On en parle de plus en plus ici et ailleurs et, vraiment, il ne faut plus se gêner pour en parler. La santé mentale, surtout sa santé mentale, il ne faut pas en avoir honte.
Admettre ses faiblesses, mettre un genou par terre, demander de l’aide, prendre des journées pour se guérir même si, concrètement, il n’y a pas de saignement ou de fièvre. Quand on jongle avec des humeurs ascenseurs et une tête qui pique parfois du nez, on peut se retrouver dans un long cul-de-sac duquel s’extraire semble une fantaisie. Des idées noires, on en collectionne et se sentir submergé est facile.
La santé mentale, surtout sa santé mentale, il ne faut pas en avoir honte.
Je dois l’avouer, ça faisait quelques mois, voire quelques années, que le premier son à sortir de ma bouche au réveil était un soupir de découragement. « Encore une autre journée » est une idée qui m’a souvent traversé l’esprit, doublé d’une forte envie d’enfouir mon visage dans l’oreiller pour oublier qu’il y a une vie à vivre.
Force est d’admettre que ces soupirs s’accumulent et la lourdeur se trace au crayon indélébile autour de nos ambitions. Parce que oui, même avec l’âme sous l’horizon, les ambitions existent encore. Mais elles ne parlent plus suffisamment fort pour se faire entendre et écouter.
Les soupirs matinaux, dans ce scénario, exercent une dictature sur l’humeur et même les plaisirs du quotidien, de la romance ou de la famille n’y peuvent rien.
On se sent disparaître d’une vie qui nous interpelle de moins en moins.
Les soupirs matinaux, dans ce scénario, exercent une dictature sur l’humeur et même les plaisirs du quotidien, de la romance ou de la famille n’y peuvent rien.
De là l’importance d’en parler de nos chutes pour en extraire l’espoir qu’un jour les choses se placeront. Avec des partages, de l’écoute et de la compassion, on peut faire résonner nos histoires dans le cœur des naufragés qui, dépourvus dans leurs eaux troubles, pourraient y trouver une bouée.
Dans ma grisaille et mes soupirs, j’ai tenté de venir en aide du mieux que je pouvais à des amis qui vivaient d’autres détresses. J’ai prêté mon oreille, souvent à distance, et même dans mes moindres efforts j’ai trouvé une forme de cheminement — une utilité.
J’ai aussi parlé des moments où j’avalais une trop grosse gorgée d’eau. Peut-être pas assez et peut-être pas toujours aux bonnes personnes, mais j’ai tenté le coup de me faire entendre. Ne sous-estimez jamais l’ampleur de vos downs, parce qu’il n’y a pas de mauvaise raison d’avoir l’impression que la musique de la vie est un peu trop forte pour les oreilles de nos humeurs.
Ce n’est pas facile et les résultats ne sont pas immédiats, mais vient un matin où tu te réveilles sans l’envie d’éteindre l’univers. Puis un autre, et un autre, et un doublé d’un sourire et même d’un enthousiasme à se lever.
Prenez des journées de congé, refusez des invitations, sautez un 5 à 7 si le cœur vous en dit. Instagram vous martèlera que la vie, ça se passe ici et maintenant avec des #YOLO et autres mots tendances, mais la vie, c’est aussi de s’écouter malgré les pressions sociales.
Chacun doit composer avec sa santé mentale à sa façon et il ne faut pas non plus se sentir mal de demander de l’aide professionnelle. Dans mon cas, je n’ai pas apprécié l’expérience et je n’avais pas l’impression que c’était pour moi en raison de mon approche et de ma façon de gérer mes émotions. Je n’ai peut-être juste pas trouvé chaussure à mon pied. Avec plusieurs essais et erreurs, j’ai l’impression d’avoir trouvé une formule efficace pour moi et qui s’harmonise avec mes nombreuses contradictions.
Ma formule ne sera pas forcément la vôtre et vos préférences n’iront pas à tout le monde. Sauf qu’en centrant l’effort sur vos envies, il y aura quelque chose comme une satisfaction même si, souvent, le monde autour vous fixera avec un regard dubitatif.
Prenez des journées de congé, refusez des invitations, sautez un 5 à 7 si le cœur vous en dit. Instagram vous martèlera que la vie, ça se passe ici et maintenant avec des #YOLO et autres mots tendances, mais la vie, c’est aussi de s’écouter malgré les pressions sociales.
Ça fait très New Age comme approche, je me fais presque peur, mais il faut se dédouaner du regard de l’Autre. C’est trop de pression sinon et ça ne vaut plus le coup de mettre un pied devant l’autre. Même pour la séduction ou les nouvelles rencontres, ça ne vaut pas le coup de se faire violence quand on sait qu’on retarde un inévitable repli dans notre forteresse de solitude.
Assumez vos faiblesses, elles font partie de vous et oui, éventuellement, elles s’harmoniseront avec votre quotidien. Ainsi, les soupirs matinaux ne seront qu’un mauvais souvenir et on se surprend à être heureux d’affronter les journées au lieu de les subir.