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Slow News Day

Par
Éric Samson
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L’été, d’habitude, il se passe moins de choses. C’est le temps des slow news days qui se transforment souvent en slow news weeks et en slow news months.

Cette année, on s’en sort quand même pas mal bien, niveau actu. C’est sûr qu’avec des trucs comme Lac-Mégantic, nos médias peuvent faire pas mal de millage (on salue TVA/LCN), mais bon. Quand on m’a demandé de remplacer Jean-Martin Aussant le temps d’un billet, ma première réaction a été de me dire que c’était d’une ironie assez deluxe merci (je suis le genre de gars dont le poisson d’avril cette année était de faire semblant de devenir militant pour ON sur Facebook, ça vous donne une idée), et, tout de suite après, de me demander de quoi je pourrais bien parler.

Mégantic, on a pas mal fait le tour; quand on est rendus à faire des articles sur les gens qui viennent faire du tourisme-catastrophe… Ceci dit, j’ai quand même une pensée pour ces merveilles de la nature qui sont fâchés de ne pas pouvoir prendre de photos du train wreck même s’ils ont donné 100$ à la Croix-Rouge. Comme quoi le bon sens et le karma, ça s’achète pas, hein.

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Il y a toujours l’histoire du maire Gendron qui aime rouler sur des chatons avec son pick-up. Mais bon. On s’est tous fait royalement troller avec cette histoire-là; c’est clair que le gars a pensé à ses affaires. Il est sur Facebook comme tout le monde. Il le voit bien qu’à toute heure du jour ou de la nuit, le newsfeed moyen est composé d’au moins 30% de photos de chatons. Faire une virulente sortie anti-chatons, c’est le meilleur moyen de se faire du capital d’antipathie sur les réseaux sociaux, et, comme on le sait, les réseaux sociaux, c’est la vraie vie. D’ailleurs, on a tous mordu, et ça s’est rendu jusqu’à Buzzfeed, le paradis des articles comme « 23 chatons qui pensent qu’ils sont le Père Noël ». Il s’est excusé en prétextant l’humour. Ouan. C’est vrai que c’est le temps de Juste pour rire, dans le fond, et Mike Ward s’est assagi pas mal depuis le temps.

Il y a cette désolante affaire de Trayvon Martin, ce jeune homme noir qui s’est fait descendre par un « patrouilleur de voisinage » qui trouvait qu’il « avait l’air louche » parce qu’il portait un hoodie (notons qu’il n’était armé que d’un sac de Skittles, n’est-ce pas, taste the rainbow avec un arrière-goût de violence raciale). On n’en a pas beaucoup parlé ici, pourtant, alors que ça s’est passé en Floride, qui est pratiquement une banlieue du Québec. Ça a pris 6 semaines avant que son assaillant (mi-blanc mi-hispanique) George Zimmerman, se fasse arrêter, un an et quelques avant qu’il ait son procès, et seize semaines à un jury pour le trouver non-coupable. Depuis le début du procès et surtout depuis le verdict samedi, les tensions raciales refont surface et ça donne d’excellents articles dans The Onion, mais aussi des trucs comme LeVar « le black dans Star Trek » Burton à CNN qui raconte ce que sa mère lui avait dit de faire si jamais il se faisait arrêter. Tout ça est sidérant. Je ne sais pas comment ça se passe par chez-vous, mais dans mon coin, en tout cas, je n’ai pas l’impression que « walking while black » est un crime; de voir ça aller au pays d’Obama, ça nous rappelle qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire.

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Il y a toujours la fameuse loi anti-avortement au Texas, aussi, qui a fini par passer après une deuxième séance spéciale du Sénat texan, malgré le travail acharné des Démocrates (on se rappellera le filibuster de 13 heures de la sénatrice Wendy Davis). Il y a encore et toujours notre ami Stephen, qui cette fois-ci essaie d’avoir l’air tellement deux point zéro en annonçant son nouveau cabinet sur Twitter; ça fonctionne un peu, parce qu’on parle assez de la manière mais pas trop du résultat, soit que ce sont encore en grande majorité des unilingues anglophones qui gèrent ce pays qui n’est, de plus en plus, que bilingue de nom seulement. (Qu’on s’entende bien: je suis loin d’être anti-anglos, mais des fois je me dis que ce serait pas mal le strict minimum que les représentants du gouvernement fédéral puissent parler les deux langues officielles, yknow.) Il y a encore plein d’autres trucs qui se passent et mériteraient qu’on en parle.

Mais on peut aussi faire semblant que c’est un slow news day comme à chaque été. D’ailleurs, je vous quitte, il faut que j’aille m’hydrater. Ils me l’ont dit au téléjournal.

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