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Slow dating : (ré)apprendre à faire des rencontres amoureuses dans la lenteur
Après le slow living (la vie lente) la slow fashion (la mode durable) et le slow sex (le sexe conscient), c’est au tour du slow dating de se frayer une place dans nos vies effrénées.
Le slow dating, c’est l’apprentissage (ou le réapprentissage) de la rencontre amoureuse dans une optique révolutionnaire : prendre son temps.
Si les séances de speed dating et la multiplication des applications de rencontres nous ont encouragé.e.s à enchaîner les rendez-vous galants et les one night stand, le slow dating invite plutôt à la lenteur, à la profondeur et à la disponibilité émotionnelle.
C’est dans cette optique que Afterglo, une entreprise montréalaise qui s’est donné pour mission d’aider les humains à explorer leur propre définition du plaisir et à vivre leur sensualité pleinement, lance Slow dating, une série d’événements de connexion humaine.
La genèse (de l’amour)
« Je travaille dans plusieurs domaines et je rencontre beaucoup de gens différents », m’explique d’emblée Khoa Lê, réalisateur, restaurateur et cofondateur d’Afterglo. « Un jour, je me suis rendu compte, avec beaucoup d’étonnement, que beaucoup de gens de mon entourage, des amis de longue date, des connaissances, des collègues, ne se connaissaient pas entre eux. Pourtant, j’étais persuadé que tout ce monde-là s’entendrait vraiment bien. À la suite de ce constat, j’ai eu une grande envie de connecter les humains. »
Au fil de ces réflexions, les ami.e.s de Khoa Lê lui font une demande : devenir Cupidon.
« C’est vraiment pas facile de faire de nouvelles rencontres, particulièrement à l’ère des applications, des réseaux sociaux et des écrans », note Khoa, sans pour autant démoniser les Tinder et les Hinge de ce monde.
Par ailleurs, la pandémie et la distanciation sociale n’ont en rien aidé la propension à se cacher derrière son écran quand il est question de séduction. « C’est comme si on ne savait plus comment flirter. On cruise de moins en moins dans les bars et dans les party. Pourtant, il y a tellement de belles choses qui se passent quand on est en présence les uns des autres. Le charisme, la voix, la vibe, la spontanéité. De choses que l’on ne perçoit pas en cinq ou six photos sur son cell. »
Au-delà de ce constat, Khoa Lê considère que les plateformes de dating virtuelles nous poussent à nous mettre dans des cases. « Les gens sont tellement plus nuancés, complexes, multidimensionnels que ce que laissent paraître les applis, fait-il valoir. Ça nous force à nous positionner très rapidement. “Tu es mon genre” ou “ Tu n’es pas mon genre”. Dans la vraie vie, j’ai l’impression qu’on se laisse beaucoup plus surprendre par les autres humains. »
C’est en discutant avec Kim Levan, cofondatrice d’Afterglo, que Khoa décide de se lancer avec elle dans l’évènementiel, dans l’esprit ouvert, ludique et décomplexé de leur entreprise.
Slow dating IRL
« Ici, on swipe pas, on like pas, on s’envoie pas de dick pics, on ne ghost pas, on va plutôt se rencontrer pour vrai, en vrai comme dans le bon vieux temps! Les règles du jeu sont simples : on se dit bonjour, on discute d’intimité, d’amitié, d’amour, de relations et d’émotions autour d’un jeu de cartes ludique et d’un verre de vin sur une belle terrasse et on se dit au revoir (ou à bientôt) avant se de laisser. Tout ça dans une ambiance bon enfant et bienveillante », peut-on lire sur les réseaux sociaux d’Afterglo à propos de sa série d’événements Slow dating, dont la première édition verra le jour le 31 juillet.
Comment ça va se passer? Les célibataires de 30 à 45 ans qui souhaitent participer peuvent s’inscrire à l’événement qui les intéresse, en fonction de leur orientation sexuelle. Puis, 24 personnes seront sélectionnées par tirage au sort pour participer à chacun des trois événements organisés.. Sur place, elles seraient accueillies puis divisées en groupe de quatre, afin de discuter de différents sujets proposés sur des cartes originales. Une fois le jeu terminé, la soirée se poursuivra autour d’un verre de vin et de quelques bouchées. Il sera alors possible d’aller discuter avec la ou les personne.s qui ont piqué notre curiosité, qui nous ont intrigué.e.s ou à qui on a envie de faire une petite déclaration. Tout est possible.
« On avait envie de briser le côté “one on one” de la date traditionnelle, qui peut être très intimidante pour beaucoup de gens », affirme Khoa Lê, en spécifiant qu’une équipe sera sur place afin de potentiellement relancer des conversations qui s’étiolent, combler des silences (ça peut arriver!), ou tenir compagnie à des personnes plus timides. « On croit que le concept ludique et convivial de la soirée pourra aider certaines personnes qui ont du mal à dater. »
La preuve que les célibataires ont envie de mettre le nez dehors : l’équipe d’Afterglo, qui ne fait aucun profit avec ses soirées de dating, a reçu un très grand nombre d’inscriptions. Bien que les places soient limitées, les personnes qui ne seront pas pigées cette fois-ci seront automatiquement réassignées aux prochaines éditions.
Khoa raconte également que bien que l’événement soit initialement une soirée de rencontres amoureuses, il est possible que les gens connectent sur d’autres aspects. « Il y a peut-être du monde qui se fera des amis ou qui fera un peu de réseautage professionnel, et c’est vraiment correct. On veut avant tout que les gens se rencontrent sur le plan humain. Mais tant mieux s’il y a des gens qui rentrent ensemble, pour une nuit ou pour des années! »
Connexion, connexion, connexion
« C’est quand la dernière fois que tu as été ému? » « Quelle est l’insécurité qui t’empêche le plus d’agir? » « Pendant le sexe, le temps s’arrête quand… »
Voilà le genre de questions et de sujets de discussions auxquels s’adonneront les participant.e.s réuni.e.s.
« Les cartes ont été élaborées pour encourager les échanges et la découverte de l’autre », raconte Khoa, qui croit que ce n’est pas toujours facile de parler de soi, en date ou dans la vie en général. « Quand on rencontre une personne pour un blind date, c’est tentant de juste se poser des questions de base du genre “Tu fais quoi dans la vie”, “Où as-tu été à l’école”, “C’est quoi tes passions”. Mais avec des questions parfois plus deep, parfois plus légères comme celles de nos cartes, on accède à une plus grande vulnérabilité et une belle intimité, sans même s’en rendre compte. Ça permet de capter l’essence des gens, d’une certaine manière. »
Si, pour l’instant, l’équipe d’Afterglo propose trois événements de Slow dating, d’autres sont déjà sur le feu.
« Pour le moment, on s’adresse aux personnes de 30 à 45 ans, qui se définissent comme gais, comme lesbiennes et comme hétéros », détaille notre Cupidon, en mentionnant au passage que douze personnes trans se sont inscrites et que les hommes hétérosexuels est le groupe le moins représenté dans le bassin de candidatures. « Dans le futur, on aimerait ouvrir aux personnes de 45 ans et plus, qui ont assez peu de lieux pour faire des rencontres dans “la vraie vie”. »
Loin du speed dating, des pick up lines douteux et des « salu sa va » : c’est peut-être là que se trouve la clé des cœurs. Dans la lenteur, la présence en coeur à coeur et la connexion humaine, les yeux dans les yeux.