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Sexbot : mon robot me baise

La prochaine révolution sexuelle pourrait bien être celle des robots : des poupées interactives, mais aussi dotées d’intelligence artificielle.

Par
Xavier Arpin-Delorme
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Vous vous souvenez du personnage de Jude Law dans le (très ordinaire) film I.A. ? Si ça ne vous dit rien, il s’agissait de Gigolo Joe, un androïde prostitué qui explique à sa cliente qu’après une nuit avec lui, elle ne voudra jamais plus d’un vrai homme. Cette scène de science-fiction est peut-être moins loin d’une réalité future qu’on le croit maintenant.

On le lit partout : les avancées en robotique et en intelligence artificielle explosent dans tous les domaines possibles. Et quand il y a un profit à faire, l’industrie du sexe n’est jamais bien loin. Les premiers prototypes de sexbots ont été dévoilés il y a plus d’un an : des sex dolls « nouvelle génération » non seulement truffées de sex-toys dernier cri pour imiter les organes humains, mais aussi munies de programmes d’intelligence artificielle pour interagir avec leurs « clients ». Les robots connaissent les préférences de leur utilisateur et peuvent également analyser leur comportement avant de réagir en conséquence (par exemple, réaliser qu’il est sur le point d’avoir un orgasme). Ultimement, un robot sexuel vous baise « exactement » comme vous le voulez et possiblement mieux que n’importe quel humain. Et ça, ça en terrifie plusieurs.

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Un scandale à Londres

À Londres, l’ouverture d’une possible maison close composée uniquement de poupées et de sexbots a créé un petit scandale dans l’opinion publique, il y a un an de ça. Une campagne nationale « Campaign Against Sex Robots » a été lancée pour sensibiliser aux « dangers qu’ils posent pour les relations humaines ». En effet, cette nouvelle réalité soulève une question d’importance : pourquoi se casser le bécyk à faire des compromis pour des relations amoureuses compliquées quand on peut avoir une ou un (oui, des versions monsieurs existent aussi) robot docile, silencieux et qui répond à nos moindres désirs?

certaines initiatives ont contribué à de grandes avancées sociales : le vibrateur a aidé à démystifier la sexualité féminine; la pilule contraceptive a diminué l’importance de la reproduction dans le sexe.

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Or, pour plusieurs éthiciens de la technologie, si les sexbots pouvaient amener des changements majeurs, la réalité sera probablement plus nuancée que celle imaginée par leurs détracteurs. Non, les sexbots ne nous transformeront pas tous en misanthropes ne cherchant que des rapports robotiques, coupés de notre humanité. Une technologie, en elle-même, n’a pas de pouvoir sur l’inconscient humain; cela dépend toujours de comment on décide de l’aborder, de la place qu’on lui donne dans nos vies. En d’autres mots, tout est possible.

Des robots bénéfiques pour les relations humaines?

Pour certains experts, les sexbots peuvent même AIDER les relations humaines. Par exemple, un sexbot peut être programmé pour donner une expérience éducative sur le consentement possiblement plus concrète que n’importe quel exposé, étant donné la relation directe humain-robot. Il peut être aussi un outil d’apprivoisement de la sexualité pour des personnes vivant des difficultés liées à l’acceptation de soi ou suite à un traumatisme. Des femmes peuvent également investir l’industrie et rendre le produit final moins centré sur le plaisir masculin et plus adapté aux différences (comme certaines l’ont fait avec la porno ou les jouets sexuels).

Même si la technologie semble se mettre entre l’autre et soi, au final, on reste les mêmes humains habités par les mêmes désirs.

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Au fond, la peur de l’invasion du sexe par la technologie est ironique en quelque sorte. Quand on regarde lHistoire de la sexualité, les deux domaines ont constamment évolué en s’entrecroisant. On n’a qu’à penser aux jouets sexuels, moyens de contraception, pornographie, Tinder-Grinder, etc. Et certaines initiatives ont contribué à de grandes avancées sociales : le vibrateur a aidé à démystifier la sexualité féminine; la pilule contraceptive a diminué l’importance de la reproduction dans le sexe.

Bien sûr, il y a des intérêts financiers et corporatifs derrière ces exemples à la base, mais encore là, c’est la société qui s’est approprié ces technologies et en a fait des objets de revendication et d’émancipation. À leur époque, elles avaient, elles aussi, leurs opposants qui prédisaient l’apocalypse relationnelle si on laissait libre cours à ces inventions du diable.

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Même si la technologie semble se mettre entre l’autre et soi, au final, on reste les mêmes humains habités par les mêmes désirs. Donc, peu importe à quel point les sexbots deviennent semblables à de vraies personnes, il y aura toujours un petit quelque chose dans leur regard, une absence d’étincelle, qui nous rappellera qu’ils restent programmés pour nous satisfaire et nous aimer. Et cela nous fera toujours voir une autre personne comme étant unique et désirable. Peu importe le nombre d’écrans entre l’autre et soi, ce qui nous excite quand on envoie des textos à notre date Tinder, ce n’est pas l’écran du téléphone ou l’application, c’est simplement de savoir qu’à l’autre bout, quelqu’un fait le choix de nous désirer et d’être intime avec nous.

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