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Sondecken, jeune gardien de la culture québécoise

Le TikTokeur fait découvrir la musique d’ici à la génération Z.

Par
Benoît Lelièvre
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S’il y a quelque chose dont TikTok ne manque pas, c’est des gens qui chantent et dansent. C’est d’ailleurs la principale critique formulée à l’égard de la plateforme : les jeunes n’y font rien de productif et se contentent de suivre des trends.

Mais, depuis quelques semaines, un jeune Québécois fait tourner les têtes sur la plateforme, même s’il chante et danse comme tout le monde. Depuis le 1er décembre, Sondecken, alias Dickenson Lavigne, un cégépien de 19 ans de Boucherville, connaît un succès fou avec ses vidéos TikTok célébrant la musique québécoise.

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Des Cowboys Fringants à Marie-Mai en passant par Kaïn, Sir Pathétik, Marc Dupré et quelques deep cuts d’Ariane Moffatt pour parfaire le tout, son compte prend la forme d’un véritable cours 101 sur l’histoire de la musique québécoise des trente dernières années.

À l’heure où on accuse les membres de la génération Z de s’éloigner de leurs racines en s’américanisant, Dickenson les célèbre et les présente à son audience dans un langage qui leur est contemporain.

La petite histoire d’un grand (et rapide succès)

« C’est pas du tout avec cette idée-là que je croyais percer », confie le jeune homme venu nous visiter à nos bureaux. « La première vidéo que j’ai fait, c’est La route est longue, de Gros Big, en story. Ça a pogné, mais pas tant que ça. Ça a vraiment levé quand j’ai fait La fin du show des Cowboys Fringants. »

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En quelques semaines à peine, le compte TikTok de Dickenson a passé le cap des 21 300 abonnés et plusieurs de ses vidéos cumulent plus de 200 000 visionnements. Parmi les plus populaires, on note Jet Lag de Marie-Mai en duo avec Simple Plan (307 000 vues), Paradis City de Jean Leloup (221 000 vues) et On leur a fait croire d’Alex Nevsky (240 00 vues).

Des chiffres impressionnants que plusieurs créateurs n’atteindront jamais. « Faire découvrir de la musique québécoise à mes amis, c’est quelque chose que je faisais bien avant d’être sur TikTok. Souvent, ils étaient surpris. Ils trouvaient ça bon. On juge beaucoup la musique québécoise sans prendre le temps de l’écouter. Ce que je fais, c’est pas tant différent de ce que plein de gens font sur TikTok, c’est la musique que j’utilise qui est différente », affirme Dickenson.

Crédit: Jean Bourbeau
Crédit: Jean Bourbeau
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Les parents de Dickenson n’étaient pas de grands férus de musique, mais le son de la radio l’a accompagné tout au long de son enfance et de son adolescence, à la maison comme dans la voiture. C’est ainsi qu’il a découvert Marie-Mai, les Cowboys Fringants, les Trois Accords et plusieurs autres. « La musique, c’est plus mon truc que le leur, mais ma mère m’a quand même légué son amour pour Éric Lapointe », explique-t-il.

Bien qu’il cède ici et là aux bombardements de demandes spéciales, Dickenson affirme avoir déjà une liste exhaustive de chansons à partager qu’il envisage de publier sous forme de playlist sur Spotify et Apple Music. « C’est un véritable échange de connaissances avec ma communauté. Parfois, je fais de belles découvertes. Je ne connaissais pas Sir Pathétik avant qu’on me demande de faire une vidéo avec sa musique. C’est vraiment bon, ce qu’il fait! »

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Devenir Québécois

Originaire d’Haïti, Dickenson est arrivé au Québec à l’âge de 4 ans après le tremblement de terre de 2010. Il ne reverra jamais ses parents biologiques et, au meilleur de ses connaissances, il est enfant unique. Même s’il n’est pas né ici, Dickenson est on ne peut plus Québécois.

Le jeune homme a fréquenté l’école secondaire De Mortagne et fait aujourd’hui partie de la brigade défensive des Seigneurs de Boucherville, l’équipe de hockey junior A de la ville. On le voit d’ailleurs en uniforme avec un de ses coéquipiers dans une vidéo où il fait du lip-sync sur On va s’aimer encore de Vincent Vallières.

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« Même si ça existe et que je suis pas du tout le premier, c’est quand même atypique de voir un jeune Noir en uniforme de hockey qui chante des chansons québécoises. C’est ce qui a capté l’attention des gens, je crois », raconte Dickenson.

Lorsque je l’ai rejoint sur TikTok, Dickenson m’a confié qu’il souhaitait surtout remettre les pendules à l’heure parce que sur les réseaux, on remet beaucoup en question son identité québécoise.

« Il faudrait qu’on s’entende sur ce que ça veut dire, être Québécois. Selon les vieilles mentalités, il faut être blanc, s’habiller d’une certaine façon et manger de la poutine. Maintenant, c’est beaucoup plus que ça. T’entends mon accent. On parle de musique québécoise ensemble depuis tout à l’heure. Je suis aussi Québécois que n’importe qui. »

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C’est vrai que l’accent de Dickenson est indéniable. Il se fait aussi critiquer au sein de sa propre communauté où on le traite « de blanc » parce qu’il fait la promotion d’une culture « qui n’est pas la sienne ».

« Je sais d’où je viens et je connais ma culture. C’est aussi possible de s’intéresser à une autre. L’un n’empêche pas l’autre », précise-t-il.

Le jeune créateur ne s’en fait toutefois pas avec la critique en ligne. Il y répond même ouvertement avec toute l’ouverture et la bonne humeur qui caractérisent ses vidéos. « Les commentaires négatifs viennent souvent de gens qui ne pensent pas avant d’écrire. Sinon, la majorité est très agréable à lire. On m’a dit une fois que je devrais être le prochain ministre de la Culture », dit Dickenson en éclatant de rire.

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Il est cependant d’accord sur le fait que la culture québécoise est en perte de vitesse et que sa génération est de plus en plus exposée à la culture américaine par le truchement d’Internet. Il ajoute que les jeunes n’ont simplement plus assez de modèles leur ressemblant.

« Je fais mes vidéos principalement pour le plaisir, mais je le fais aussi pour inspirer les gens à découvrir quelque chose que j’aime. Quand je reçois un message privé de quelqu’un qui me remercie de lui avoir fait découvrir tel ou tel artiste, ça fait toujours ma journée. »

Tant qu’à l’avoir avec moi je voulais aussi fait découvrir aux djeunes une chanson qui me tient à coeur :

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