Vous en avez peut-être entendu parler, ne serait-ce que dans La récap de la semaine de mon collègue Pier-Luc Ouellet : lors de l’épisode d’American Idol diffusé la semaine dernière, Katy Perry a imposé un baiser sur la bouche d’un candidat et ç’a fait BEAUCOUP jaser.
Bien qu’on ait clairement fait le tour des jeux de mots du genre He kissed a girl and did not like it, on n’a pas fait le tour de la question. You didn’t hear me roar et j’ai le rugissement qui a besoin de se faire entendre, car selon moi, la situation témoigne de plusieurs malaises qu’on entretient avec le harcèlement sexuel, la notion d’abus et la sexualité… en général.
Regardons d’abord l’extrait en question :
https://www.youtube.com/watch?v=7iQn-toQp6A
Oui, mais t’sais…
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été vives et nombreuses. D’un côté, il y a les « oui, mais… » qui soulignent le caractère supposément flou de l’absence de consentement du candidat en question, Benjamin Glaze, âgé de 19 ans.
Oui, mais c’était pas clair s’il voulait ou pas. Il prend ça en riant. Il est allé vers la table des juges. Moi, être Katy Perry, j’aurais pas pu percevoir qu’il ne voulait pas. Moi, être le gars, j’aurais aimé embrasser Katy Perry. Au fin fond de lui-même, il semblait avoir envie de l’embrasser. Katy Perry est seulement flirty. C’est quoi, on n’a pu le droit de flirter?
De l’autre côté, il y a les réactions « oui mais » qui soulignent le caractère problématique et abusif de la situation.
Oui, mais y a une femme en situation de pouvoir, par son statut de juge et sa notoriété. Il y a de la pression sociale. Il a des millions de téléspectateurs. Une proposition de baiser sur la joue. Qui a fini en baiser sur la bouche, parce que Katy Perry a décidé que ce serait funné d’agir ainsi. Il y a le diffuseur qui a cru bon miser sur ce moment « cocasse », allant jusqu’à l’inclure dans la promo de l’épisode.
Parce qu’on sait tous que c’est si drôle, être témoin d’un moment où quelqu’un met ses limites et voir l’autre ne pas les respecter (?!).
Lol-ons en chœur.
Alors, est-ce vraiment du harcèlement sexuel?
Ne cherchons pas midi à quatorze heures. « I can’t kiss a girl without being in a relationship », ça veut dire « I can’t kiss a girl without being in a relationship ». « No, wait, hold on », ça veut dire « No, wait, hold on ».
Glaze l’a affirmé de nouveau dans une entrevue accordée au New York Times: “Would I have done it if she said, ‘Would you kiss me?’ No, I would have said no”.
On va le répéter tant qu’il le faudra: Sans oui, c’est non.
Ça s’applique pour les baisers, aussi furtifs soient-ils.
Ça s’applique pour les madames qui veulent avoir des contacts physiques avec des monsieurs.
Ça s’applique dans des contextes où il y a de la fébrilité dans l’air et des sourires din’faces.
Et ça s’applique pour Katy Perry, aussi glamour-jeune-et-jolie soit-elle.
Ce qu’on voit, c’est une femme en situation de pouvoir qui insiste pour échanger un baiser et qui l’impose. Ça, c’est une manifestation d’abus.
Qu’on soupçonne que ce moment était orchestré par la production, que Benjamin revienne sur les faits en nommant que finalement ce n’était pas si pire, qu’on dise qu’au niveau juridique on n’est pas trop sûr si une plainte serait recevable, pour moi, ça ne change rien au portrait.
Ce qu’on voit dans cet extrait, c’est de la sollicitation de faveurs sexuelles non désirées. « Come here! Come here! COME HERE RIGHT NOW! ».