Les lignes de synthés enthousiastes et les riffs dégourdis de guitares et de basse sur You’re a Doll, dernière chanson des Pale Lips, rappellent à quel point le groupe tout feu tout femmes de Montréal arrive à créer des bombes instantanées. Un peu comme si les 4 musiciennes du groupe avaient fait de la musique depuis toujours.
After Dark, prévu pour le 31 janvier, n’est pourtant qu’un deuxième effort long jeu pour la formation, 2 ans seulement après un Wanna be Bad faisant écho au punk des Ramones et au rockabilly des années 60. Entre les deux, Pale Lips s’est fait toute une réputation. Avant leur lancement et une tournée européenne (!) j’ai eu la chance de parler avec la chanteuse Jackie Blenkarn pour en savoir plus sur les secrets derrière une musique aussi succulente et nutritive. Inspiré par le nouveau guide alimentaire canadien, j’ai essayé de savoir de quoi s’étaient nourries les quatre amies : 5 ingrédients sont ressortis du lot.
1. Une pincée de badass qui affichent leurs couleurs.
Âgée d’à peine sept ans, Jackie trouve chez son disquaire local la pochette riche en vitamine C de l’album Tragic Kingdom de No Doubt. « Ma première icône féminine était Gwen Stephanie ». L’album est acheté un peu à l’aveuglette, tout comme Crazy Sexy Cool de TLC. « Je ne comprenais pas exactement les paroles, mais d’entendre des femmes rapper m’a fait comprendre à quel point tous les espaces nous étaient permis ». Pour la batteuse Lynn Poulin, le pop art enrobant les B-52’s et la flamboyance de Cindy Lauper et Madonna ont un même effet sur son enfance et mettent la table pour sa carrière parallèle de photographe et designer graphique.
2. Une tasse de badass rétros qui ont influencé le punk
À l’adolescence, Jackie baigne dans le punk revival à la Propagandhi, Millencolin et Saves the Day mais prend une tournure old school quand, à travers les Ramones, elle découvre la voix tonitruante de Ronnie Spector et ses Ronnettes. « J’ai tout de suite aimé sa voix et son style. Les chansons des Ronnettes étaient parfaites. Déjà à l’époque, j’étais consciente des abus qu’elle subissait dans sa relation avec Phil Spector. Elle a réussi à en sortir forte. » Les Shangri-Las, Les Shirelles sont autant de groupes féminins qui tapissent peu à peu l’imaginaire de la chanteuse. « J’ai grandi en allant voir des shows de boys punk et ça ne m’a jamais traversé l’esprit que je pouvais moi aussi faire partie d’un tel groupe. Ça fait du bien de savoir que des jeunes femmes peuvent s’inspirer de groupes comme le nôtre. »
3. Saupoudrer de badass du country qui n’ont pas peur de se battre
« You better close your face and stay outta my way if you don’t wanna go to fist city »* chante sans détour Loretta Lynn sur sa chanson mythique Fist City, un classique que fredonnent avec plaisir la bassiste Jamie Radu et la guitariste Ilona Szabo (à ne pas confondre avec le guitariste psych-jazz Gabor Szabo). Les bad girls du country, elles connaissent ça. « Des artistes comme Dolly Parton écrivent incroyablement bien leurs chansons et n’ont jamais peur d’être elles-mêmes », explique Jackie. L’attitude de ces pionnières fait écho à celle que l’on retrouve dans la musique du groupe.
*T’es mieux de fermer ta face pis de te tasser de mon chemin si tu veux pas te ramasser au carrefour des coups de poing. (traduction libre)
4. Badigeonner de badass qui roulent et qui n’amassent pas mousse
La fougue gronde sur Edge of Seventeen de Stevie Nicks. La version de Crimson and Clover de Joan Jett est à headbanger jusqu’au torticolis. Suzi Quatro terrasse la planète glam avec ses gros riffs de basse. Outrageusement sous-estimée selon la chanteuse des Pale Lips, Betty Davis fait le funk le plus musclé qui soit. Qu’elle soit seule ou avec Blondie, Debbie Harry, quant à elle, frise la perfection. « J’avais un crush sur Debbie Harry, comme à peu près toutes les femmes musiciennes. » Les ciels de Jackie, Ilona, Jamie et Lynn sont constellés de ces rockstars, femmes de têtes, toujours un peu iconoclastes, toujours profondément charismatiques.
5. Mettre à broil avec des badass qui brassent la cage du punk
Jamie Radu tombe dans le punk âgée d’à peine 12 ans. Des girls bands à la Lunachiks ou The Donnas instiguent à la bassiste une passion pour l’écriture de chanson. Le nouvel album des Pale Lips est toutefois un effort collectif. Ilona Szabo y met du sien, celle qui affectionne d’ailleurs l’attitude de Poison Ivy, la légendaire bassiste des lugubres Cramps. Pour Jackie Blenkarn, l’énergie punk lui fait penser à un groupe chéri de son Portland natal : Dead Moon, fondé en 1987 où une Kathleen “Toody” Cole a fait tonner voix et basse. « Je les ai vus en spectacle il y a 4 ans. Même à l’époque ils étaient encore incroyables sur scène. Toody a consacré sa vie au rock n roll. » Gageons que le rock n roll des Pale Lips va, lui aussi, durer longtemps.
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