C’est avec une Palm Bay à la main que Sarahmée est entrée chez Jason Bajada pour enregistrer ce dernier épisode des Bajada Dialogues. La rappeuse revenait d’un show plutôt particulier, voire épeurant.
« J’étais en show hier soir au Musée Grévin, entourée de statues de cire. C’est weird, tu fais un show et y a plein de gens autour de toi qui te regardent, immobiles. C’est très creepy. Au moins, Leonardo Di Caprio était là. »
La rappeuse venait de faire une série de quelques jours de spectacles et avait eu la chance de bien se reposer, pour une fois.
La discussion débute réellement lorsque Jason questionne Sarahmée sur son enfance, curieux d’en savoir davantage sur ses origines.
« Je suis née en 86, à Dakar. Mes parents travaillaient souvent en Afrique de l’Ouest et pendant un de leur séjour là-bas ils nous ont adoptés, Karim et moi. On s’est promenés entre le Québec et le Rwanda, mais on s’est fait rapatrier d’urgence avant que tout ça pète. »
C’est donc à coup d’aller-retour entre le Québec et l’Afrique qu’a grandi Sarahmée, elle qui a fait son secondaire sur les bancs d’école du Sénégal. Jason lui demande alors si elle se souvient de son premier moment marquant lors de son arrivée ici.
Ton premier souvenir du Québec?
« La ville de Québec clairement. Surtout la famille de ma mère là-bas, dont ma tante, qui est comme une deuxième grand-mère pour moi »
On le sait, Sarahmée, c’est également la sœur de Karim Ouellet. C’est d’ailleurs pas mal rare de voir deux enfants d’une même famille travailler tous les deux en musique. Est-ce que c’était très musical chez les Ouellet?
« Mes parents sont des gros fans de musique. Et vu qu’ils ont été en Afrique pendant 30 ans ils sont allés partout : au Congo, à Cap Vert. Donc ils écoutaient de la rumba, des rythmes africains, de la musique cubaine. Ma mère joue de la kora depuis très longtemps, quand ils sont arrivés à Dakar. À la base, c’est une ballerine, mais elle s’est blessée et elle s’est mise à jour de la kora à la place parce qu’elle avait le pied dans le plâtre. Maintenant, elle donne des cours, et elle a fait des albums. »
Puis, Jason la questionne finalement sur une passe difficile de sa vie. De ce moment où elle a cessé de faire de la musique, puisqu’elle voulait se détacher de son équipe de management français. Maintenant la question : pourquoi?
« Pendant que je produisais mon album Légitime, mon équipe de gérance est arrivée durant le processus. C’était cool, ils étaient Français et me pluguaient partout, mais tranquillement je trouvais que ça devenait envahissant. Au début, je me retrouvais sur un paquet d’entrevues en France, mais tranquillement ils intervenaient dans mes chansons en disant qu’en France ils disent pas tel ou tel mot. Ça devenait vraiment intrusif, dans la création, mon écriture, les choix de beats.
À un moment donné, je leur ai dit que j’étais écœurée, et j’ai quitté. »
Quelques années plus tard, Sarahmée vient récemment de lancer son nouvel album, prouvant du même coup qu’elle a pris la bonne décision.
« Quand j’écoute mon projet, j’en suis fière »