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Beau temps mauvais temps, Rollande Therrien s’installe trois fois par jour aux coins des rues Van Horne et Outremont pour faire traverser les enfants.
Depuis combien d’années êtes-vous brigadière?
Ça fait 25 ans. J’ai fait traversé les mamans, et là, j’en suis à la deuxième génération. Je connais les enfants par leur petit nom.
Avez-vous toujours été à ce coin de rue?
Oui. Je suis brigadière pour l’école Lajoie, mais je fais aussi traverser les enfants des écoles juives du quartier. Des enfants, c’est des enfants. Je fais aussi traverser des personnes âgées. Il y en avait une de 103 ans, qui me tenait par le bras. Elle est décédée la semaine dernière. Je suis allée au service.
Comment se déroule votre journée?
Le matin j’arrive toujours à 7h10 pour vérifier mes lumières et m’assurer qu’il n’y ait rien de dangereux. Comme ce matin, j’ai mis un carton rose pour que les enfants ne pilent pas dans la crotte de chien, là. Je viens, beau temps mauvais temps, et quand je dois m’absenter, comme hier, ma tête est quand même ici.
Combien d’enfants faites-vous traverser chaque jour?
L’an passé, on a calculé que j’en faisais traverser 247 par matin. Ils m’écoutent, sinon, je vais voir leur directrice.
Vous faites un peu d’éducation?
Oui. Je leur explique pourquoi c’est dangereux de ne pas m’écouter. Si je siffle, ils doivent arrêter. J’ai déjà confisqué un livre de filles toutes nues à un garçon. Je l’ai remis à sa mère, que je connaissais bien.
Avez-vous une formation?
Oui, chaque année, on a une rencontre avec les policiers. Ils passent de temps en temps pour voir si on fait bien notre travail. On ne peut pas être à tous les coins de rue, mais on fait un «U». Dans le fond, c’est toi qui juges à quel coin tu dois être.
Est-ce que c’est dangereux?
L’autre jour, j’ai failli me faire frapper par un autobus! Les gens ne coopèrent pas beaucoup. Au moins 5-6 voitures par jour passent sur la rouge. C’est quoi, attendre une minute pour ne pas frapper un enfant?
Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre travail?
Tout. Surtout les enfants. Je pleurerais un an de temps s’il arrivait quelque chose à l’un d’eux.
Combien de temps pensez-vous faire ça encore?
Je demande à Dieu de me donner encore 10-15 ans. J’ai 67 ans.
702 : Nombre de brigadiers sur le territoire du Service de police de la ville de Montréal.
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