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L’auteur Simon Painchaud nous propose des reportages poétiques pour prendre le pouls du vivant pendant la crise actuelle. Pour lire ses précédents reportages, c’est ici.
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j’enfile la monotonie des jours scaphandres
plonge dans la ville pour toucher son fond
je cherche
la lumière oblique qui transforme la poussière
en plancton
pour réduire la distance
entre le velours de ma personnalité numérique
et les crises de panique
dans le noir de ma boite à souliers
je marche
en mode partage de connexion
promenades Ontario
je prends des photos
un pot de fleurs quelques bourgeons
cette lumière qui réfléchit sur les vitraux
dans mon téléphone j’écris
une éclipse totale de Dieu
au-dessus du masque des femmes
je croise
des battements de paupières rougies
j’observe
des migrations par dizaines
devant le vert tendre dollarama
je ne trouve pas le courage d’inventer
quelque chose qui a la couleur de l’espoir
qui chuchote une révolution
qui fait briller la poussière
qui irrigue le cœur
sur mon avant-bras
je porte un brassard
qu’aucun homme ne verra
c’est écrit
tenez bon
après dix secondes
et quelques jours à s’y appuyer
l’été retentira
au coin de la rue un cerf-volant échoué
sur une pancarte qui interdit l’accès au parc d’enfants
le ciel est rempli de prières
il doit refouler les anges
aujourd’hui j’ai vu
l’instinct de vie des monarques
chaque jour leur voyage de quelques mètres
entre l’appartement et l’épicerie
fleurit la rue Ontario
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Simon Painchaud est un homme de parole. Il écrit pour faire entendre celle des autres, et pour comprendre la sienne. Entrepreneur dans le très vaste champ du «contenu», il écrit aussi de la poésie. Son premier recueil Nul si découvert est sorti juste avant que les librairies ne soient elles aussi confinées.