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Tel que vu et entendu au Montana

Chronique d'un (pas si vieux) camper van.

Par
Mélanie Leblanc
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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous emmène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtre Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.

Nous sommes au coeur de notre traversée des États-Unis d’Amérique. C’est tout un statement, quand on y pense, de s’approprier le nom d’un continent entier pour désigner ton pays. Ça a souvent amené des moments loufoques d’ailleurs :

« Nous sommes Américains, mais vous, vous êtes des Canadiens. »

« OK, et le Canada est sur quel continent? L’Amérique du Nord? Ce qui fait de moi une Canadienne d’Amérique? »

Je ne suis pas jusqu’à aller faire un revival de la mythique scène d’Elvis Gratton, mais j’ai réussi à avoir des conversations assez intéressantes avec CERTAINES PERSONNES à qui j’ai pu expliquer qu’en français, je les appelle les « Étatsuniens » et que ça ferait donc d’eux des « Staters ». Je sais que le thème n’existe pas, je fais du showbiz, tout ça, c’est du spectacle et ça m’amuse! Ceux à qui j’ai pris la peine d’expliquer mon point ont compris mon propos, mais y’a d’autres personnes à qui j’ai même pas essayé d’en parler, me contentant de garder un sourire statique , en faisant des « la la la la la » dans ma tête. Alors pour le gars qui tient ce kiosque-là, j’ai passé mon tour sur la jasette, me contentant de n’être absolument pas subtile. « Antoine, fais demi-tour et reviens vers le gars. » Oui, on a fait ça. Dans sa face.

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Quel magnifique baptême du Montana. Montana rempli de what the fuck? tout au long de notre aventure de cinq jours. Montana, là où toutes les idées préconçues au sujet des States semblent naître. Pour rester dans le thème de cheetos face : on a entendu toutes sortes de choses à son sujet. Un soir, deux messieurs bikers sont descendus de leurs motos pour venir s’installer à notre feu, avec Antoine, sans aviser, sans demander la permission. Je sors du truck et le premier mot que j’entends est « Trump », et la première chose que je vois est le regard désemparé de mon chum, les pupilles hurlant « viens m’aider ».

« Je ne comprends pas pourquoi les gens détestent Trump. J’écoute leurs arguments et pour moi il n’y a qu’une raison : ils sont jaloux de sa fortune. Qu’est-ce que tu en penses? » Lalalalalalalalalalalalalalalala. Oh, il me regarde, il attend une réponse. Je pourrais leur dire : « wow, j’aime beaucoup votre bronzage de biker, les gants naturels blancs, c’est magnifique » (rire, rire, clin d’oeil, clin d’oeil). Pas le goût, pas l’énergie et pas l’anglais assez aiguisé pour obstiner un pur et dur disciple de Trump.

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Bref, sans comprendre comment, ça a dérivé sur les goûts culinaires de biker. Maintenant je sais qu’il déteste la lasagne, la crème glacée aux noisettes et la dinde. Le Montana nous a aussi fait rencontrer cette gentille dame qui, en voyant notre plaque du Québec, est venue timidement nous voir en nous disant « svp, veuillez ignorer notre président, cette honte mondiale ». Malheureusement la gentille dame n’est pas passée dans nos vies le même soir que le bronzé biker. J’aurais trop voulu assister à cet échange, je me serais préparé une lasagne à la dinde suivie de crème glacée aux noisettes pour rien manquer du débat.

Montana : seule place où j’ai vu une porte de prison avec un jour de cinq centimètres sur la longueur.

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Pense pas que Boule de quilles aurait eu de la misère à sortir de sa cellule si elle avait été emprisonnée à Eureka plutôt qu’à Lietteville.

Des fois on rit, des fois on se tape le front de découragement, mais toujours on prend des photos. On essaie de ne pas juger, mais on peut taquiner, non?

Ici tu peux prier Jésus, acheter des feux d’artifice et lâcher une pisse dans la grosse grise en plastique. Dans l’ordre de ton choix. Dix belles minutes bien investies quand on vient chez Robinsons. Il y a plusieurs combinaisons possibles sur cette photo, mais si tu décides de faire sauter un feu d’artifice dans la grosse grise, juste avant de prier Jésus s’il te plaît, avertis-moi pour que tu sois pas seul à partager ce moment euphorique.

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Des fois, l’image dit tout. Mais juste pour être certaine. Cet ours chef cuisinier mange une pointe de pizza tout droit sortie d’un vieux comic book Archies publié en 1982, genre. Je pense que cette oeuvre ne pourra jamais avoir trop de fans. Fallait partager.

Terminons le safari photo du Montana avec trois façons de gaspiller cinq beaux dollars américains.

1 : Un tiers d’une pipe en verre qui n’est pas sans rappeler la forme d’un phallus, phallus visiblement infecté d’une maladie verdâtre et non souhaitable.

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2 : Pour assouvir le trip de bouffe procuré par le phallus de verre : deux doughnuts aussi larges que le cul d’Homer Simpson.

3 : Cinq ailes de poulet un peu frettes, un peu raides, même pas un peu appétissantes, savamment disposées sur une feuille de papier essuie-tout. Montana, t’es minutieux.