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C’est arrivé à l’été 1990, j’avais 7 ans. Mon oncle, ma tante et mes cousins habitaient la campagne. Ma famille et moi étions allés vivre chez eux pour une semaine le temps que mon père termine les rénos à temps pour le déménagement dans notre nouvelle maison.
Cet été fut marqué par la chanson “Never Gonna Give you up” de Rick Astley. Elle jouait 24 SUR 24 chez mon oncle et ma tante.
Chaque note de musique de cette chanson contient aujourd’hui une partie de moi. Elle joue et je revois la tente roulotte abandonnée sur le terrain d’à côté où on allait regarder des bandes dessinées de femmes toutes nues. Le refrain part et je revois mon oncle en bedaine qui le fredonne en nettoyant ses gouttières.
Le voisin (qui était propriétaire de cette vieille tente roulotte remplie de BD de cul) élevait des animaux pas clean dans sa “mini ferme” et les vendait pour gagner sa vie.
Mon oncle lui avait acheté deux poules. Encore aujourd’hui, j’ai aucune crisse d’idée pourquoi il avait acheté des poules, par compassion j’imagine ou dans le but d’un jour devenir aviculteur.
Peu importe, il était pogné avec deux fucking poulets chez eux!
Il leur avait fait un enclos et les poules chillaient-là. Un jour, alors que je bouffais mon sandwich baloney/moutarde, j’ai intercepté une conversation entre le fermier pas propre et mon oncle. Une conversation dans laquelle il conseillait mon oncle de leur donner un petit bain pour qu’elles pondent plus. J’ai englouti mon restant de sandwich, j’ai callé mon verre de lait dans mon verre en plastique McDo, sur lequel y’avait une lune qui jouait du piano, et je suis allé rejoindre mon frère et mon cousin.
J’avais qu’une seule idée en tête! Kidnapper les poules, les calisser dans l’eau pour ensuite aller les dropper dans leur enclos et les regarder pondre des œufs en me disant que je participais au mystère de la vie! Mon frère et mon cousin ont crié au génie en entendant mon plan!
J’étais l’élu qui devait entrer dans l’enclos, les attraper à tour de rôle et les foutre dans les taies d’oreiller qui étaient tenues par mes acolytes. J’ai attaché mes running shoes, qui faisaient de la lumière, bien serrés et je suis entré dans l’enclos. J’avançais comme si je marchais sur un lac gelé, mais chaque fois que j’arrivais proche d’elles, elles capotaient, levaient de trois pieds de haut et battaient les ailes à une vitesse phénoménale en s’assurant de me graffigner au passage avec leurs petites pattes laides de poule.
J’ai commencé à pogner les nerfs et à me mettre à courir après elles. Si tu penses que c’est facile d’attraper des poules qui courent, dis-toi que c’est comme essayer de maîtriser un ballon de football, huilé qui a des griffes dessus, qui tombe de très haut, qui frappe le sol et qui repart dans n’importe quelle direction.
Pogner Oussama Ben Laden a dû être plus facile que de pogner ces poules-là!
Après un bon 45 minutes, j’avais réussi ma mission. Nous marchions en direction du petit ruisseau pas loin de la maison. Arrivés sur le bord de l’eau, mon cousin et mon petit frère m’ont regardé et m’ont dit :
“Qu’est-ce qu’on fait maintenant? On donne ça comment ‘un bain de poules’ ?”
Ouin… J’avais pas vraiment pensé à ce détail-là…
“Ben on les met dans l’eau pis on les remet dans les taies d’oreiller après?”
Nous avons déposé tranquillement les poules dans l’eau. Elles nous regardaient, on les regardait, elles nous regardaient et on… LES ENCOURAGEAIT À SE BAIGNER…
C’est à ce moment là que mon frère a fait un geste, qu’encore aujourd’hui, je qualifie de #3 dans mon “top 3 des choses les plus stupides que j’ai vues de ma vie”.
Il a voulu kicker de l’eau pour arroser les poules que nous allons appeler “Bernard et Pierre”. Bernard n’a pas reçu d’eau sur elle, mais plus le pied de mon frère dans sa face de poule. Pierre, tant qu’à elle, a paniqué et s’est mise à “voler” vers le centre du ruisseau et s’est écrasée en plein milieu du courant.
Bernard et Pierre fuyaient sous nos yeux… Dans le courant…
On avançait dans l’eau pour aller les chercher quand mon cousin a fait le #2 dans mon “top 3 des choses les plus stupides que j’ai vues dans ma vie”. Il a paniqué et a voulu… leur tendre une branche. OUI, vous avez bien lu… Un enfant de 6 ans a tendu une branche à une poule dans le but… qu’elle …s’accroche… et qu’il la sauve. Il a même poussé sa luck… Il lui a lancé la branche… Pierre l’a reçue en pleine yeule et a coulé…
On est reparti sur nos BMX en direction de la maison. Et là, on a averti nos parents que les poules s’étaient… noyées…
On s’est fait engueuler! Nous étions les 3 côte à côte et nos 4 parents nous chicanaient. Ils nous ont demandé : “Pourquoi?”
Pourquoi que nous étions allés seuls sur le bord de l’eau avec les poules…?
C’est là, que j’ai vu le #1 du “top 3 des choses les plus stupides que j’ai vues de ma vie”.
Mon cousin a pris la parole et a dit : “C’est les poules qu’ils nous l’ont demandé.”
Ils ont tous arrêté de parler et un PESANT malaise a pris place avec nous.
Mon père : “Pardon Mathieu?”
Mathieu : “Oui, oui c’est la poule qui nous a dit… (Il a pris une voix de cartoon) Je veux aller me baigner…”
Nos parents l’ont fait répéter pendant au moins une heure et riaient à tout coup. Mon cousin était persuadé qu’il venait d’inventer l’alibi du siècle… Je fixais mon petit frère de 5 ans qui embarquait dans l’histoire de mon cousin… Et moi, je fixais l’horizon en me disant :
“Ça, c’t’un enfant cave!”
***
Pour lire un autre texte de Jonathan Roberge : “Dodo chez un ami”
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