Logo

Rock and roll et pauvreté

Publicité

Le chic n’est pas l’image qu’on se fait d’Haïti. Pourtant, il est partout : à la messe le dimanche, à l’école et dans les fêtes de famille. L’ex-chef de la police nationale haïtienne vient d’ailleurs de se convertir en designer de mode masculine avec sa première ligne de costards chics. Trois filles de Montréal tentent une approche plus ouverte. Bienvenue au premier Dîner en blanc de Port-au-Prince.

En entrevue hier midi dans un café de Pétion-Ville, Carla Beauvais est constamment interrompue par des appels.

« Non, je ne peux plus vous changer de place. Le système d’inscription est fermé, je ne peux rien y faire. »

Il n’y aura pas de passe-droit au Dîner en blanc d’Haïti. Les gens bien connectés n’ont qu’à suivre les règles, comme tout le monde.

80 % des 450 places de la soirée de samedi prochain sont dans les mains d’Haïtiens vivant en Haïti. Le public visé était pourtant les touristes et la diaspora.

Publicité

« Il y a du zuzu (« poupoune »), avec énormément d’argent, mais il y a aussi des gens qui travaillent dans un petit job normal. On a vraiment un large éventail de personnes. Ça risque d’être amusant de voir tous ces gens réunis au même endroit. »

Le concept parisien du Dîner en blanc s’est répandu à travers le monde depuis quelques années. Montréal et Québec ont le leur. Vancouver, New York et Abidjan aussi.

La tradition est de convier une chaîne d’amis à un gigantesque pique-nique-chic dans un endroit incongru gardé secret. Chacun apporte sa bouffe et doit porter du blanc. Comme le chic est loin d’être en disparition dans toutes les classes sociales, le public haïtien était facile à convaincre.

Le prix d’entrée à Port-au-Prince est comparable à celui de Montréal, environ 35 dollars. Le spectacle de Rachid Badouri à Port-au-Prince, ce samedi aussi, est à 40 dollars. C’est moins cher que ce qu’on peut demander pour un concert de Luck Mervil ou de Corneille.

Publicité

À l’opposé, certaines fêtes VIP peuvent friser les centaines de dollars. Les concerts locaux dans les quartiers populaires, quand ils ne sont pas gratuits, sont plutôt 3, 10 ou parfois 15 dollars. Le salaire minimum au pays est de 5 dollars par jour.

Même s’il s’adresse surtout à une certaine classe moyenne, un évènement basé sur des réseaux d’amis choisis au hasard risque d’attirer une clientèle bigarrée qui ne se mélange pas d’ordinaire.

« J’ai même dû expliquer pourquoi ce n’était pas plus cher. À 35$, ce n’est pas assez exclusif pour certaines personnes. On m’a dit qu’on aurait dû charger 100 dollars. Sauf que le Dîner en blanc, à la base, ce n’est pas à celui qui peut se le payer. Tu peux avoir tous les millions du monde et ne jamais recevoir une invitation. C’est un regroupement d’amis. »

Twitter: etiennecp

*Les photos sont issues du site web du Dîner en blanc de Montréal.

Publicité