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Surfer sur la sauce à donair à Halifax… en images

Par
Marie Darsigny
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L’équipe d’Urbania ne comprend pas pourquoi les traditionnels échanges culturels devraient se limiter aux étudiants du secondaire. On s’ennuie de l’époque où, pour nous faire découvrir le Canada, on nous shippait au Manitoba après nous avoir obligés à jaser avec Kim Smith, une correspondante qui adorait faire les foins. Ça fait qu’on a décidé d’envoyer une collaboratrice amatrice de selfies vivre une semaine d’immersion à Halifax. Sa famille d’accueil : l’équipe d’un journal indépendant. On est concept ou on ne l’est pas.

***

Mon nouveau correspondant Jacob aimait les chiens.

C’est à peu près tout ce que je savais sur lui, avec quelques autres détails : il était très actif sur Twitter, avait 29 ans et surtout, il travaillait pour The Coast, un journal hebdomadaire indépendant d’Halifax avec lequel j’allais faire une immersion journalistique d’une semaine.

L’équipe éditoriale d’Urbania avait travaillé fort pour trouver son équivalent dans les Maritimes. C’est ainsi que nous en étions venus à contacter The Coast, périodique friand de gens ordinaires aux histoires extraordinaires (ça vous rappelle quelqu’un ?). Nous leur avons demandé de m’héberger le temps que je découvre Halifax.

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Pour préparer ma mission, j’ai sorti mon album de finissants du secondaire. J’ai scruté à la loupe les photos d’un échange étudiant avec la Colombie-Britannique, échange auquel je n’avais pas participé pour cause de je-m’en-foutisme d’adolescente blasée. Peu satisfaite de l’information obtenue, j’ai contacté mes anciennes collègues de classe afin d’obtenir des conseils pour me préparer à l’éventuel choc culturel. Passer de la poutine au lobster roll était une expérience qui demandait recherche et préparation.

Malheureusement, les rapports étaient peu concluants. Mes amies me décrivaient un ennui sans nom, vécu sur fond de visites au musée et de tours guidés en autobus. Cependant, je n’étais pas trop inquiète, étant une spécialiste du voyage impromptu : passer Noël avec des inconnus en Virginie, dormir dans une frat house en couch surfing à Boston, perdre mon cellulaire dans un loft party à New York… Bref, j’étais prête à vivre l’aventure, mais mon voyage à Halifax se devait d’être mieux organisé. J’ai commencé à planifier mes activités à coups de nombreux messages Twitter adressés au pauvre Jacob.

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Par chance, il est l’éditeur de la section “City” de The Coast et il connaît la ville comme le fond de sa poche. Il m’a aidé à trouver un logement, une espèce de bed & breakfast qui accueille habituellement des groupes de musique en tournée. Pour la modique somme de dix dollars la nuit, le Crash Inn allait devenir ma famille d’accueil. Il serait aussi le petit coin de répit où je passerais mes soirées à swiper allègrement sur Tinder, avant de sombrer dans un sommeil de plomb. Les aventures romantiques seraient donc pour une prochaine mission.

Avant mon départ, j’avais lancé une étude semi-scientifique sur Facebook. Verdict : la plupart des étudiants en échange souffraient d’être dans une famille d’accueil aux mœurs différentes. On me racontait des histoires de lit simple sentant le pipi de chat, de chambre du petit frère décorée de Lego, et d’autres situations relativement désagréables sur une échelle de 1 à “j’aimerais mieux dormir sur un lit de cocottes de sapin”. Or, mon séjour s’est avéré être à des milles de ces expériences regrettables. Le Crash Inn avait même son propre hashtag, écrit à la craie sur un tableau, qui, à mon arrivée, annonçait “Welcome Marie from Urbania” !

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Lors de ma visite, mon nouvel ami Jacob m’a aidé à comprendre l’état du journalisme indépendant à Halifax. Avec la fermeture en 2012 des deux journaux hebdomadaires indépendants anglophones montréalais (Hour et Mirror), j’étais curieuse de savoir si le futur était compromis pour The Coast.

J’en ai aussi profité pour dresser un portrait d’Halifax avec mes yeux de Montréalaise, complètement immergée dans la délicieuse sauce à donair. Prenez et mangez, ceci est un résumé de mes expériences livré pour vous.

JOUR 1

Je ne sais pas comment j’ai pu croire possible une ride de train de vingt-deux heures. Je ne possède visiblement pas les capacités pour dormir assise, au contraire de mon voisin ronfleur. J’arrive à Halifax complètement crevée, l’humeur aussi lourde que mon sac à dos bourré de vêtements. Ce que Jacob ne m’a pas dit, c’est qu’à Halifax, la température est toujours incertaine – et finalement toujours plus froide qu’à Montréal. Mes quatre paires de shorts ne me seront d’aucun secours lorsque la température avoisinera les 10 oC. Au moins, mon mécontentement face à Mère Nature me permettra de me fondre dans la masse : ici, chialer contre la température est un vrai hobby. Les habitants d’Halifax ont toujours de gros sacs pour transporter parapluie et/ou veste et/ou imperméable et/ou ombrelle. Bon, peut-être pas d’ombrelle, mais disons des lunettes de soleil surdimensionnées.

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Je découvre aussi la source de chialage numéro deux des Haligoniens : les transports en commun, typiques des grandes villes avec leurs horaires que les chauffeurs ne suivent pas. J’achète quand même mes vingt billets à un préposé qui ne daigne même pas me regarder dans les yeux en me rendant la monnaie. Welcome to Halifax. Fait digne de mention : les voyageurs remercient les chauffeurs d’autobus avant de descendre. Je ne parle pas d’un petit merci glissé à l’oreille en descendant à l’avant, mais bien de mercis criés depuis le fond du bus. Soit les Haligoniens sont très polis, soit ils ont atteint un niveau d’ironie hors de mes capacités.

La suite dans le magazine spécial Canada, en kiosque dès le 4 septembre!

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