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On a tous besoin d’amour — à moins d’être psychopathe, et encore. Partager son quotidien avec l’élu. e de son cœur semble le pinacle de la domesticité. « Je suis en couple. I win, losers ! » clame-t-on sur Facebook avant de disparaître vers l’horizon en faisant crisser les pneus de sa décapotable imaginaire tout en simultanément enfilant sa paire de lunettes de soleil. Puis… c’est la panne sèche. On se retrouve à faire du pouce sur Tinder comme la fille de Rien de sérieux, la BD de Valérie Boivin, un hymne à l’amour numérique.
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Le petit cœur de Madeleine n’en peut plus de se languir en regardant des rom-coms soir après soir. La mi-trentenaire souhaite éperdument enlacer un corps pour combler le vide existentiel qui commence à la gruger et dans un geste de désespoir, s’inscrit sur Tinder. Les profils déroulent en un flot incessant de photos loufoques et de propos incongrus. Alors, elle part à la pêche et se dégote un premier crapet prospect. Ce qui devait arriver arriva : un moment awkward à écouter un gars parler de cote de maille et de son hamster. Next ! Elle est prête à baisser les bras, mais sa best connaît une fille qui connaît une fille qui a rencontré son chum sur l’application et qu’ils sont « full in love. » Idem pour une autre amie qui a trouvé l’âme sœur dès sa première sortie — fait chier. C’est avec l’énergie du désespoir qu’elle retente l’expérience avec des résultats mitigés. À croire que ceux qui sont encore sur les rayons après 35 ans sont des modèles défectueux.
le self-care a la cote ces temps-ci. Il vaut mieux être bien seule que malheureuse en couple.
C’est peut-être de lever les yeux de son écran et de regarder ce qui se passe autour que Madeleine a besoin ; beaucoup de binômes de son entourage se sont formés à la old school, c’est-à-dire en parlant avec du monde random — c’est fou comme concept ! N’empêche que cette approche absolument désuète lui a valu un rancard avec un beau spécimen qui sent la forêt, mais qui n’est pas prêt à prendre racine ; il ne cherche rien de sérieux. Sérieux ? Cette déclaration est le dernier clou du cercueil dans lequel elle mourra vieille fille. Mais qu’a-t-elle fait pour mériter ce sort ? Pourtant, côté génétique, sa lignée assure : son papi chéri est la coqueluche de sa maison de retraite et donne des rides à ses prétendantes dans son rutilant Cadillac 64. Alors, résignée, mais sereine, elle s’en remet à la providence. Après tout, le self-care a la cote ces temps-ci. Il vaut mieux être bien seule que malheureuse en couple.
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On aura beau vouloir l’éviter et se faire à croire que c’est surévalué, l’amour est un besoin primaire que l’on doit combler d’une façon ou d’une autre. Valérie Boivin a tapé dans le mille en racontant avec humour et intelligence cette quête qui peut vite se transformer en calvaire si on y fonde tous nos espoirs d’éventuel bonheur. Une véritable étude anthropologique sur les mœurs et les relations humaines à l’ère des réseaux sociaux.
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