.jpg)
Aujourd’hui je suis zen, mais y’a trois semaines, on pouvait me ramasser à la petite cuillère tant mon self-esteem ressemblait à une grosse montagne de sucre sur le plancher de la cuisine.
C’est qu’un petit lundi du mois de mai, la chère haute administration de l’entreprise où j’avais commencé à travailler deux semaines plus tôt, a décidé de supprimer mon poste. Comme ça, sans crier gare! Une belle claque dans la face, qui a fait de ce lundi, une journée mémorable.
Un rêve qui a viré pas mal vite au cauchemar. Surtout quand ton compte en banque crie famine.
On rewind.
Fait que lundi matin, je me fais un café comme à l’habitude avec ben de la mousse su’l top. La mousse de café, ça me met toujours de bonne humeur, même les lundis matins. Je transvide ce liquide ô combien nécessaire à ma survie et à ma ride en transport en commun dans ma tasse de voyage.
Je me dirige donc vers le bureau sans me douter que ma vie allait atteindre un point de non-retour 60 minutes plus tard. Rien de moins.
Arrivée, je m’acquitte aussitôt de mes tâches quotidiennes. Round-up de l’actualité, programmation de quelques publications sur les réseaux sociaux et gestion de la tonne de courriels reçus la veille. Un petit matin, tranquille quoi!
Une madame – pour moi toutes les femmes en talons hauts avec un brushing parfait sont des madames – vient à mon cubicule et me prie de la suivre. Elle m’amène au deuxième étage et me demande de m’installer confortablement sur une chaise qui, entre vous et moi, ne semble pas du tout confortable.
À ce moment précis, je passe en revue les motifs possibles motivant cet entretien : Ai-je oublié quelque chose? Ai-je fait une gaffe? Quelqu’un s’est-il plaint? Négatif.
Bon, ben je vais perdre ma job, que je me dis.
Et ce qui devait arriver arriva. J’ai eu le droit au speech de renvoi. La restructuration you know. Le manque d’argent. Alouette.
“Ce n’est pas toi, c’est nous.”
Ah ok. Je suis rassurée. Je vais sortir ça comme excuse à ma proprio quand le moment de payer le loyer sera venu. Merci. Ugh.
Je roule des yeux jusqu’à me les fouler. Je lui serre la main – faut ben rester polie – et attends les directives pour la suite des choses. C’est que me faire remercier, ça ne m’est jamais arrivé auparavant. Y’a une première fois à tout, semblerait-il.
On me demande de ramasser mes affaires, de laisser cellulaire et ordinateur sur le bureau avec les mots de passe correspondant et on me souhaite bonne chance.
Basta. Ciao. Adieu. À 9h30, un chapitre venait de se terminer, après 14 jours d’existence. L’absurdité de la situation me faisait autant rire que rager. Mixed feelings.
En direction d’un café, en rêvant à un latté pour me calmer les nerfs, je suis déjà à la recherche d’un nouveau gagne-pain via les réseaux sociaux. Recherche 2.0.
Le mode survie s’est enclenché de lui-même, I guess.
Gestion de crise
Ce lundi-là, je l’ai passé à flâner dans les boutiques, en regardant des morceaux de linge que je ne pouvais plus me payer, à faire des jokes poches sur mon compte en banque qui sera à zéro dans quelques jours et à me retenir de brailler de découragement.
Je suis allée au cinéma voir le dernier film mettant en vedette Ryan Gosling pour me consoler – conseil d’amie : à moins d’avoir un besoin viscéral d’entendre sa voix et de voir sa face ce film n’en vaut pas la peine – pour ensuite atterrir dans un bar à me goinfrer de poutine sauce au foie gras – histoire de flamber mes derniers bidous – et de pinteS de blanche.
Y’a rien trop de beau quand tu te retrouves sur le chômage. Treat yo’self, qu’ils disent.
Le lendemain, un peu zombie, toujours fâchée en train de refaire mon CV de A à Z, juste pour m’occuper l’esprit, y’a de quoi qui a poppé. Un petit déclic. La switch a tourné à on. La panique s’est emparée de mon corps.
Qu’est-ce que j’allais faire?
On s’entend que la saison estivale est le pire moment pour se trouver un emploi. Je ne peux pas mettre mes paiements sur pause jusqu’à l’automne. Eh oui, je suis de ceux qui n’ont pas tant d’économies de côté. Je sais, je fais dur.
La seule chose intelligente que j’ai trouvé à faire, c’est d’aller prendre une douche en plein milieu de l’après-midi et de pleurer sous le jet. Gérer ses émotions, façon Sony.
Le déni s’est niché dans mon coco pendant encore quelques jours. Impossible de demander à mon cerveau de process l’info. Je n’avais pas encore les facultés pour faire ça. Je faisais un blocage.
Tous ces efforts, toute cette attente, pour un poste dans mon domaine qui après deux semaines m’a filé entre les doigts. T’sais quand tu te crois ben fine, pis ben plus smart que la vie, cré-moi qu’elle se gêne pas pour te rappeler que c’est elle le boss. C’est elle qui mène.
Ouin.
Déni. Colère. Tristesse. What’s next?
Dans les étapes vers l’acceptation de ma situation, il manquait LA plus importante. Celle qui comprenait d’enflammer le dance floor, des shots de tequila, pleurer trop pour rien, pis me lever le lendemain avec l’envie de m’arracher l’estomac et de lui faire passer une detox façon Gwyneth Paltrow. Du jus vert par intraveineuse, s’il vous plaît.
Puéril, immature, name it. Je m’en fous. Danser le mal away, c’est ce qui m’a totalement réconcilié avec la vie.
Ça, pis de constater que j’étais malgré tout bien chanceuse dans ma malchance. J’ai ma douce moitié qui a tout pris en charge le temps que je me vire de bord, mes amis qui m’ont accompagné dans mes délires m’ont offert leur épaule, alcool, encouragements et ben, ben du love. Une famille tissée serrée qui m’a lancé un “le meilleur est à venir, tu verras” qui au début me faisait siller les oreilles, pour ensuite devenir un mantra, une berceuse qui m’aide à m’endormir.
Et par-dessus tout ça, je suis un peu retombée en amour avec moi-même. Avec ma force, ma résilience, ma persévérance, pis ma tête de cochon.
Fait que bring it on la vie, pour vrai, j’ai pu peur de toi.
***
Pour lire un autre texte sur le même sujet : “Veuillez quitter immédiament, merci” par Catherine Ethier