d’investisseurs se sont portés acquéreurs de la XFL pour la somme de 15 millions US. C’est très peu payé si l’on considère que le prix moyen d’une seule équipe NFL est de 2,86 MILLARDS de dollars. Pourquoi The Rock a-t-il dépensé de l’argent pour quelque chose qui ne vaut pratiquement rien? Je le sais pas, mais je trouve ça sympathique.

Parce qu’on s’entend: Dwayne «The Rock» Johnson n’a pas le temps de gérer une ligue de sport professionnel. Il est beaucoup trop occupé à faire des matchs de lutte, à jouer dans des films de qualité discutable et à passer beaucoup trop de temps au gym. C’est aussi un ancien joueur des Stampeders de Calgary et un homme d’affaires aguerri, il y a donc des chances qu’il se soucie un peu plus du produit que son ancien patron. Avec l’arrivée du Rock, la XFL est automatiquement en meilleure position.

Cette nouvelle m’a rappelé un exercice auquel s’était livré le critique américain Shea Serrano dans son excellent livre Movies (and Other Things): si on remplace n’importe quel personnage de votre film par The Rock, devient-il automatiquement meilleur? Extrapolons l’idée de Serrano aux grandes institutions de ce monde, question de voir si la solution à tous nos problèmes ne serait pas le champion du peuple. Parce si quelqu’un peut régler 2020, c’est lui!

Question piège! Bien que je n’aie pas de doutes qu’un légendaire compétiteur de la trempe de Dwayne Johnson puisse redonner le feu sacré à nos Glorieux et mettre un people’s elbow à Jonathan Drouin si besoin est, sa passion pour son corps et simplement trop grande pour assumer les fonctions de président du CH. Elle est aussi beaucoup trop compatible avec celle de Marc Bergevin. Si nos deux dirigeants sont toujours ensemble à lever de la fonte, qui va gérer le club?

La seule façon que The Rock fasse une bonne job à la tête des Canadiens, ce serait si on congédiait son directeur-général d’entrée de jeu, mais sans hommes de hockey ou pushers de barres de protéines à ses côtés, il ne serait pas plus avancé. Tout le charisme du monde (possédé par une seule personne) ne pourrait pas sauver nos Glorieux.

On s’entend: le Dr. Arruda a fait un sacré boulot depuis le début de la pandémie…. maaaaais il est devenu une cible trop facile pour les conspirationnistes. Ce dont la Santé Publique a besoin, c’est d’une présence intimidante prête à rivaliser coup pour coup avec l’idiotie humaine. Si les faits, la science et la bonne volonté ont perdu la cote sur les réseaux sociaux, cet argument demeure à jamais immortel.

Sans rancune, Dr. Arruda. Vous avez été fantastique, mais l’heure est venue d’utiliser la manière forte.

Le mot d’ordre ici est transparence: est-ce que The Rock est moins magouilleur que Mark Zuckerberg? Ben… je le sais pas. S’il l’est autant (ou plus!) je crois qu’on peut affirmer que le Brahma Bull est BIEN MEILLEUR magouilleur que Zuck, parce que sa réputation est infiniment meilleure. Il est aussi beaucoup plus susceptible de répondre: it doesn’t MATTER what the problem is… just fix it lorsque confronté à un problème d’algorithme.

Même chose pour vos données personnelles. Si vous voyez la face de Dwayne Johnson apparaître sur des panneaux publicitaires à Moscou et à Shanghai, vous tirerez vos propres conclusions à savoir qui est en train d’espionner votre historique de magasinage pour vous envoyer de la pub intempestive. C’est une proposition gagnante. Vous ne pouvez pas y perdre.

Une autre question piège: pas la présidence américaine, mais la chefferie du parti républicain. En d’autres mots: serait-ce possible de leur donner un visage plus humain et trouver des compromis avec l’opposition, question d’abaisser les tensions raciales, politiques, économiques et sanitaires dans lesquelles Donald Trump a plongé les États-Unis et, par procuration, la planète entière?

Disons que la barre est pas mal basse, mais je n’ai aucun doute qu’une figure ultra-masculine comme The Rock saurait séduire la base conservatrice pure et dure des républicains. Bien qu’il ait des racines Hawaiiennes et Samoanes, The Rock est né en Californie et si y’ a un fin finaud qui a un problème avec ça, vous irez le voir à la maison blanche pour régler vos problèmes entre hommes. Ça va finir avec une chaise de métal pis des larmes. Si vous voulez vraiment vendre vos idéaux aux démocrates et créer un monde plus à votre image (au lieu de juste foutre la merde), il vous faut l’homme le plus électrisant de l’industrie du spectacle.

Montréal a besoin de Dwayne Johnson à la mairie, mais Dwayne Johnson n’a pas besoin de Montréal, de ses cônes et de son environnement accidenté. Ce serait impossible pour lui de régner de sa poigne de fer sans une surface sécuritaire sur laquelle tapper sur les hommes d’affaires corrompus et les chauffeurs du dimanche. Nos rues sont une grave entorse à la cheville et on ne veut pas d’un maire lutteur en béquilles. Ça mine la crédibilité du projet.

Le style de gestion de Valérie Plante est beaucoup moins violent, mais plus efficace. Votre poste est sauf, madame la mairesse! Continuez votre bon travail (mais ce serait l’fun moins de travaux quand même)!