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S’inscrire au chômage et vivre dans l’attente de son premier chèque
On dit souvent que le temps, c’est de l’argent, n’est-ce pas? Et bien, entrer sur le chômage, c’est avoir beaucoup du premier et manquer cruellement du deuxième. C’est particulièrement vrai quand on attend l’arrivée du premier chèque. On m’avait averti que ce serait long, je m’étais mis de l’argent de côté, mais jamais je n’aurais pensé que ce serait un tel char de marde…
Formulaire d’inscription et autre paperasse
Dès le lendemain du jour où j’ai perdu ma job, j’ai pu me familiariser avec le processus d’inscription à l’assurance-emploi. Au total, ça prend une heure ou deux pour passer au travers du questionnaire en ligne. Il faut le faire le plus rapidement possible après la fin de l’emploi, parce qu’à partir de quatre semaines après, vous pouvez perdre une partie de vos prestations, mais surtout parce que ça peut être long en verrat avant de recevoir son premier chèque.
Première chose à savoir, l’inscription se fait exclusivement via Internet. Bien que chiant à remplir, le formulaire est relativement simple.
Bien que chiant à remplir, le formulaire est relativement simple.
Conseil d’expert, assurez-vous d’avoir le maximum de vos talons de paie des 52 dernières semaines parce que parmi les informations demandées, vous devrez indiquer les semaines où votre «rémunération assurable» était la plus élevée lors de votre dernière année de travail. Ces informations serviront à fixer la prestation que vous recevrez.
Ne faites pas comme moi qui n’avais jamais demandé à avoir accès à mes talons de paie, ce qui a fait en sorte que j’ai dû sauter cette question à l’inscription. Résultat, j’ai dû remplir un autre formulaire par la suite et m’enfoncer un peu plus dans les dédales de la bureaucratie fédérale pour faire ajuster mes prestations… Croyez-moi, ça n’a rien d’agréable.
Introduction à la bureaucratie gouvernementale
Une fois la demande envoyée, il ne vous reste plus qu’à attendre, attendre et attendre encore. N’attendez pas la moindre communication de la part des fonctionnaires qui s’occupent du chômage, vous n’en aurez pas. C’est à vous de faire les démarches pour que ça débloque.
Le gouvernement du Canada vous fera parvenir un NIP par la poste si vous n’en aviez pas déjà un. Gardez-le précieusement, il vous servira à suivre l’état de votre demande, mais aussi à aller faire vos déclarations bimensuelles d’assurance-emploi. Attendez-vous cependant à ce que le message «en révision» s’affiche longtemps dans votre dossier.
Attendez-vous à ce que le message «en révision» s’affiche longtemps dans votre dossier.
Dans mon cas, ç’a mis deux mois entiers avant que je reçoive mon premier chèque. Heureusement, il était rétroactif. Ça m’a permis de rembourser l’argent que j’avais emprunté à droite et à gauche en attendant de recevoir mes prestations.
C’est que, voyez-vous, il faut envoyer votre relevé d’emploi officiel pour être admis. Celui que je m’étais procuré provenait du site web de gestion des paies de mon ancienne job et on ne m’avait pas averti, lorsque je suis allé le porter au bureau de Services Canada, que ce n’était pas une copie valide. La bonne version, je ne l’ai reçue qu’un mois et demi après avoir quitté mon emploi.
Pauvreté, révolte et solidarité
C’est dans des moments semblables que l’on comprend d’où sortent toutes les idées qu’on a pu voir au petit écran dans Les Bougons, par exemple. Ces petites crossettes, comme je les appelle, on y pense énormément quand on a tout notre temps, mais qu’on n’a pas une cenne et qu’on se demande quelle sorte de canne de soupe il reste dans l’armoire.
On peut aussi vivre de beaux moments quand on n’a pas un sou en poche.
Mais tout n’est pas si noir, on va se le dire. On peut aussi vivre de beaux moments quand on n’a pas un sou en poche. La plupart du temps, ces belles expériences sont le fruit de la solidarité entre paumés de cette société. Je pense entre autres aux chums qui vous paient la bière pour vous sortir de chez vous, aux coups de main que vous avez le temps de donner aux voisins et amis en journée, mais également au chauffeur d’autobus qui, sans rouspéter, vous laisse passer sans payer.
Y était temps!
Quel soulagement ç’a été de recevoir enfin mon premier chèque! Après des heures passées au téléphone à essayer de comprendre pourquoi je n’avais aucune nouvelle, après trois ou quatre visites au bureau de l’assurance-emploi afin d’aller porter des documents pour compléter ma demande, c’était comme si, enfin, le monde s’ouvrait à moi.
J’allais enfin pouvoir profiter de mon temps sans me casser la tête pour payer le loyer à la fin du mois. Ce ne serait pas le gros luxe, mais ce serait au moins un bon minimum. C’est presque comme si le système essaie de t’affamer avant de te lancer deux ou trois pinottes. Après ça, tes 326$ par semaine t’apparaissent comme un salaire enviable. C’est fou ce qu’on peut tolérer une fois qu’on a touché le fond.