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Sauvetage de perruches consanguines et autres chambardements
URBANIA et Communauto s’unissent pour vous faire découvrir comment la SPCA s’est réorganisée pour faire face à la pandémie tout en continuant de protéger et sauver les animaux.
Le seul être vivant de mon entourage qui ne s’est pas encore plaint des mesures de confinement, c’est mon chat Capitaine Denise. Vieux poireau de 14 ans adopté il y a 9 ans à la SPCA, il semble même ultra-content de m’assister dans mon télétravail en venant s’étaler de toutes ses 18 lb à côté de moi en ronronnant.
C’est pas le collègue le plus motivant, mais j’apprécie vraiment l’intention. Même que je commence à envier son innocence de chat qui n’a aucune idée de la crise qui traverse le monde en ce moment. My God que j’aimerais que mon horaire ressemble au sien : manger, dormir, chier et réveiller ma mom à 5h du matin pour avoir des croquettes.
Denise s’en bat les balles, mais il est vraiment privilégié d’avoir un toit, des croquettes au thon et de l’amour. Ce n’est malheureusement pas le cas pour bien des animaux à Montréal, et heureusement que la SPCA est considérée comme un service essentiel, parce que la situation actuelle pourrait facilement devenir ingérable en ce qui a trait aux conditions de vie de bien des bêtes.
À ce sujet, je me suis entretenue avec Élise Desaulniers, directrice générale de la SPCA, pour en savoir plus sur les mesures qu’elle et son équipe ont prises pour assurer le fonctionnement optimal de l’organisation.
Une discussion à propos de valeurs fondamentales, de dévouement et d’un sauvetage de perruches haut en couleur.
Est-ce que les choses ont beaucoup changé à la SPCA depuis le début du confinement ?
Il y a notamment une pénurie de matériel médical. Ça veut dire qu’on ne peut pas faire de chirurgies, ce qui est une grosse partie de notre travail. On doit économiser sur tout l’équipement de protection : les gants, les masques.
Dans le principe de distanciation sociale, il faut qu’il y ait le moins de monde possible dans l’immeuble. On a dû tout réduire drastiquement et faire des mises à pied. C’est la première fois de ma vie que j’ai à faire ça et c’est épouvantable.
Les nouvelles mesures liées à la pandémie, même si nécessaires, ont dû avoir un impact sur votre fonctionnement.
Il y a des choses pour lesquelles on se bat depuis toujours, comme la stérilisation des chats errants. C’est quelque chose de fondamental pour nous, on en parle, on fait tout en notre pouvoir pour stériliser le plus de chats errants possible, on sait que c’est important.
Mais là on est obligés de dire aux gens «Je sais que vous avez trouvé un chat errant, mais ne nous l’amenez pas, restez chez vous, on reprendra dès qu’on peut. »
On sait que ces chats-là vont se reproduire. Tous les efforts des dernières années ne seront pas anéantis, mais ça va être ralenti.
C’est vraiment difficile à accepter. Je suis dedans tous les jours, je lis les études scientifiques, je sais pourquoi ces mesures sont prises, mais c’est pas évident à expliquer à la bénévole qui attrape des chats errants tous les étés. C’est super frustrant pour elle. C’est comme si on lui disait que ce qu’elle faisait n’était plus important.
Dans les derniers mois, notre plan de contingence a été révisé un nombre incalculable de fois. On change constamment de procédure, de façon de fonctionner, au fur et à mesure que la situation générale se développe.
J’ai vu dans les médias que plusieurs personnes ont eu l’idée de devenir foyer d’accueil temporaire pour des animaux dans le besoin, étant donné que les mesures de confinement leur donnent plus de temps. Avez-vous reçu plus demandes de ce type ?
Dans les premiers jours, c’était fou. Avec quatre fois plus de demandes que la normale, on avait du mal à gérer. Très rapidement on a vidé le refuge. Tous les animaux qu’on avait qui étaient adoptables ou qui pouvaient sortir ont été soit adoptés, soit placés en familles d’accueil. Maintenant, comme on a réduit drastiquement l’arrivée d’animaux et qu’on ne se penche que sur les cas très urgents, on a moins d’animaux à placer.
Avez-vous peur que les gens qui auront accueilli un animal pendant la crise l’abandonnent une fois de retour à la normale ?
