Logo

The Punisher : un personnage revu et amélioré

Bref, la série est à la hauteur de sa bande-annonce.

Par
Benoît Lelièvre
Publicité

J’en ai un peu marre de Marvel et de sa colonisation systématique de la culture populaire. Depuis le lancement officiel du Marvel Cinematic Universe en 2007, on a eu droit à dix-sept films, huit séries télé et la compagnie compte onze projets encore en production. C’est sans compter les films de superhéros qui sont venus avant, comme les premières adaptations de Spider-Man. C’est encore pire sur Netflix, qui nous offre des séries à propos de personnages mineures, écrites sur des coins de napkins qui exploitent l’actualité afin de nous revendre nos propres valeurs. Mon écoeurantite de Marvel n’a d’égal que le nombre exponentiel de produits qu’ils lancent, année après année.

Mais…

https://www.youtube.com/watch?v=lIY6zFL95hE

La meilleure bande-annonce au monde est venue me rappeler quelques trucs à propos de la vie:

Les autres adaptation du Punisher au cinéma n’existent désormais plus.
Je n’aurais aurais aucun problème à regarder l’excellent Jon Bernthal zigouiller du monde pendant douze heures.

Publicité
  • One, de Metallica, c’est encore meilleur quand on oublie que c’est à propos d’un gars qui a pu d’bras, pu d’jambes et pu d’face.

Mes attentes étaient hautes, mais j’avais un maudit bon feeling. Et c’était vraiment beaucoup meilleur que ce à quoi je m’attendais et j’ai très hâte de vous en parler.

Faire évoluer le personnage

La raison pour laquelle le monde aime Frank Castle – alias le Punisher – est simple. C’est quelqu’un qui, légalement et moralement, a le droit de tuer et on vit tous un peu au travers de ses excès. Pour faire une histoire courte, Castle n’est pas un superhéros. Du moins, pas dans le sens qu’on connaît (couleurs vives, super pouvoirs, se battre pour la survie de l’univers, etc.). C’est un ancien soldat d’élite qui a vu sa femmes et ses deux enfants mourir devant ses yeux après avoir été témoins d’une exécution commise par le crime organisé. Sans autre raison de vivre que la vengeance, Frank Castle devient une machine à tuer dédiée à éliminer toute forme de criminalité venant à croiser son chemin. Il a le « moralement » le droit de tuer parce qu’il protège les innocents de la violence de la mafia et il a « légalement » le droit de tuer parce que… parce que… qu’est-ce que tu peux ben lui faire? Le tuer? Ça le réunirait avec sa famille. L’emprisonner? C’est une bonne idée si on souhaite faire le ménage dans la population carcérale. Fait que… Frank Castle protèges les rues, personne ne peut rien y faire et c’est pour ça qu’on l’aime.

Publicité

Mais c’est pas vraiment ce Frank Castle là que Jon Bernthal incarne.

Un peu, mais Bernthal et l’écrivain derrière la série Steve Lightfoot (qui a notamment travaillé sur la série Hannibal) nous offrent une version beaucoup plus nuancée du personnage, toujours aveuglé par rage, mais soumis à des circonstances où ses élans de violence continuent à lui coûter cher. L’histoire début six mois après les événements pour lesquels on connaît tous Frank Castle. Tous les membres du crime organisé jugés responsable de la mort de sa femme et ses enfants sont six pieds sous terre et Castle passe ses journées à donner des coups de masse dans un mur sur un chantier de construction. Sa vengeance a été accomplie (du moins, on pense) et tout ce qui lui reste au monde, c’est sa rage et son désespoir. Jusqu’à ce que quelqu’un lui fasse parvenir un DVD d’une opération clandestine dont il a fait partie, où un policier Afghan a été torturé et assassiné par Castle et une poignée d’autre militaires. C’est là qu’une émotion jusqu’ici étrangère au Punisher vient le forcer à se mêler encore une fois au monde des vivants : la culpabilité.

Publicité

Faire évoluer les enjeux

Une autre chose ultra-intéressante à propos du Punisher de Bernthal et Lightfoot, l’intrigue ne l’oppose pas au crime organisé, mais à son ancien employeur : le gouvernement Américain. Plus important encore, Frank Castle veut faire la lumière sur des événements dont il est en partie coupable. Pourquoi est-ce que Ahmad Zubaïr est décédé? Quel était le vrai mandat de l’opération Cerbère, dont il faisait partie? Castle se retrouve donc seul avec un hacker, à mener une guérilla contre la plus grande puissance au monde. Ça vous rappelle quelques chose? Frank Castle doit devenir (techniquement) un terroriste afin de faire la lumière sur l’affaire Zubaïr. Il se bat contre le gouvernement à des fins personnelles et non politique, mais son plan stratégique miroite celui d’un terroriste: il vit caché, planifie des attaques surprises sur des personnes hautes-placées, porte un masque lorsqu’il entre en action (même s’il a tendance à souvent l’enlever sans raison dans la série) et le plus important, il utilise la violence pour négocier. Enfin, ce n’était pas nouveau, mais les circonstance dans lesquelles il l’utilise le sont. Y’a une différence entre passer sur un bandit avec ton char et cribler un haut placé militaire de balles.

Publicité

Cette intrigue est franchement une belle surprise venant du personnage autrefois le plus prévisible de tout le catalogue Marvel. Bernthal et Lightfoot ne réinventent pas la roue, mais ils font évoluer Frank Castle. Ils ont trouvé un juste milieu entre l’héritage ultraviolent de la bande-dessinée et le réalisme tragique des soldats souffrant du syndrome de stress post-traumatique. The Punisher ne nous offre plus la certitude vengeresse de Frank Castle, mais plutôt les démons qui l’habite. Ça se reflète dans l’angle avec lequel Steve Lightfoot aborde les scènes violentes. Le sang coule, les corps tombent, mais tout le monde y laisse un peu d’eux-mêmes. Je vous invite d’ailleurs à porter attention à la scène de flashback de Kandahar dans l’épisode trois, d’une violence inouïe qui dévore Castle au fur et à mesure qu’elle progresse. Il débute en pleine santé, avec toutes ses armes et finit comme ça:

Publicité

The Punisher est une série qui vit à la hauteur de la violence et de l’intensité de son légendaire protagoniste, mais qui apporte les nuances nécessaires afin d’en faire un personnage magnétique pour les auditoires du XXIe siècle. C’est du gros calibre et je dis ça en tant que hater avoué de tout ce qui sort des studios Marvel, d’habitude. Dédiez-y votre fin de semaine s’il faut, mais c’est une série à ne pas manquer.