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Sauvez les veuves et les orphelins – mais surtout votre conscience

Par
Aurélie Lanctôt
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Vous connaissez la campagne humanitaire Radi-Aid, Africa for Norway? Oh que Poignante, oh que troublante! Non mais sans blague, on n’y pense pas assez à ces pauvres enfants norvégiens qui meurent de froid. De l’altruisme comme on n’en voit plus, je vous dis…

Ça fait un bon moment que j’ai vu passer la campagne Radi-Aid. Mais on n’en parle pas assez.
D’abord, franchement, je trouve ça beau de voir enfin un élan de solidarité en provenance du Sud. Venir en aide aux populations scandinaves qui souffrent des affres de la nordicité… Ces Africains choyés qui se délestent courageusement de leurs radiateurs, dans l’espoir de ménager la couenne de leurs semblables de l’hémisphère Nord : c’est grandiose. De la coopération internationale comme il s’en fait peu. Une lueur de beau et de vrai dans un monde de désolation …
Pendant qu’il en est encore temps, donnez, mes amis, pour les innocentes victimes des grands froids norvégiens!
fundraising
glitters
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branding
fundraising
« We are frustrated with the way countries are treated in fundraising initiatives. The standard narrative repeated all over is bad. It’s misleading and incomplete
Eux
Nous
« As if ‘we’ were trying to confirm ourselves as rich and successful. And on the other side, you have ‘them’, who can’t do anything but wait. This is an image a lot of people have, and it’s destructive »
Selon lui, en enracinant des clichés qu’elles devraient plutôt combattre, les organisations humanitaires font littéralement advenir le problème autant qu’elles ne le résoudent. Un peu comme une prophétie autoréalisante.
Ainsi, malgré les vertueux principes de « coopération internationale » qu’on brandit pour la belle jambe, s’ouvre-t-on vraiment à un dialogue avec cet « autre monde » qu’on se targue par ailleurs de « sauver » ?
maintenant
besoin de nous
Bien commercial, bien mince, tout ça. Mais à partir de là, on fait quoi? On condamne toutes les ONG qui jouent sur nos cordes sensibles pour mener à biens leurs opérations? Ce serait somme toute assez grotesque et inutilement radical. Notre sensibilité et notre ardeur à se soulager la conscience sont leur pain et leur beurre, faut pas oublier. Est-ce vraiment condamnable? Rien ne sert d’être plus catholique que le Pape, tout de même…
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La pure bonne victime, c’est celle qui n’a rien à voir dans son malheur. L’enfant face à la catastrophe naturelle. C’est la faute de personne, et il n’y peut rien. Et après, autour, y’a toujours l’iconographie, par exemple, de l’enfant noir au gros ventre avec l’infirmière blanche. On promeut une aide pure, quasiment missionnaire
Sur le terrain, leur travail au jour le jour, c’est de travailler avec ingénieurs locaux, à sur des réseaux hydrauliques, latrines… Mais s’ils mettent ça en scène dans leurs communications, ça ne fait pas donner! »
« C’est un problème constant de savoir comment faire pour communiquer ce qu’on
fait le plus justement possible, mais en même temps que ça fasse donner.
Pire encore, certaines organisations demanderaient même aux journalistes de ne pas parler de certaines interventions sur le terrain « parce qu’elles savent que non seulement ça ne fera pas donner, mais ça va faire que les gens vont vouloir qu’on leur rende leurs sous! » – Dans le cas où une cause pourraient paraître moins héroïque ou sexy à certains donateurs réguliers, par exemple.
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Tiens tiens. Peut-être reviendrait-il davantage au public de questionner son rapport à l’aide humanitaire? La vérité-Tupperware telle qu’on nous la présente avec Radi-Aid semble après tout n’être qu’un reflet de ce qu’on demande… La vérité, ni trop dole ni trop compliquée, mais surtout : héroïque.
« Autre exemple de ça,
, on veut toujours que notre argent aille sur le terrain, au complet. On veut que notre argent serve à sauver des gens, et qu’il n’y ait pratiquement rien qui aille au siège. Personne ne veut que son don serve à payer le comptable. Mais il faut payer le comptable! Parce que lorsqu’une ONG est mal financée au siège, c’est là qu’il va y avoir des mauvaises gestions et des scandales, sur le terrain.
by-the-néon
En somme, il est à se demander sérieusement : l’éternel « paradoxe marketing » des organisations humanitaires, peut-être l’avons-nous créé nous-mêmes?
Hm.
Pour l’instant, je vais aller guetter ma boîte aux lettres, d’un coup que le facteur passerait avec mon t-shirt…
ONG & Cie
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