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Spinning Out nous plonge dans l’univers semi-reconnu du patinage artistique. L’action se déroule dans une petite ville américaine où tout tourne autour du sport, que ce soit le ski, le hockey ou le patinage. Les patineur.euse.s. du club sont tous des très haut calibre. Parmi ceux-ci, il y a les soeurs Baker, Kat et Serena. Elles sont les filles de Carol, une mère monoparentale qui a connu la gloire en tant que patineuse jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte et doive renoncer à la compétition.
Kat Baker (Kaya Scodelario) rêve d’aller aux Olympiques. Elle est reconnue dans toute sa communauté comme étant une patineuse complète, aussi excellente sur le plan technique que le plan artistique. Mais un jour, une chute grave met en péril son rêve Olympique.
Alors qu’elle commence tranquillement à se remettre sur pieds, elle se fait approcher par la riche famille de Justin Davis, un patineur de talent qui se cherche une partenaire. Sachant qu’il s’agit de sa dernière chance, elle accepte de patiner en couple avec cet homme qu’elle n’apprécie pas particulièrement. Bien que parsemée d’embûches, à commencer par l’attitude négative et immature qu’ils entretiennent l’un envers l’autre, l’union de ce duo s’annonce très prometteuse.
Là où ça devient original
Jusque là, on assiste à une série dramatique pour ados des plus ordinaires. La twist qui fait toute la différence, est que Carol et Kat souffrent de bipolarité. Au fil des épisodes, on les voit tour à tour subir les conséquences de cette maladie qu’elles peinent à garder secrète.
Le patinage artistique est un sport reconnu pour sa philosophie conservatrice. Tonya Harding le disait haut et fort dans les années 90 : il faut plus que du talent pour gagner. Il faut être la meilleure, mais aussi correspondre à l’image de la patineuse parfaite. C’est ce qui fait que la série Spinning Out sort du lot, elle met en lumière la pression liée au maintien d’une image unidimensionnelle qui n’a probablement jamais existé.
Spinning Out met en lumière la pression liée au maintien d’une image unidimensionnelle qui n’a probablement jamais existé.
Tout ce qui a trait au patinage artistique est relativement conforme à la réalité. Outre I Tonya, rares sont les films et les séries qui ont un souci de réalisme quand vient le temps de montrer des patineurs sur la glace ou de les faire dialoguer. Les bons sauts sont nommés aux bons endroits, leurs objectifs techniques ont du sens pour leur niveau, etc. Fun fact, plusieurs patineuses canadiennes ont été engagées pour faire être les doublures sur glace de la distribution. La québécoise et ancienne championne canadienne junior Kim Deguise-Léveillé était la doublure de Serena (Willow Shield) et Kat.
Il y a bien sûr des exagérations dramatiques ici et là qui n’arrivent jamais dans la vraie vie, mais on arrive à les pardonner assez vite. Soyons honnêtes : si on voulait du réalisme, on ne serait pas en train d’écouter une série pour ados qui se passe dans un aréna.
Une relation mère-fille compliquée
La vie chez les Baker n’est pas de tout repos. Carol est à la fois dévouée et manipule ses enfants. D’une journée à l’autre, elle soutient ou rabaisse son ainée. On comprend vite que c’est parce qu’elle est jalouse. Carol vit son succès à travers ses filles et leur met une pression incroyable. Mais chaque fois que Kat s’apprête à réussir, elle gâche tout.
Serena ne souffre pas de trouble de bipolarité, mais vit tout de même les conséquences.
Serena, quant à elle, est sans cesse prise entre sa mère et sa soeur. Elle ne souffre pas de trouble de bipolarité, mais vit tout de même les conséquences. Elle a l’impression de toujours passer en dernier, d’être celle qui doit s’oublier, se faire petite, parce qu’elle ne souffre pas autant que les autres.
Sport et santé mentale
Le scénario nous fait vite comprendre que Carol a honte de sa maladie. Au milieu de la saison, elle tente de se reprendre en main et devient soudainement attachante. On ne la voit plus seulement comme une mère manipulatrice, on sympathise avec elle. On voit tous les efforts qu’elle doit déployer pour fonctionner normalement tout en n’avouant son mal à personne.
Le scénario nous fait vite comprendre que Carol a honte de sa maladie. Au milieu de la saison, elle tente de se reprendre en main et devient soudainement attachante.
Pour Kat, c’est la même chose. Elle se demande si elle doit en parler à son entraineuse et à son partenaire, mais elle a peur. Peur du jugement des autres, peur de l’étiquette qui lui sera apposée. Elle porte ce lourd secret qui finit par l’handicaper de plus d’une manière puisqu’ elle ne s’ouvre réellement à personne. Seule sa petite soeur est réellement au courant de tout ce qui se passe.
Toucher à l’universel
Est-ce que le monde du patinage artistique est prêt pour ce genre de confidence? Comment réagira la famille de Justin lorsqu’ils apprendront le secret de Kat? Toutes ces questions sont inévitables pour que l’histoire avance.
Le rêve olympique est important dans le scénario, mais pas autant que la notion de santé mentale. C’est ça le noeud de l’histoire et c’est ce qui fait que la série a aussi bien marché dans le monde. Sinon, ça aurait été une histoire de sport comme les autres qui n’aurait fait que le bonheur des patineurs et patineuses. En abordant le sujet de la santé mentale, Spinning out sort de sa niche pour toucher à l’universel.
Comme société, on est en train d’apprendre qu’un cerveau, ça peut briser comme n’importe quelle partie du corps.
Comme société, on est en train d’apprendre qu’un cerveau, ça peut briser comme n’importe quelle partie du corps. Qu’on peut avoir des médicaments à prendre pour s’aider psychologiquement au même titre qu’on en prend quand on est physiquement malade. On apprend que personne n’est réellement à l’abri de d évelopper certains troubles de santé mentale et que bien que ce soit difficile à vivre, on peut s’en sortir avec de l’aide. On lève le tabou tous ensemble, mais ce n’est toujours pas gagné. C’est on ne peut plus actuel comme sujet et toujours nécessaire.
Une deuxième saison?
Je pense humblement que c’est important de voir ce genre d’histoire à la télé. Ça fait réfléchir l’état des choses en santé mentale. Dans la série, Carol est prise dans son époque. Un jour, un autre personnage lui dit : « les choses changent, c’est correct d’en parler aujourd’hui ». Ce à quoi elle répond « le patinage artistique lui n’a pas changé ». A-t-elle raison? L’histoire ne le dit pas encore. Netflix n’a toujours pas confirmé s’il y aura une deuxième saison, mais la réception mondiale de la série porte à croire que oui. C’est à suivre!