L’inépuisable Simon Gouache s’apprête à lancer Une belle soirée, son second one-man-show en carrière. Nous l’avons rencontré afin de discuter d’intégrité, d’humilité et de la relève en humour.
Les humoristes qui arrivent à vivre de leurs blagues ne sont pas légion au Québec. Outre les grands noms comme Mike Ward ou Martin Matte et les jeunes chanceux à la carrière boostée aux webséries, quelques « vieux » routiers, parfois un peu plus dans l’ombre, réussissent tout de même à faire de la scène leur gagne-pain. Simon Gouache fait partie de ces privilégiés.
« Un commentaire qui revenait souvent, c’est que j’avais l’air prétentieux. J’arrivais mal à communiquer avec mon public à cause de ça, alors qu’ironiquement, je n’avais pas vraiment d’estime de moi. »
Découvert il y a peu de temps par le grand public, l’humoriste roule sa bosse dans le milieu depuis maintenant 12 ans. À sa sortie de l’École nationale de l’humour en 2007, le jeune Simon se cherche. Il travaillera quelques années on the side dans une boite de pub avant de choisir la scène, une avenue qui l’amènera à confronter son anxiété.
Ceux qui fréquentent ses spectacles à l’époque font face à un personnage à l’attitude suffisante, affichant l’air de celui qui est au-dessus de tout, mais qui n’était en réalité qu’un masque lui permettant de bien performer. « Un commentaire qui revenait souvent, c’est que j’avais l’air prétentieux. J’arrivais mal à communiquer avec mon public à cause de ça, alors qu’ironiquement, je n’avais pas vraiment d’estime de moi. »
L’humoriste se lance dès lors dans un travail de recherche. Amateur de stand-up classique à l’américaine, Simon plonge dans l’humour d’observation et décide d’y jumeler son vécu et sa vision des choses « au travers du filtre de l’anxiété ».
« J’ai saisi que c’était ça ma job. Prendre des choses banales de la vie de tous les jours, des émotions que tout le monde a, et de les traduire en mots en les remâchant dans une formule comique. Et pour ça, ben il fallait que je parle de situations concrètes. » En assumant mieux qui il est, Gouache gagne en assurance. Il enchaine les premières parties de Louis-José House et plusieurs galas, notamment au festival Juste pour rire où il est sacré Révélation de l’année en 2014. C’est aussi là qu’il est découvert par le grand public grâce à son numéro sur le crossfit, qui devient rapidement viral sur le web.
Le succès n’a donc pas été automatique et il n’aurait pas voulu qu’il en soit autrement. Ce parcours est celui qui lui a permis d’acquérir les qualités qui font, selon lui, les bons humoristes : le naturel et l’aisance sur scène, ce qui ne vient qu’avec l’expérience et un travail acharné. D’ailleurs, s’il est impressionné par la nouvelle génération, menée de front par Arnaud Soly, Julien Lacroix ou Rosalie Vaillancourt qui se donnent corps et âme à l’humour grâce à des capsules web, il ne peut que leur conseiller de ne pas oublier ces nécessaires années de rodage et d’expérimentation.
Le succès n’a donc pas été automatique et il n’aurait pas voulu qu’il en soit autrement. Ce parcours est celui qui lui a permis d’acquérir les qualités qui font, selon lui, les bons humoristes : le naturel et l’aisance sur scène, ce qui ne vient qu’avec l’expérience et un travail acharné.
Cette éthique de travail et cette quête d’authenticité font aujourd’hui partie intégrante de son arsenal de création, des essentiels dont d’autres humoristes devraient peut-être s’inspirer. Surtout quand on pense aux récentes controverses liées au plagiat en humour. Questionné à ce sujet, l’humoriste s’emporte : « Le plagiat, pour moi, c’est la ligne à ne pas franchir en humour. Dans le cas de Gad Elmaleh, je crois que c’est tout simplement de la paresse intellectuelle. Mais quand il s’agit d’humoristes plus établis qui vont voler des jeunes, ça me met vraiment en crisse. » Selon lui, si la situation ne se présente pratiquement jamais au Québec, le phénomène est fréquent en France. Il regarde néanmoins le futur avec espoir, alors que la culture de l’humour subit actuellement de grandes transformations, entre autres grâce à l’influence du stand-up dans la Belle Province.
Inutile de dire que vous ne verrez pas de gags volés dans le cadre du prochain spectacle de Simon Gouache, mais bien un humour marqué par son vécu et sa propre vision des choses. La première de Une belle soirée s’annonce d’ailleurs être à elle seule un événement fort intéressant : les fans pourront assister aux deux one-man-shows de Gouache l’un après l’autre le 30 mars prochain, alors qu’il jongle présentement avec les derniers spectacles de sa première tournée et le rodage de la seconde. « C’est complètement épuisant. Je voulais essayer de ne pas prendre de pause entre mes deux shows et j’ai vraiment voulu pousser le concept à l’extrême en offrant qu’un entracte entre les deux. Je crois pas que je le referais, mais j’ai hâte! » D’ici là, vous pouvez toujours assister aux dernières représentations de Gouache par Simon Gouache dans les prochaines semaines aux quatre coins du Québec!
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L’événement « Une première, une dernière », où on pourra voir à la fois le spectacle Gouache et Une belle soirée aura lieu le samedi 30 mars au MTelus. Pour connaître les détails et les autres dates de spectacle, c’est par ici.
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Cette entrevue a été réalisée dans le cadre de la 23e édition des Jeux de la communication qui s’est déroulée du 6 au 10 mars 2019 à Montréal. URBANIA ainsi que Royal Photo étaient partenaires de l’épreuve « Portrait journalistique » lors de laquelle le texte et la photo qui l’accompagne ont été produits.
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