Ça non. Plusieurs tiennent ce discours et moi-même je le pensais intuitivement. Cependant, ça a été mesuré et ce n’est pas le cas, les gens n’abandonnent pas systématiquement leur animal dans ces cas-là.
Ce qui me fait peur en vérité c’est la période de déménagement.
On est dans une situation de pénurie de logements, notre quotidien a été chamboulé, on ne sait pas trop ce qui nous attend en juillet prochain. Déjà que c’était difficile AVANT de trouver un logement pour les familles avec des animaux, qu’est-ce qui va arriver maintenant, alors que les gens ont perdu leur emploi, ont moins de revenus ? Je crains que ce soit catastrophique.
On a lancé une campagne de sensibilisation auprès des propriétaires de logements, pour leur demander de faire preuve de compassion.
Je sais qu’ils interdisent les animaux par prévention, mais dans les faits, ils sont protégés par la loi à cet égard. Donc ils ne prennent pas plus de risques en acceptant une famille avec des animaux. Et s’ils refusent, c’est nous qui serons pris avec le problème et dans la situation actuelle, je ne sais pas trop comment on va gérer ça.
Comment tu gères tes déplacements en ce moment ?
Jusqu’à la semaine dernière, j’allais travailler une journée par semaine au bureau pour soutenir l’équipe. J’habite sur le Plateau, donc habituellement je voyage en métro, mais je suis aussi abonnée au forfait Liberté de Communauto. Quand il y a des voitures près de chez nous le matin je vais en prendre. Surtout que ces temps-ci il n’y a presque pas de trafic ! C’est le bonheur de me rendre en voiture au bureau.
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As-tu une anecdote amusante qui représente bien ton travail ces temps-ci ?
Toutes les histoires d’adoption sont de belles histoires, mais il y en a une récente qui m’a bien fait rire.
Une amie m’a contactée en me disant qu’elle souhaitait prendre un animal en famille d’accueil, mais que ses enfants étaient allergiques aux chats. Elle voulait donc savoir si c’était possible pour elle d’adopter des oiseaux.
Justement, et heureusement pour elle, on avait une famille de cinq perruches consanguines à placer. C’est pas super clair qui sont les parents et qui sont les enfants dans le lot, les oiseaux sont arrivés au refuge en piteux état parce qu’elles appartenaient à une famille qui ne s’en occupait pas bien. Et on tenait à les faire adopter ensemble parce qu’elles n’étaient pas super bien socialisées.
J’ai donc organisé un FaceTime avec mon amie où je lui ai montré les perruches, accompagnée de ma collègue spécialiste des oiseaux qui expliquait comment en prendre soin.
Une fois les contrats remplis et envoyés par courriel, j’ai dû rentrer une immense cage à oiseaux dans une Communauto. C’était cocasse, mais compliqué parce que je ne pouvais pas placer la cage dans n’importe quelle position, puisqu’elle abritait cinq perruches.
J’ai réussi à rentrer la cage et à me rendre chez mon amie. C’était une journée de mars où c’était glissant dehors, mais comme j’avais voulu être cute, je me suis retrouvée en Vans à monter des escaliers extérieurs avec une énorme cage dans les bras.
Et comme les livreurs de bouffe, j’ai déposé la cage, j’ai sonné et je suis retournée dans la voiture !
Finalement tout s’est bien passé. Les perruches vont bien et l’une d’elles a même été baptisée Horacio !
Pour terminer, que recommandes-tu aux lecteurs d’URBANIA qui voudraient aider la SPCA en ces temps de pandémie ?
En ce moment, comme bien des organisations, nos procédures ont changé, donc c’est contre-intuitif de dire ça, mais je demanderais aux gens d’être patients.
On n’a pas besoin de bénévoles en ce moment parce que les gens doivent rester chez eux. On a moins besoin de familles adoptives parce qu’on a réduit l’arrivée d’animaux. On va en avoir besoin davantage plus tard par contre, donc gardez une place dans votre foyer si vous souhaitez accueillir un animal.
En fait ce sont les dons qui vont nous aider à passer au travers des prochains mois. On sait que beaucoup de gens ont perdu leur emploi, mais ceux qui peuvent donner sont bienvenus.
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