Lu vivait encore chez ses parents lorsqu’il a adopté Simba, un chat noir et blanc qu’il décrit comme un « petit criss attachant qui adore jouer ». Lorsqu’il a quitté le nid familial, sa colocataire et meilleure amie était très allergique à Simba, il l’a donc laissé chez son père, un locataire.
Son propriétaire a toutefois dû reprendre le logement en raison de problèmes de santé. Le père de Lu devait donc trouver un nouvel appartement après y avoir vécu pendant plus d’une décennie. Ses recherches pour trouver un nouvel appartement qui accepte les animaux n’ont malheureusement pas porté fruit. La mère de Lu étant également locataire, elle ne pouvait également pas prendre Simba puisque son propriétaire interdit les animaux.
« Ma mère, mon père et moi, on était tous dans des situations où on ne pouvait pas garder le chat. Ça a fait vraiment mal », confie Lu.
Avoir bénéficié d’un certain écart de temps entre le premier au revoir de leur proximité quotidienne et leurs derniers adieux lui ont permis de vivre un peu mieux la séparation, explique Lu, les larmes aux yeux.
« Ça reste encore mon chat, j’en parle encore au présent comme s’il était là ».
Dans un communiqué de presse de la SPCA datant du 27 juin dernier, ceux-ci rapportent une hausse de 21% d’animaux laissés dans leurs établissements. Au moment du communiqué, c’était plus d’un animal par jour qui se faisait abandonner en raison de déménagements. L’organisme a également fait une pétition en 2022 visant l’abolition de l’interdiction des animaux sur les baux résidentiels et celle-ci a obtenu 33 157 signatures.
Les impacts de l’interdiction des animaux
Après avoir écoulé toutes ses options, Lu a donné Simba à un collègue de sa mère. Celui-ci lui envoie régulièrement des photos de son chat et lui donne des nouvelles lorsqu’ils se croisent au quotidien.
Malgré tout, l’interdiction des animaux en appartement a été pour Lu et ses parents un enjeu de taille lorsqu’ils étaient à la recherche de solutions.
« Comment ça se fait qu’on n’ait pas encore passé de loi pour que les propriétaires ne puissent pas interdire les animaux ? », témoigne-t-il, mécontent.
Étant experte en philanthropie animale et ancienne employée de la SPCA, Katherine a régulièrement vu des cas de personnes forcées d’abandonner leurs animaux en raison d’une difficulté à trouver des logements qui les acceptent. « Je pense que c’est un gros problème, pas juste au Québec, mais dans toutes les grandes villes », confie l’ancienne employée.
Lorsqu’elle travaillait à la SPCA, Katherine essayait de prodiguer des conseils aux personnes qui vivaient des situations similaires. « On leur disait d’offrir à leur propriétaire de faire un dépôt de sécurité », chose qu’elle avait elle-même faite avec son ancien propriétaire.
Ayant vu plusieurs cas de négligence de locataire, elle comprend également pourquoi certains propriétaires veulent se protéger. « J’ai été témoin de situations dégueulasses. À un moment donné, il y en avait un qui avait 85 chats dans un quatre et demi », dit Katherine, visiblement aigrie par la situation.
L’adoption d’Alice
Mélodie a adopté Alice, un chat Sphynx, lorsque celle-ci avait environ trois ou quatre ans. Sa voisine avait un élevage, mais elle avait arrêté ses activités. Elle demeurait tout de même avec sept chats qui n’avaient pas trouvé de famille.
Malgré qu’elle était douce comme le velours, son attitude, elle, était plutôt épineuse. Étant la seule femelle de sa portée, elle a dû faire sa place d’une manière agressive pour se faire accepter par ses frères. « Elle était vraiment violente. Elle griffait les autres chats. […] D’ailleurs, un des chats qui n’était pas adopté avait un œil en moins. C’est Alice qui lui avait arraché », raconte Mélodie.
Malgré tout, Mélodie a eu un réel coup de foudre pour la petite chatte. Lorsqu’elle allait visiter sa voisine, Alice allait toujours la voir. Elles ont développé un lien unique.
Puis, dû à une situation financière difficile et un retour aux études, Mélodie a dû retourner vivre chez son père. Celui-ci ayant déjà un chien et deux chats, ils en ont convenu qu’un quatrième animal serait de trop.
« C’était mon premier animal à moi. […] Ça a été un peu comme si on me séparait de mon premier enfant », se confie Mélodie.
Katherine pense que l’on a tendance à considérer toutes les personnes qui apportent leurs animaux à la SPCA comme des mauvaises personnes, mais bien souvent, ça va beaucoup plus loin que ça. « Ce n’est pas parce que tu te retrouves dans une situation précaire pendant un certain temps que t’es nécessairement un mauvais maître », dit-elle.
Puis, elle parle d’un organisme établi en Colombie-Britannique, Paw for Hope, qui a pour but d’éviter qu’un animal se retrouve dans un refuge en soutenant les familles. Elle ne connaît par contre pas d’organisme similaire au Québec, mais pense qu’une initiative de la sorte pourrait être une bonne aide temporaire.
Mon chat, pour toujours
Finalement, Mélodie a donné Alice à un bon ami qui était à la recherche d’un chat pour tenir compagnie à son autre chat Sphynx. N’ayant pas de poils, cette race de chats est très frileuse et affectueuse, elle voyait donc cette option comme étant la meilleure.
Avant d’officialiser le tout, elle a amené Alice à plusieurs reprises dans sa future maison pour qu’elle s’y sente à l’aise. « Je pense qu’il faut s’assurer que la personne ou le lieu où tu le laisseras sera un bon endroit pour ton animal. Puis, de le faire dans les meilleures conditions possibles. »
Aujourd’hui Mélodie ne voit malheureusement plus Alice, mais elle reçoit régulièrement des photos. Entre-temps, elle a adopté deux chats Highland Lynx, Tigrou et Winnie.
« Depuis Alice, je ne peux plus vivre sans un animal ».
Un tatouage d’Alice ornant sa jambe, Mélodie n’oubliera jamais son premier chat.