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Combien ça gagne un athlète de sport électronique?

Et surtout, gagnent-ils une nouvelle vie s'ils ramassent 100 cennes?

Par
Pier-Luc Ouellet
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LA nouvelle affaire, ces temps-ci, c’est le sport électronique, aussi connu sous le nom de e-sport.

Ça implique surtout de participer à des compétitions de jeux vidéo.

L’an dernier, par exemple, les joueurs qui ont pris part à la Fortnite World Cup se sont partagé un magot de 30 millions $ US, soit le montant nécessaire pour se monter un bon PC de gaming (à tous les lecteurs PC gamers, c’est une blague, calmez-vous. Je ne veux pas manger de coups de clavier mécanique).

Attirés par ces montants importants, et par les chiffres d’écoute impressionnants enregistrés sur Twitch, YouTube et Mixer, joueurs et entreprises se lancent dans l’arène du e-sport, espérant y faire fortune.

Mais… ça gagne combien, un athlète de e-sport?

J’en ai discuté avec Yannick Babin, président fondateur de Mirage Sport Électronique, une organisation qui développe les talents dans de nombreux sports électroniques en plus de compter en son sein de nombreuses équipes et athlètes.

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Comment ça fait son argent, un athlète électronique?

Je vais vous le dire d’emblée : il n’y a pas de salaire fixe pour les athlètes de e-sport. Comme dans le hockey, par exemple, on peut jouer tout à fait bénévolement comme on peut être payé des millions de dollars pour nos exploits.

Mais le sport électronique, ça reste différent du sport traditionnel, et avant d’aller plus loin, ça vaut la peine de se demander d’où proviennent les revenus des athlètes électroniques.

La première source de revenus est évidemment les gains en tournoi. La plupart des tournois majeurs offrent des bourses divisées parmi les gagnants.

Cette cagnotte est en partie financée par les gains engrangés par la compétition en tant que telle, mais surtout par les commanditaires et par la compagnie derrière le jeu, qui voit en ces compétitions un moyen de rendre leur jeu plus populaire.

« Pour pouvoir vivre de ça, ça passe beaucoup par le contenu. Si tu ne fais pas partie des grandes ligues, c’est plus le streaming qui va t’apporter des revenus. »

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La seconde source de revenus, c’est les salaires. Certaines équipes vont recruter des joueurs et leur verser un salaire afin qu’ils puissent se consacrer à l’entraînement à temps plein.

Beaucoup de joueurs prennent toutefois leurs finances en main eux-mêmes, comme l’explique Yannick Babin : « Pour pouvoir vivre de ça, ça passe beaucoup par le contenu. Si tu ne fais pas partie des grandes ligues, c’est plus le streaming qui va t’apporter des revenus ».

Ils l’ont tu l’affaire, les Amaricains

L’autre affaire qu’il faut comprendre, cependant, c’est que la business des compétitions de jeux vidéo se passe beaucoup à Los Angeles, où sont disputés les matchs de la plupart des ligues majeures.

Et les joueurs québécois talentueux se font souvent recruter par des équipes américaines : « Présentement, il y a un peu une bulle en sports électroniques. Il y a des gens avec de gros moyens qui débarquent dans les grosses ligues et qui vont faire la chasse aux meilleurs joueurs. Ça crée une surenchère pour les joueurs », explique Yannick Babin.

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C’est ainsi que le contrat d’un joueur comme Philippe Laflamme, alias Vulcan, un pro du jeu League of Legends, a été racheté l’an dernier pour 1,5 million de dollars. Laflamme n’est âgé que de 20 ans.

« Il y a des gens avec de gros moyens qui débarquent dans les grosses ligues et qui vont faire la chasse aux meilleurs joueurs. Ça crée une surenchère pour les joueurs. »

Si la majorité des joueurs de haut calibre doivent s’exiler aux États-Unis pour atteindre les ligues majeures, les athlètes de quelques disciplines y échappent : « Ce qu’il faut comprendre c’est que certaines disciplines permettent de jouer en restant chez soi. Si on prend League of Legends, pourquoi les joueurs vont-ils en Californie? C’est parce que les parties de la ligue se jouent en Californie. T’as pas vraiment le choix d’être là. Mais pour d’autres e-sports, par exemple Rocket League, t’as un joueur québécois comme Alexandre Bellemare, alias AxB […]. Lui, il a la chance de rester chez lui tout en étant relativement bien payé, parce qu’il joue dans la ligue majeure de Rocket League, une scène relativement populaire », raconte Babin.

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Pour que la scène québécoise devienne plus payante, il faudrait que les investisseurs décident de mettre la main à la poche. Mais selon Yannick Babin, ça prend du temps. « Au Québec, dans le milieu financier et de l’investissement, les gens sont un peu plus frileux. Ils vont attendre qu’un marché fasse ses preuves et se stabilise avant d’investir ».

Fait que… combien ça gagne?

Comme je le disais en début d’article, il n’y a pas de réponse simple à cette question. Comme le calibre est souvent moins élevé au Québec (aucune équipe québécoise n’offre de salaires à temps plein à la connaissance de M. Babin), beaucoup de joueurs dépendent des revenus du streaming, qui peuvent varier énormément (l’an dernier, une streameuse me disait gagner moins de 6$ de l’heure grâce à Twitch).

Les gains potentiels en tournoi dépendent également de la discipline choisie. Si les cagnottes de Fortnite sont importantes, le joueur qui a remporté la compétition EVO Japan 2020 à Super Smash Bros Ultimate a gagné… une manette de Switch.

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Par contre, certains joueurs d’ici s’en sortent vraiment très bien. Le Québécois William Aubin, alias Zayt, est arrivé quatrième en duo à la Coupe du monde de Fortnite, ce qui lui a permis d’empocher 750 000$ US. Ses gains totaux dépassent maintenant le million US, ce qui fait de lui le joueur québécois le mieux payé de tous les temps.