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Sabaton, le groupe suédois qui chante les héros de guerre canadiens
Ce n’est pas tous les jours qu’on entend parler de nos héros de guerre canadiens. Encore moins dans notre actualité, dans notre cinéma ou dans nos chansons.
C’est pourtant précisément ce qu’a fait un groupe de power metal suédois, et ce à plusieurs reprises, au cours de sa carrière.
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Parce que oui, le drummer est monté sur un tank lors de leurs spectacles.
Sabaton, dont le mot désigne la partie qui couvre le pied d’une armure de chevalier médiéval, est formé en 1999 à Falun en Suède. Il est composé de Chris Rörland (guitare), Tommy Johansson (guitare), Hannes van Dahl (percussions) et finalement, des 2 membres clés du groupe, le bassiste Pär Sundström et le chanteur/claviériste Joakim Brodén.
C’est en 2005 que la formation prend son envol. Pour leur premier album, ils enregistrent la musique d’abord, sans paroles. Ayant sous la main plusieurs chansons à caractère épique, Sundström et Brodén cherchent des sujets tout aussi grandioses qui correspondent à leur son. Ils décident de parler de l’invasion des alliés sur les plages de Normandie durant la Deuxième Guerre mondiale.
Le groupe n’a plus jamais regardé en arrière.
Depuis, chaque chanson est consacrée à un évènement ou à un personnage historique important relié à un grand conflit militaire, et ce peu importe la nationalité du protagoniste. On troque le cuir pour les motifs de camouflage. L’album Primo Victoria est un succès et depuis 2005, 7 albums ont vu le jour.
Le Canada dans tout ça?
Il fait très bonne figure puisqu’il est représenté, directement ou indirectement, dans cinq chansons réparties sur quatre albums. Deux de ces chansons figurent sur leur dernier album The Great War, sorti il y a quelques semaines. Les voici :
A Ghost in the Trenches
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La chanson est inspirée de Francis Pegahmagabow, le meilleur tireur d’élite de la Première Guerre mondiale, un Canadien descendant des premières nations établies à Parry Sound en Ontario qui, malgré l’absence de reconnaissance de sa citoyenneté canadienne par son propre gouvernement, a insisté pour rejoindre l’armée et combattre les troupes allemandes du Kaiser. Il a été crédité de 378 morts allemandes et en a capturé plus de 300. Il est rentré chez lui, en vie, en 1919.
Sabaton lui rend hommage et certains de leurs vers sont magnifiques :
A force deployed from overseas
A war in foreign land await the eager recruits
And in their midst, among the men
A soldier with a different past return to his roots
Into battle, the gas has them pinned
Then this soldier invokes the spirits of the wind
In Flanders Fields
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C’est la version chantée du poème très célèbre de John McCrae et la raison pour laquelle le jour du Souvenir est associé aux coquelicots. Il l’a écrit à la suite de la mort au combat d’un ami proche. Ce poème est au cœur même de l’identité canadienne et est célébré partout dans le monde. McCrae est mort d’une pneumonie en 1918. Le poème a plus tard été adapté en français par Jean Pariseau. Vous pouvez le lire ici.
Sabaton a choisi de terminer l’album The Great War, avec ce poème, chanté a capella par une chorale. C’est bien exécuté, avec respect, et ils ont le ton parfait pour clore un album concept sur la Première Guerre mondiale.
Aces in Exile
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Les pilotes canadiens de L’Aviation royale canadienne (ARC) qui ont combattu, avec plusieurs autres pilotes exilés en Angleterre pendant la Bataille d’Angleterre durant la Deuxième Guerre mondiale.
Dans celle-ci, le Canada est « name-droppé » directement :
« Oh, fighter pilots in exile fly over foreign land
When the battle has been won, tell of 401
Fighter pilots from Canada in the battle of Britain
Guarding the skies of the isle »
Le 401 ici fait référence au 401 Tactical Fighter Squadron, ou No 1 Squadron de l’ARC. Churchill a déclaré : « Never in the field of human conflict was so much owed by so many to so few » faisant ainsi référence au nombre nettement inférieur de pilotes qui défendaient l’Angleterre lors de cette bataille. C’est pourquoi on dit de ceux qui ont participé à ce conflit qu’ils sont les Canada’s Few.
Union (Slopes of St. Benedict)
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La bataille de Monte Cassino, sur le front italien de la Deuxième Guerre mondiale. Un des combats les plus brutaux de toute la guerre et où le Canada y a perdu plus de 26 000 hommes.
Sabaton fait référence ici à l’union de tous ces pays qui ont collaboré pour repousser les forces allemandes hors de l’Italie et le Canada y a joué un rôle important.
Primo Victoria
Cette chanson est à propos de D-Day, le débarquement en Normandie, auquel le Canada a participé à Juno Beach le 6 juin 1944. Plus de 450 membres du 1er Bataillon canadien de parachutistes ont débarqué par la voie des airs à l’aube derrière les lignes ennemies. Plus de 14 000 troupes de la 3e division d’infanterie les ont rejoints accompagnées par la 2e Brigade blindée canadienne.
C’est la plus grande chanson de Sabaton. Celle qu’ils sont fatigués de jouer, mais dont on ne peut se passer.
Primo Victoria signifie en latin : la victoire d’abord. Cette simple phrase résume pourtant bien l’esprit qui devait habiter ses combattants lors de ce matin de juin 44.
« Through the gates of hell
As we make our way to heaven
Through the Nazi lines
Primo Victoria »
J’ai toujours cru que le power metal pouvait se contenter de littérature fantastique ou irréaliste. Sabaton montre pourtant parfaitement que ce genre musical peut être appliqué, avec beaucoup d’efficacité, à un sujet des plus crus et réel comme la guerre et se faisant, nous en apprendre sur notre propre passé.
Pas mal pour cinq poilus Suédois sur le party.
Sabaton sera de passage à Montréal le 30 octobre prochain au MTelus.