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« Sarclage » : un bien étrange jardin

Rendez-vous avec les mauvaises herbes.

Par
Mathieu Roy
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La nature fait bien les choses. Elle ne laisse rien au hasard. Tout être vivant a une fonction bien précise.

Prenons l’exemple de la flore, et plus spécifiquement des herbes; il y en a des bonnes et des mauvaises. Cette classification est sujette à interprétation et diffère selon les points de vue, mais on peut s’entendre sur le fait que des plantes aux appendices tentaculaires qui vous avalent tout rond pour vous conduire dans un monde dominé par les végétaux, ça n’annonce rien qui vaille pour la suite des événements.

C’est pourtant ce qui arrive aux personnages de Sarclage, la première bande dessinée de Geneviève Lebleu.

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Tout ça débute par une poignée de fleurs odorantes jetées dans une théière. À vrai dire, il s’agit d’une espèce envahissante provenant du parterre de Martine, qui essaie de s’en débarrasser depuis un bon moment déjà — une pierre, deux coups.

Elle aime bien recevoir ses chums de filles, prendre de leurs nouvelles et papoter. Il y a néanmoins une place vide autour de la table. Rose, son ex-BFF, se fait plus discrète depuis qu’elle lui a piqué son mari. On se demande bien pourquoi!

Beaucoup d’eau a coulé de ses yeux et sous les ponts et Martine semble prête à tendre un rameau d’olivier pour mettre un terme à ces années d’amertume. Ça tombe bien parce que l’amie en question débarque à l’improviste pour une visite non planifiée. C’est à ce moment-là que les choses prennent une tournure étrange, pour ne pas dire paranormale.

La décoction qu’elle sert aux invitées à des vertus inattendues qui les plongent dans un état second… ou même tertiaire. L’ayahuasca, c’est de la petite bière à côté de ce breuvage. En tout cas, les frontières et les esprits s’embrouillent pour laisser place à un délire collectif. Des visions cauchemardesques surgies du passé combiné à des souvenirs douloureux — réels ou fictifs? — semblent vouloir marteler un message clair et sans équivoque : débarrasse-toi de ces individus toxiques qui te pourrissent l’existence.

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Martine doit faire le ménage de sa vie comme de son jardin, d’où le titre (clever, Lebleu!). Tout ça annoncé par sa sœur morte ou vivante, métamorphosée en créature hybride mi-démon mi-plante carnivore. Vous êtes toujours là?

C’est une histoire sans queue ni tête qui est non sans rappeler les soap operas dans lesquels les personnages apparaissent et disparaissent au gré de l’humeur des scénaristes à l’imagination foisonnante ou défaillante — c’est selon. Il y a aussi un soupçon d’Inception pour la portion chimérique que revêt cette descente aux enfers.

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C’est un heureux mélange d’horreur et de psychédélisme à l’esthétique un peu old school qui nous laisse pantois. On se demande sincèrement ce qui vient de se passer en clignant des yeux plusieurs fois pour enfin essuyer le petit filet de bave à la commissure des lèvres.

Geneviève Lebleu affiche d’emblée ses couleurs avec ce premier ouvrage. Son univers singulier et débridé nous met en appétit pour la suite des choses. Il n’y a aucun doute que le fruit de son imagination sera aussi savoureux.

+++

La BD Sarclage, de Geneviève Lebleu, est publiée aux éditions Pow Pow.

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