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Combien ça gagne un.e massothérapeute?
Mon dos s’en souvient encore. Il faisait -28 degrés et j’ai eu la brillante idée de tester la tyrolienne de la Place des Arts pendant Montréal en Lumière. Sauf que je suis restée bloquée au milieu, tel Jean-Claude Dusse sur son télésiège en pleine montagne (référence très française, je sais) : j’ai vu ma vie défiler en apercevant une masse – pardon, madame – me foncer dessus à pleine vitesse dans les airs. Bref, la vie ne tient littéralement qu’à un fil et à des organisateurs un peu perchés.
Sans rancune, guys.
Tout ça pour dire que le lendemain matin et plusieurs autres matins encore longtemps après, je n’avais qu’une idée en tête : aller me faire masser. Ils et elles gagnent leur vie à soulager certaines de nos douleurs, parfois très aigües, et à nous faire du bien avec leurs mains, avec plus ou moins de dextérité – mais là n’est pas la question.
Avouez-le, la question vous a déjà traversé l’esprit en plein massage : combien gagne cette personne qui est en train d’appuyer exactement là où ça fait du bien en m’aspergeant de ce produit à l’odeur enivrante? Ou, au contraire, combien vais-je ENCORE devoir payer ce vulgaire personnage qui est en train de me labourer les vertèbres comme un enfant de 5 ans et de m’imposer ce refrain tibétain qui ne m’apaise pas du tout? Ça arrive.
Le travail autonome pour pratiquer
« Cela fait presque deux ans que je pratique le métier de massothérapeute à temps plein. Je travaille à Espace Nomad à Montréal une à deux journées par semaine, et dans une clinique d’ostéopathie à Longueuil trois jours par semaine en plus de recevoir des clients chez moi parfois », nous a confié Camille Jacob qui, visiblement, ne chôme pas et qui a toujours eu le statut de travailleur autonome.
« Rares sont les endroits qui te proposent d’être salarié donc c’est un choix un peu par défaut », avoue la massothérapeute qui, malgré tout, s’y retrouve. « Si j’avais le choix, je choisirais le statut de travailleur autonome, car c’est l’un des aspects du métier qui m’attirait le plus lorsque j’ai décidé de faire une formation professionnelle : être maître de mon horaire », raconte celle qui s’autorise des congés quand elle en a besoin.
«Par semaine, je gagne en moyenne 500$, tips compris.»
« Lorsque j’ai débuté en massothérapie, j’ai gardé mon travail en restauration comme back-up financier, mais j’ai arrêté après quelques mois. J’étais tout simplement tannée de la restauration », explique Camille, qui a fini par vivre de son savoir-faire à raison de 15 à 25 massages par semaine. « Certaines périodes de l’année, la demande en massothérapie est plus élevée comme durant la période des Fêtes, les longs congés, la Saint-Valentin, etc. Et certaines semaines, quand je sens que mon corps est fatigué, je prends moins de clients afin de pouvoir me reposer », confie la massothérapeute, dont la paie est assez variable. « Par semaine, je gagne en moyenne 500$, tips compris. Je reçois plus de tips en travaillant dans un spa, mais comme je masse plus souvent à la clinique, je reçois moins de pourboires. »
Durant sa première année de pratique, elle a déclaré près de 13 000$ (avant impôts et déductions) de revenus en massothérapie pour une période de sept mois. « Pour l’année 2019, je devrais déclarer près de 25 000$ (avant impôts et déductions) de revenus en massothérapie pour une période de 10 mois (NDLR : elle a eu un arrêt de travail deux mois). Mais je crois que beaucoup de massothérapeutes décident de ne pas dépasser la barre des 30 000$ de revenus déclarés pour ne pas payer de taxes et éviter de les charger à leurs clients », estime Camille, qui considère être bien payée pour ce qu’elle fait.
« C’est évidemment plus payant lorsque je masse de chez moi que lorsque je facture mes services à une entreprise. »
Prendre soin de soi pour prendre soin des autres
À celles et ceux qui envisagent de devenir massothérapeute, elle donne quelques conseils :
1-Faites une initiation dans la technique de massage qui vous parle. Cette initiation, de deux jours généralement, vous donnera une bonne idée du métier de massothérapeute et surtout, vous découvrirez si vous êtes à l’aise à masser quelqu’un que vous ne connaissez pas.
2-« Magasinez » votre école si vous le pouvez. Chaque école offre des programmes différents avec des approches différentes. Camille a posé beaucoup de questions à des massothérapeutes qu’elle connaissait afin de connaître leur parcours, leur formation et où ils avaient suivi ces formations.
3-Prenez bien soin de votre corps, surtout si vous voulez faire beaucoup de massages par semaine ou si vous voulez avoir une approche très thérapeutique. C’est un métier qui peut être très physique et éreintant pour votre corps. Trouvez vos propres trucs pour soigner votre « outil de travail » : faites-vous traiter, faites du sport ou de l’activité physique, hydratez-vous, mangez de bons aliments qui nourrissent le corps, étirez-vous, etc. Et surtout, apprenez à reconnaître vos limites et à les respecter! C’est un très beau métier, inspirant et créatif, alors amusez-vous avec.
Vouloir vivre de sa passion grâce à l’entrepreneuriat
Anne-Sophie Casper, quant à elle, vient d’être certifiée et agrée par la Fédération des massothérapeutes du Québec. « Je me suis formée au massage suédois, au massage sur chaise, au massage prénatal. Actuellement, je suis en formation de massage aux pierres chaudes et pour devenir instructrice de massage pour bébé », raconte la travailleuse autonome (par choix) qui travaille de chez elle. « J’ai également eu des missions pour du massage sur chaise en entreprise et dans des établissements scolaires », lance Anne-Sophie qui a des horaires de travail irréguliers et la paie qui va avec. « Je fais encore de la production audiovisuelle à côté. C’est un petit filet de sécurité indispensable pour pouvoir payer mon loyer », explique la Française qui espère pouvoir bientôt vivre de son activité avec Radiant Orchid, l’organisme qu’elle vient de lancer.
« Au début, il faut définir sa clientèle, la cibler, investir pour sa communication, se faire connaître, etc. Donc il y a plus d’argent qui sort que d’argent qui ne rentre », raconte celle qui en sait quelque chose. « À Montréal, les prix du marché sont plutôt corrects, même s’il arrive que des confrères proposent des taux horaires très bas et “cassent” le marché malgré eux », estime Anne-Sophie avant de rappeler qu’un massage en spa rapporte, en moyenne, 30$ pour le massage d’une heure en tant que travailleuse autonome. « Les postes proposés sont à 95% avec le statut de travailleur autonome et à temps partiel. L’avantage de travailler en spa est d’avoir une clientèle régulière et de pouvoir travailler également ailleurs. Les inconvénients : le salaire est plus bas et la cadence est parfois très importante pour ce métier déjà physique. »
Vous attendez quoi pour prendre votre prochain rendez-vous? Il n’y a pas de mal à se faire du bien.