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Il y a un mois, j’ai eu la chance extraordinaire de voir le spectacle du dernier gagnant de Star Académie, Maxime Landry. Voici le fabuleux récit de cette soirée.
19h21
Tout commence dans le hall d’entrée du Palace de Granby. Les murs sont blancs et les planchers sont recouverts d’une vieille moquette à la couleur indéfinissable. Des tables et des chaises un peu partout. Il y a un bar pas de barman. Dommage, moi qui aurais aimé prendre un scotch en attendant Maxime Landry.
À notre arrivée, ma sœur et moi, toutes deux dans la vingtaine, constatons que le public est composé uniquement de personnes âgées. Je me moque de moi un peu et lui fais remarquer qu’on est sans aucun doute les plus «sexy» de la place. Mettons que c’est pas ici que je vais me trouver un «p’tit chum»… Je parle en roulant mes «rrr».
Ils rrrouvrrrent finalement les porrrtes.
19h45
Une fois assises, on observe attentivement les gens présents dans la salle. La moyenne d’âge est très élevée.
On tend l’oreille.
Les conversations de nos voisins de siège tournent autour des enfants devenus grands, des cataractes et de l’astrologie. Les toux sont profondes et creuses ; ils ont visiblement du vécu.
19h50
La foule est prête. Il n’y a pas un siège de vide, tout le monde est déjà assis. On dira ce qu’on voudra, mais les personnes du troisième âge, c’est ponctuel. L’écran au-dessus de la scène projette des publicités country douteuses. Ma sœur et moi, on attend avec impatience l’arrivée de Maxime Landry pour sortir notre pancarte «Marie-nous!».
Quelques gens baillent, d’autres ferment les yeux. Il va y avoir de l’ambiance ici à soir… Probablement qu’un ou deux vieux feront du bodysurfing d’ici la fin du spectacle.
19h58
On apprend qu’Henriette est entrée à l’hôpital.
Même s’ils ne se souviennent pas de la raison de son hospitalisation, elle s’en sortira. Ouff.
19h59
Le mot «dentier» parvient jusqu’à nos oreilles.
20h30
Maxime n’est pas trop à l’heure (le show commençait à 20h). Compte tenu de son retard, je me permets de l’appeler par son prénom.
20h45
Ma sœur et moi, on se déchaîne sur un pot-pourri des chansons et des thèmes d’ouverture de Star Académie.
21h02
Petite entracte de 15 minutes. Heureusement, nous sommes là pour mettre de l’ambiance et danser en jugeant les gens qui restent assis.
(Petite frustration de ma sœur envers ceux qui ne participent pas).
22h20
Le spectacle se termine dans les cris et les larmes.
22h27
On fait la ligne, comme deux vraies fanatiques, dans l’espoir de recevoir un autographe sur les seins et peut-être même un bisou dans le cou. Ma sœur sue à grosses gouttes en imaginant le moment où elle pourra arracher la chemise couleur lavande de Maxime.
Pendant ce temps, moi, j’observe les personnes âgées qui patientent en attendant l’arrivée de Maxime. Même si elles sont excitées, elles font semblant d’être relax et d’en avoir vu d’autres.
22h45
On est près du but.
22h47
Ma sœur lance des fleurs à Maxime (au sens figuré, bien sûr).
22h48
Maxime, ce n’est qu’un au revoir… On se reverra. C’est promis!
22h52
On se dirige vers le parking. Deux personnes sont accotées sur une portière et se pelotent langoureusement. Je me mets à rire. Mais pas ma sœur.
– Qu’est-ce qu’il y a?
– C’est ma belle-mère!
– Hahaha!
– Mais l’autre, à côté…
– Quoi?
– C’est pas mon beau-père.
Comme dirait monsieur Perrreault dans un de ses contes, la morale de l’histoire : «T’as beau rrrire des gens, et des personnes âgées en parrrticulier, mais c’est eux qui vont finir la soirrrée par un orrrgasme avec leurrr amant surrr le capot d’une voiturrre. Pas toi…»
Ce texte est extrait du numéro 27 spécial âge d’or | été 2010