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Soutenir les jeunes des communautés LGBTQ en pleine pandémie
URBANIA et Communauto s’unissent pour vous faire découvrir les organismes qui s’assurent que personne ne soit oublié.
Depuis le début de la pandémie, j’ai un profond malaise avec l’expression «On est tous dans le même bateau». S’il est vrai que tout le monde est affecté par la situation, le statut économique, la santé physique et mentale, l’accès aux ressources et services essentiels sont autant de facteurs qui font que nous ne sommes pas égaux dans la crise. Certains groupes sont même plus vulnérables qu’avant.
J’ai vu récemment cette citation passer sur un réseau social : «On n’est pas tous dans le même bateau. On fait tous face à la même tempête.» Elle est là, la précision qui éclaire tout.
Heureusement, il y a des gens qui remuent ciel et terre pour s’assurer que personne ne se noie. Parmi eux, il y a les humains derrière AlterHéros.
«On n’est pas tous dans le même bateau. On fait tous face à la même tempête.»
Depuis 2002, la mission de l’organisme est d’aider les jeunes de la communauté LGBTQ et ceux en questionnement (par jeunes, on entend 14 à 30 ans et même parfois des aînés LGBTQ) à la grandeur du Québec. AlterHéros fait de l’intervention web, donc c’est pratique pour les personnes qui préfèrent garder l’anonymat pour aborder des questions sur la sexualité.
L’organisme a aussi mis sur pied une initiative pour les personnes LGBTQ neuroatypiques (spectre de l’autisme, TDAH, Asperger, trouble d’apprentissage, etc.) afin de répondre à leurs besoins en termes d’éducation à la sexualité, de prévention des agressions sexuelles, de création d’espaces sécuritaires ainsi que d’ouverture à la diversité sexuelle, à la pluralité des genres et à la neurodiversité.
J’ai discuté avec Guillaume Perrier, coordonnateur de l’intervention, afin de mieux comprendre les besoins de leurs bénéficiaires en temps de pandémie et comment l’organisme s’est adapté à la nouvelle réalité.
Guillaume, qu’est-ce qui a changé pour l’organisme depuis le début des mesures de distanciation sociale ?
Comme la majorité de nos services étaient déjà en ligne, on s’est adapté en augmentant nos ressources humaines, principalement sur les réseaux sociaux. C’est que les demandes d’intervention par les jeunes augmentaient considérablement.
Le programme Neuro/Diversité, lui, organisait des activités une fois par semaine dans nos bureaux, donc ces activités-là ont été transférées sur le web. On a d’ailleurs vu une augmentation de la participation pour ces activités, donc ça fonctionne bien. On a été capable de conserver notre lien avec les jeunes et même d’en recruter de nouveaux.
Quels sont les besoins de vos jeunes en ce moment ?
L’isolement social affecte les personnes LGBTQ d’une façon différente. Pour certains jeunes, ça va être comme un retour dans le placard. Ils perdent le contact avec leur communauté d’appartenance, ils perdent le contact avec leur famille choisie, leurs groupes d’amis avec qui ils pouvaient se sentir émancipés.
Il y a aussi plusieurs jeunes dont l’identité ou l’orientation sexuelle n’est pas dévoilée dans le milieu familial, ils doivent donc vivre 24 heures sur 24 dans le secret, ou par exemple avec des commentaires transphobes.
D’ailleurs, plusieurs services normalement offerts aux communautés trans ont été suspendus. On pense entre autres aux chirurgies affirmatives. Plusieurs personnes qui attendaient la leur avec impatience se sont fait dire que ce n’était pas une priorité, ce qui peut accentuer la précarité de leur santé mentale.
Même chose pour les jeunes qui devaient commencer leur hormonothérapie : tous les rendez-vous ont été suspendus, sans date de reprise.
Et il ne faut pas oublier que plusieurs aînés appartenant à la communauté LGBTQ n’ont pas nécessairement de famille directe. L’isolement, dans ce contexte, est particulièrement difficile à vivre.
Comment aidez-vous les personnes qui vous contactent pour de l’aide ?
On répond directement à leurs questions, on leur offre une forme d’écoute active, on les réfère aussi à d’autres organismes ou services de soutien appropriés. On peut donc agir comme une sorte de guichet d’accès. On s’occupe aussi des jeunes en région et même de personnes issues de la francophonie en Europe et en Afrique.
En tant qu’organisme provincial, quelles sont les différences entre les besoins des communautés LGBTQ qui vivent en centres urbains et ceux des communautés en régions ou dans des plus petites agglomérations ?
Je suis toujours prudent quand on tente de faire une différence entre les centres urbains et les régions en ce qui concerne la qualité de vie des personnes LGBTQ parce que dans les deux cas, il y a du positif et du négatif. Dans les milieux urbains, on peut avoir un plus grand choix de services et d’activités sociales pour la communauté, mais en même temps, bénéficier de certains services peut être un vrai labyrinthe. À l’inverse, en région on retrouve souvent un bureau qui travaille avec cette communauté ce qui fait en sorte que l’accès aux services est parfois plus rapide.
Ça varie donc beaucoup selon les personnes et les besoins. En ce moment, on remarque que plusieurs jeunes ont quitté leur résidence étudiante pour habiter chez leurs parents et vivent difficilement ce retour dans leur banlieue natale.
Vous avez aussi diversifié vos activités pour venir en aide à d’autres organismes, comment ça s’est passé ?
Communauto nous a permis de « backer » d’autres organismes communautaires. Nos employés et nos bénévoles peuvent les visiter et donner un coup de main. Moi-même j’ai commencé à travailler deux jours par semaine pour une ressource en itinérance puisque mes horaires de télétravail me donnaient cette latitude.
Plusieurs organismes à Montréal sont en ce moment en besoin criant d’intervenants. On peut donc partager nos ressources et les envoyer là où il y a un besoin.
Ça nous permet aussi de faire des livraisons, d’aller porter des petits cadeaux à nos jeunes neuro-divers dans leurs boîtes aux lettres, question de conserver un lien avec eux et briser l’isolement. On participe aussi à des livraisons de popote roulante.
Qu’est-ce que tu conseillerais aux gens qui souhaiteraient appuyer et soutenir AlterHéros et ses initiatives ?
C’est certain que contribuer financièrement aux organismes communautaires qui sont actifs en ce moment ça fait une différence.
Pour AlterHéros, les bénévoles qu’on recherche doivent avoir une expérience en intervention sociale liée à la sexualité : sexologues, travailleurs sociaux ou psychologues qui appartiennent également aux communautés LGBTQ.
Ce que j’aimerais préciser, c’est que si une personne souhaite s’impliquer dans un organisme, il faudrait prévoir une implication à long terme parce qu’on passe beaucoup de temps à former et encadrer les bénévoles. C’est beaucoup de temps. Et parfois certaines personnes ne se présentent pas le lendemain parce que le travail sur le terrain peut être super exigeant et peut ne pas paraître valorisant. Par exemple, désinfecter des surfaces pendant une journée complète, c’est plate à faire, mais c’est une tâche essentielle.
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