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Survivre au temps des fêtes: des disques pour l’échange de cadeaux

Par
Jean-Philippe Tremblay
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Comme je suis d’un naturel jaloux et que je vois mes collègues d’URBANIA se faire des festivals de plugs en forme de listes de Noël depuis deux semaines, j’me suis dit que rien ne m’empêchait de participer en prêchant pour ma paroisse. Parce que bon, c’est certain que t’es libre d’acheter quelque chose de comique pour ton échange de cadeaux avec la gang. On est tous libres d’acheter n’importe quoi, c’est même pas mal rendu le fondement de nos sociétés (ok, je m’égare). J’essaie juste de te rappeler qu’en offrant un album de musique locale, en plus d’encourager un artiste trippant, on sait jamais, tu pourrais changer la vie de quelqu’un. Ou au moins l’enrichir pour vrai, tsé.

Ma liste est complètement subjective et sans ordre logique parce que l’art c’est pas un concours; je te lance juste quelques perles sorties en 2016 dans un paquet de styles pour un peu tous les genres de natures de goûts. C’est pas non plus une rétrospective exhaustive de l’année. Juste quelques coups de cœur que j’ai particulièrement usé chez nous.

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Ah, oui; je te mets des liens pour Bandcamp, tu peux généralement commander direct là-dessus.

Et la majorité de ces albums sont disponibles en vinyles.

C’est pas mal plus beau en dessous de l’arbre, je dis ça de même…

La première fois que j’ai entendu le « ton bébé va être brun » du refrain de Brown Baby c’était à la radio, j’étais au volant, et j’ai carrément arrêté l’auto dans une ruelle, sous le choc, pour savoir ce que c’était. Qui avait osé cette ode à la mixité, si bright et directe? En plus de cette chanson, sans conteste le hit absolu de l’an 2016 pour moi, le reste de l’album que Snail Kid (Dead Obies), son frère Jam et leur père Robin Kerr ont lancé cette année est une bombe de hip-hop à la sauce jamaïcaine comme on en avait jamais vue ici. Le métissage heureux puissance mille, because it’s 2016.

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À donner à : ton petit cousin avec une casquette à palette drette // un raciste.

Ça faisait déjà 6 ans que Fred Fortin s’était effacé du micro pour tenir la basse au sein de Galaxie et Gros Mené. Son retour était attendu, et c’est bien fait la vie des fois; il est riche en émotions et en surprises. Mieux entouré, arrangé et réalisé que jamais, le folk sombre et plein de détours musicaux brillants qu’il fabrique s’allie comme jamais à son art de raconter des histoires pas spécialement drôles avec honnêteté, lucidité et sourire en coin. Toujours quelque chose de profond débusqué dans l’ordinaire, de la grande poésie de gars en chemise de chasse qui en a vu d’autres, et plusieurs des plus talentueux musiciens du Québec.

À donner à : un tough sensible en cachette.

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Le mot qui vient à l’esprit à l’écoute d’Île Jesus est « somptueux ». C’est un disque tout en textures chaudes de synthétiseurs, en lignes de basse langoureuses et assez littéraire sur le fond. Brillamment écrit et construit, le tout s’écoute d’un trait où tout s’enchaîne pour nous entraîner toujours plus profondément dans un brouillard mystérieux mais confortable, riche et capiteux, baignant dans la luxure. Un univers en soi, par lequel se laisser hanter.

À donner à : quelqu’un à qui t’aimerais faire l’amour.

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Le réalisateur et chanteur Stéphane Lafleur est très certainement l’un des poètes les plus importants de la chanson québécoise contemporaine. Son humilité et sa simplicité déconcertante de sagesse universelle envahissent tout sur « Effets Spéciaux », l’album country-folk-expérimental le plus lumineux à ce jour du groupe de beaux humains qu’il a réuni. Ça sonne comme la lenteur, un éclairci après une tempête, un moment de répit passé dans le soleil du matin avec soi-même. On dirait que chacun développe une relation intime avec ce band, qui lui appartient; c’est difficile à expliquer, de l’ordre de ce qu’il faut vivre.

À donner à : n’importe qui qui a un coeur.

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Je t’ai tout expliqué ça ici.

À donner à : quelqu’un qui porte du cuir.

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Après trois albums qui ont su soulever toute une nouvelle vague de hip-hop à la grandeur du Québec, et maintenant que chaque membre du groupe s’implique dans une multitude de projets flamboyants chacun de son côté, Alaclair Ensemble n’a plus grand-chose à prouver. C’est un peu pour ça que « Les Frères Cueilleurs », même s’il n’est jamais loin du côté expérimental et conceptuellement bordélique qui a fait la renommé du groupe, sonne essentiellement comme du fun. Le genre de party de chalet plein d’inside-jokes d’une grosse gang de chums qui s’aiment d’amour.

À donner à : quelqu’un de sérieux pour qu’il se lâche un peu.

La suite (et des affaires plus dark un peu) la semaine prochaine!

xx

Pour lire un autre texte de Jean-Philippe Tremblay: « Survivre au temps des fêtes: l’album de noël ».

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