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Le cancer est un fléau. Paraît-il qu’une personne sur deux en souffrira au moins une fois dans sa vie. C’est terrible. Or, ce qui est encore plus terrible, selon moi, c’est la « propagande cancérigène » dont nous sommes victimes depuis quelques temps.
Il y a quelques semaines, Telus lançait une campagne dans le cadre de laquelle elle invitait les consommateurs à colorer leur photo de profil Facebook en rose. Pour chaque photo « teindue » rose, la compagnie s’engageait à verser 1$ pour la recherche sur le cancer du sein. À mon humble avis, cette proposition marketing ressemble drôlement, dans sa forme, aux chaînes de courriels qui circulaient – et circulent encore parfois – et qui nous encourageaient à envoyer un message à tous nos contacts afin que Bill Gates nous envoie 1 million de dollars par la poste, ou à danser sur un pied tout en nous tapant la bedaine pour qu’une multinationale quelconque envoie des containers pleins d’argent au Congo.
Ne me traitez pas de sans cœur. Je ne suis pas contre la recherche sur le cancer ni contre les compagnies qui décident d’être généreuses et de subventionner celle-ci, bien au contraire. Je suis seulement agacée par les méthodes qui sont employées par lesdites compagnies. Je fais partie des « méchantes » personnes qui n’ont pas « rosi » leur photo de profil Facebook, non pas parce qu’elles souhaitent que tout le monde meurt du cancer, mais plutôt parce qu’elles sont tannées de se faire harceler par des campagnes de pub déguisées en pseudo œuvres caritatives. Si une compagnie désire faire un don pour la recherche, bravo, c’est tout à son honneur, mais qu’elle le fasse et qu’elle nous foute la paix. Qu’elle signe son chèque de 200 000$, qu’elle se le fasse déduire d’impôts, puis basta. Mais qu’elle arrête d’essayer de nous convaincre qu’elle est donc bien bonne, et donc bien généreuse, et donc bien magnanime : ça enlève toute crédibilité à sa présumée grandeur d’âme. « Regardez comme nous sommes gentils. Nous luttons contre le méchant cancer. Encouragez-nous, achetez nos produits pis vous ne choperez jamais le cancer, promis. » Amen.
On qualifie ce type de campagne de « virale », et ce n’est pas pour rien : elles vont finir par nous rendre malades. J’ai l’impression, quand j’achète un carton de lait rose, une boîte d’œufs rose ou un pot de yogourt rose, que j’achète du cancer en vrac. Je refuse de mettre dans mon panier d’épicerie des paquets roses de champignons, des gommes à mâcher sur lesquelles sont dessinées les petits rubans roses de la victoire, des emballages de chocolat à l’effigie du cancer du sein et tous ces autres produits roses nananes qui sont censés sauver la vie de millions de femmes. Je pense que certaines personnes n’ont pas compris ce que le Dr Béliveau voulait dire par « les aliments contre le cancer » : il ne suffit pas de mettre le brocoli dans une pellicule plastique rose pour enrayer la maladie.
En ce qui me concerne, ces campagnes ont complètement raté leur objectif, soit de sensibiliser le public à la cause du cancer du sein. Aujourd’hui, je ne suis tout simplement pu capable d’en entendre parler. Je le répète : j’ai énormément de compassion pour toutes les femmes qui sont atteintes de ce cancer et pour toutes les autres personnes qui sont au prise avec un quelconque type de cancer. Je leur souhaite de recouvrer la santé rapidement et j’espère que les scientifiques trouveront un jour une cure efficace contre cette satanée tare. Par contre, le rose, ça suffit. Je souffre officiellement d’une écoeurite aigue de cette couleur et le jour où j’aurai une fille, je ne risque pas de peinturer sa chambre en rose : j’aurais bien trop l’impression que cela lui donnerait le cancer.