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Télé-Nostalgie : « Chair de poule »
Quand j’étais petit, les films et séries d’horreur étaient mal vus à la maison. Mes parents considéraient qu’il fallait être un peu maso pour s’infliger des émotions négatives.
Sauf que…
Vous souvenez-vous de cette époque bénie entre 15 h et 17 h (16 h et 17 h au secondaire) où on était seul.e à la maison avec les programmations jeunesse de Radio-Canada et de Canal Famille comme unique forme de supervision? On y présentait des émissions épeurantes comme Fais-moi peur!, Contes de la crypte et l’immortelle Chair de poule, qui fait un retour sur Netflix depuis quelques semaines. Si vous avez rayé ce sombre souvenir de votre esprit, permettez-moi de réveiller quelques démons :
C’était pas nécessairement « the talk of the town » comme Breaking Bad et Game of Thrones l’ont été à l’âge adulte, mais il existait une sorte de contrat moral silencieux entre les jeunes de notre âge (du moins, d’où je viens) stipulant que les séries jeunesse n’étaient pas SI épeurantes que ça et que si on était prêt.e pour les films d’horreur d’adulte, il fallait les regarder sans broncher.
… Mais c’était épeurant quand même, soyons honnête.
La question que pose le retour de Chair de poule sur Netflix est : est-ce que c’était réellement épeurant, ou était-ce juste fait pour terrifier les cerveaux en développement? Je me suis replongé dans la série pour trouver des réponses.
La méthode R.L Stine
Chair de poule, c’est le bébé de l’auteur américain Robert Lawrence Stine, mieux connu sous le mystérieux sobriquet de R.L. Stine, qui est considéré comme l’un des meilleurs vendeurs de l’histoire de la littérature. Selon plusieurs estimations, il aurait vendu plus de romans que le roi de l’horreur Stephen King lui-même en exploitant une idée aussi originale que diabolique : faire peur aux enfants.
Vous vous souvenez de la collection de romans Frissons? C’était (majoritairement) lui aussi. C’était sa manière de nous poursuivre avec ses visions de cauchemar jusqu’à l’adolescence.
Vous vous souvenez de la collection de romans Frissons? C’était (majoritairement) lui aussi.
En revisionnant plusieurs épisodes de Chair de poule, la méthode R.L Stine m’est apparue simple, pas subtile pour deux sous, mais tout de même efficace à souhaits. La série ne fonctionne pas aussi bien sur l’homme de 39 ans que je suis aujourd’hui qu’elle le faisait sur le petit garçon de 11 ans que j’étais, mais elle crée parfois encore un peu d’inconfort, je ne vous mentirai pas!
Stine utilise un concept freudien appelé « l’inquiétante étrangeté » pour manufacturer un sentiment d’horreur. Grosso modo, l’inquiétante étrangeté est l’idée que le sentiment d’horreur proviendrait de la défamiliarisation par rapport à notre entourage et non de l’idéation de monstres comme les vampires ou les loups-garous.
Pour un.e enfant, l’entourage, la famille et la routine sont des variables importantes et s’il existe un lien qui unit tous les épisodes de Chair de poule, c’est qu’ils prennent tous un malin plaisir à remettre la banalité du quotidien d’un enfant en question.
Par exemple, dans l’épisode inaugural, une jeune fille découvre que le bibliothécaire de son école est secrètement un monstre extraterrestre qui se nourrit d’insectes. Inoffensif, me direz-vous? Oui… jusqu’à ce que les parents de la jeune fille invitent le bibliothécaire pour souper ET LE DÉVORENT DEVANT LEUR FILLE.
Le bibliothécaire aux yeux globuleux, c’est une chose. L’idée que nos parents sont secrètement des monstres carnivores, c’est une autre game. Ce vieux R.L faisait très bien sa job.
Le temple de la renommée de Chair de poule
Ça vous tente de raviver de vieux traumatismes pour l’Halloween? Je vous conseillerais de simplement peser sur « play » et de laisser jouer Chair de poule à grands coups d’épisodes de 21 minutes, mais si votre emploi du temps est aussi chargé que le mien, voici quelques suggestions d’épisodes particulièrement délicieux :
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Alertes aux chiens (saison 1, épisode 11) : Un très étrange épisode à propos d’une bouteille de lotion autobronzante qui rend ses consommateurs poilus et qui les transforme ultimement en chiens. L’idée semble inoffensive comme tout, mais l’horreur corporelle y est néanmoins dérangeante. Vous allez vous inspecter dans le miroir de la salle de bain, je vous avertis.
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Dangereuses photos (saison 1, épisode 15) : Un épisode sur la croyance orientale voulant que le flash d’un appareil photo vole votre âme. Encore une fois, on y présente un objet banal et familier comme ayant des pouvoirs maléfiques. Une autre raison de regarder cet épisode est d’y voir un jeune Ryan Gosling en action.
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La maison du non-retour (saison 3, épisode 3) : Attention, c’est du gros calibre ici. Cet épisode est quand même efficace sur les adultes. Inspirée par le mythe de Faust, l’histoire de cette maison hantée contient tellement de twists qu’elle aurait pu être écrite par Jay Du Temple.
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Personne n’est parfait (saison 3, épisode 11 et 12) : En toute transparence, ce double épisode me suit depuis l’enfance. Utilisant à la fois la peur de l’autorité naturelle des enfants et leur peur instinctive d’être remplacés aux yeux de leurs parents, le scénario explore l’idée d’une école qui remplace les étudiants par des clones obéissants. Vos insécurités d’époque risquent de remonter à la surface.
Pour répondre à la question : oui, ça vaut la peine de replonger dans vos peurs d’enfance, ne serait-ce que le temps d’une soirée. Chair de poule est disponible sur Netflix!