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La route de la semaine : la 389 de Baie-Comeau à la Manic

Ou comment se rendre au vrai bout du monde.

Par
Mali Navia
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URBANIA et Hydro-Québec s’associent pour vous faire découvrir la route idéale pour un road trip.

Connaissez-vous la route 389? À moins que vous ne soyez originaire de la côte Nord, que vous y viviez ou que vous soyez adeptes de road trips, il est fort possible que cette route vous soit inconnue. Elle devrait pourtant l’être (connue), pour toutes sortes de raisons. Mais le fait est qu’ici, on a parfois tendance à glorifier ce qui nous est étranger au lieu de prendre le temps de reconnaître ce que notre territoire nous offre de grandiose. Aujourd’hui, URBANIA y remédie humblement en relatant cinq faits étonnants sur cette route mythique, avec la précieuse collaboration de Sylvie Laneuville, historienne et muséologue pour Hydro-Québec.

Une bière a été baptisée en l’honneur de ses courbes

La bière « La Sinueuse »* de la microbrasserie St-Pancrace a été nommée ainsi en l’honneur de la 389 qui elle, aurait été dessinée de façon à « évoquer les courbes d’une femme pour réconforter les camionneurs ». C’est bien évidemment faux, considérant tout le défi technique que la construction de la route a exigé. En chiffres, on parle du dynamitage de 1 911 000 mètres de cubes de roche et 1 700 000 tonnes de gravier.

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*Après ma conversation avec Sylvie, je suis allée m’en chercher une à l’épicerie du coin, on la trouve facilement à Montréal. C’est une IPA des plus délicieuses!

C’est 400 courbes et croches sur 567 kilomètres

Parlant de courbes, il parait que c’est une route qui donne mal au cœur. Sylvie, qui l’a déjà conduite, m’avoue qu’au départ « il faut ralentir! » La construction a débuté en 1959 pour se terminer en 1961. Elle fut construite pour faciliter le transport des matériaux et des ouvriers vers les chantiers des centrales électriques de la rivière Manicouagan. « C’était la première fois qu’Hydro-Québec faisait des aménagements sur une même rivière. C’était extrêmement populaire et c’est devenu une fierté », m’explique-t-elle.

Pour faire des centrales, ça prend deux choses : un fort débit et un point de chute. Les centrales sont donc construites lorsqu’il y a une dénivellation importante. On peut facilement déduire que le terrain n’était pas le plus propice à la construction d’une route.

Le barrage Daniel Johnson (Manic 5)

Vous savez le fameux barrage hydroélectrique qu’on a tous vu en photo? Et bien c’est lui. Comme le dit si bien Sylvie Laneuville, « La première fois que tu vois Manic 5, t’as une émotion! ». Le complexe de la Manic (composé de Manic 1, 2, 3 et 5) est particulier de par la valeur symbolique qu’on lui a accordée : « C’est une prouesse lyrique! Autant qu’à la Baie James, ce sont des immenses aménagements dans une région incroyable, autant que Manic, c’est lyrique, c’est lié à la fierté, l’identité. Manic est devenu un symbole de la Révolution tranquille ». Georges Dor a même écrit une chanson à son sujet :

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Autre fait important, la veille de l’inauguration de ce qui devait être Manic-5, le premier ministre du Québec de l’époque, Daniel Johnson, est décédé d’une crise cardiaque. Le barrage a donc été rebaptisé en son nom. Au fil des années, de nombreuses personnalités publiques ont visité les lieux et en on fait l’éloge. On parle entre autres de Félix Leclerc et Michel Louvain. Gilles Latulippe, Les Couches-tard (Denise Filiatrault et Dominique Michel). Il est toujours possible de visiter les centrales d’Hydro-Québec. En fait, près de 140 000 personnes le font chaque année!

On y retrouve le village du Lac Louise (pas celui d’Alberta)

Autour de Manic 5, on retrouve le village du Lac Louise qui a été bâti pour les cadres du chantier. Ces derniers avaient le droit, contrairement aux travailleurs, d’amener leur famille. « Des enfants vont naître, il y a tout ce qu’il faut, des coiffeurs, des écoles, un hôpital, raconte Sylvie. Il y avait tout ce qu’il faut pour ne pas que personne ne s’ennuie ». La construction du barrage a débuté en 1959, en même temps que la route. Il a donc fallu utiliser l’avion comme moyen de transport principal jusqu’en 1961. Imaginez à quel point on doit se sentir isolé lorsqu’on travaille à un endroit exclusivement accessible par voie aérienne. Le village Lac Louise pouvait héberger jusqu’à 400 familles, ce qui n’est pas négligeable en termes de population. « La première famille à s’y être installée est celle de Monsieur et Madame Oscar Cantin (et leurs 4 enfants), le 29 avril 1961 », me dit Sylvie.

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On peut d’ailleurs visionner le témoignage de M. Jean-Noël Laprise, pionnier du chantier de Manic-5, ici.

Le réservoir Manicouagan existe à cause d’une météorite

Fait encore plus surprenant, le réservoir duquel tout part serait la conséquence de l’impact d’une météorite sur la terre. L’historienne me raconte que cette collision a eu lieu il y a 214 millions d’années : « L’astroblème [l’ensemble des traces de l’impact] que ça a créé mesure environ 2000 kilomètres carrés et 75 kilomètres de diamètre. Lors de la construction du barrage, l’eau a commencé à remplir le réservoir et l’astroblème est ainsi devenu plus apparent. En d’autres mots, ça a créé une île qu’on peut voir sur la carte, et c’est devenu le réservoir Manicouagan ». Comme quoi rien n’arrive pour rien, comme on dit.

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Encore une fois, on voit à quel point le Québec n’a rien à envier au reste du monde en termes de beauté, de poésie et de coïncidence cosmique. Mais si vous décidez d’y faire un road trip, sachez qu’il n’y a plus de réseau cellulaire à partir de Manic 2!

Parmi toutes les personnes qui ont visité la région, le passage de l’ultramarathonnienne Caroline Côté fut certainement l’un des plus remarqué. Si vous souhaitez suivre le parcours de cette Québécoise qui enfile les kilomètres à la marche. Vous pouvez suivre son périple sur le site web de l’expédition à electron.hydroquebec.com. Des mises à jour et des vidéos sont également publiées fréquemment sur les pages Facebook et Instagram d’Hydro-Québec.

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