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Citation de la semaine: «La dette, c’est vous autres qui avez fait ça, c’est pas nous. Je sais pas pourquoi vous capotez avec ça».
– Manon Massé, qui s’en sacre pas mal
Oupelaïlle mesdames et messieurs, quelle semaine, et surtout, quel débat complètement fou.
Si le débat de Radio-Canada était très…radio-canadien, celui de TVA a été on ne peut plus TVAesque.
Un peu plus et Guy Jodoin débarquait faire un sketch.
J’irai plus dans le détail du débat pour chaque parti, mais avant, permettez-moi de remettre en perspective l’importance des débats.
Un débat, c’est un peu une game de série des élections.
Quand on s’intéresse à la politique, on aime tous beaucoup suivre ces débats. Ça permet de voir les candidats s’affronter directement, c’est un peu une game de série des élections.
Et si ça peut avoir un impact sur le vote, ça reste un impact très difficile à prévoir.
Prenez le débat de la semaine dernière. Autant les analystes que les sondeurs se sont entendus pour dire que Jean-François Lisée avait été le gagnant de ce débat, alors que Philippe Couillard en était le perdant.
Cette semaine, le PLQ a remonté dans les sondages et le PQ a baissé.
Les débats influencent les indécis. Mais les indécis, ils peuvent avoir plusieurs raisons de choisir un parti plutôt qu’un autre, et ça serait réducteur de limiter ça à « c’est qui le chef qui se chicane le mieux».
Sur ce, jetons un oeil sur la semaine de tous les partis, et sur la performance de leurs chefs dans le débat d’hier soir.
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La semaine
Philippe Couillard a sorti sa meilleure imitation de François Lambert jeudi en déclarant que c’est possible de nourrir une famille qui comprend deux adolescents avec 75$ par semaine. Après, il s’est rétracté en disant que c’est la situation que bien des gens vivent et que c’est déplorable, et que lui-même connaît des gens dans cette situation.
Je veux dire, come on. Pousse mais pousse égal, Phil. Tu les a rencontrés où ces gens-là? Sur un terrain de golf avec tes amis millionnaires?
Je veux dire, come on. Pousse mais pousse égal, Phil. Tu les a rencontrés où ces gens-là? Sur un terrain de golf avec tes amis millionnaires? Dans un cocktail de financement du PLQ? Quand tu travaillais en Arabie Saoudite?
Le débat
Quel drôle de débatteur est Philippe Couillard. Évidemment, il s’est fait attaquer de toutes parts; c’est attendu, il est le premier ministre sortant. Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est que même lorsqu’il avait le droit de parole, le premier ministre semblait incapable de s’empêcher de faire des passes sur la palette à ses adversaires.
Il est allé de questions du genre: «M. Legault, on a rien compris à votre plan de réforme de la rémunération des médecins, pouvez-vous nous le réexpliquer comme il faut», laissant ainsi toute la place à François Legault pour expliquer ses propositions.
Je sais pas s’il pensait coincer ses adversaires avec des questions de même, mais habituellement, s’il y a quelque chose que les politiciens connaissent bien, ce sont leurs propres propositions.
En tout cas, la plupart du temps.
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La semaine
Vous savez qui n’a vraiment pas eu une bonne semaine? François Legault.
C’est que les journalistes se sont trouvés une nouvelle activité au courant du week-end: poser des questions de Génies en herbe à François Legault. Le chef de la Coalition Avenir Québec a donc eu tout le loisir de montrer l’étendue de son ignorance. Ils lui ont demandé s’il savait combien de temps ça prend obtenir sa résidence permanente, il a répondu quelques mois (c’est trois ans).
On lui a demandé de nommer l’unique province bilingue du Canada, et il a été incapable de le faire (c’est le Nouveau-Brunswick).
C’est que les journalistes se sont trouvés une nouvelle activité au courant du week-end: poser des questions de Génies en herbe à François Legault. Le chef de la Coalition Avenir Québec a donc eu tout le loisir de montrer l’étendue de son ignorance.
Je vous laisse juger de la pertinence de ce petit jeu-là, mais il reste que ça semble avoir fait très mal à la CAQ. Alors qu’ils restaient de façon constante au sommet des sondages, on a eu droit cette semaine à des premiers sondages plaçant le PLQ comme meneurs. François Legault s’est donc amené au débat avec une mission : freiner l’hémorragie.
Le débat
Somme toute, c’est mission accomplie. François Legault a rapidement fait son mea culpa, admettant qu’il s’était fourvoyé sur la question de l’immigration et clarifiant sa position: il veut que les immigrants réussissent son test avant que le gouvernement du Québec ne leur donne un certificat de sélection.
Une fois cette question clarifiée, il a su s’imposer comme un candidat en contrôle, ramenant le débat sur des terrains plus fertiles pour sa formation: le gaspillage de fonds publics et les baisses d’impôts, tout en accusant Philippe Couillard d’être moralisateur et condescendant.
Mais ce que j’aime le plus de François Legault en débat, c’est la petite bouche qu’il fait quand les autres parlent. Fascinant.
François Legault, l’un des grands gagnants de ce débat.
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La semaine
Pour la formation de Jean-François Lisée, la semaine a été trèèèèès difficile. Malgré la bonne figure de Lisée dans le débat de Radio-Canada puis dans le débat anglophone (ça aide d’être un des seuls chefs qui sait parler anglais, tsé), le Parti québécois a eu droit à de mauvaises nouvelles dans les sondages.
Ils ont bien proposé quelques mesures pour favoriser l’achat local ainsi que la création de nouvelles places en CPE, mais rien qui ne semble donner à la formation souverainiste une grosse poussée.
Et le débat de hier soir risque de ne vraiment pas aider…
Le débat
Je sais pas ce que Jean-François Lisée avait mis dans son Pepsi, mais il était déchaîné.
Je sais pas ce que Jean-François Lisée avait mis dans son Pepsi, mais il était déchaîné.
Et pas déchaîné genre: « Wow, quel orateur passionné», mais plus déchaîné genre: « Y a 50% de chances qu’il mette le feu à son pantalon en criant que les extraterrestres nous attaquent ».
Il a commencé dans un segment complètement surréaliste alors qu’au lieu de débattre de santé avec Manon Massé comme il devait le faire, il a mentionné que sa mère était féministe (ok?) avant de demander qui était le vrai chef, laissant sous-entendre qu’il y avait un patron secret en haut de Manon Massé.
Sérieusement, écoutez ce segment, et dites-moi que ce n’est pas l’affaire la plus wild que vous ayez entendu.
Jean-François Lisée a fini par se calmer au fil du débat, mais sérieusement, comment oublier ce début de combat complètement dingue?
Définitivement le grand perdant de la soirée.
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La semaine
Québec solidaire ne semble pas être dans la même campagne électorale que les autres partis. Pendant que la CAQ, le PQ et le PLQ débattent d’immigration et d’emploi, QS chillent dans leur coin en tentant de séduire les jeunes et en parlant d’environnement, alors que tout le monde s’en contrefout.
Les derniers sondages leur donnent 14% des intentions de vote, à seulement 2% du PQ.
Je ne sais pas si c’est une stratégie si payante à grande échelle, mais il semble que leur base soit en train de s’agrandir. Les derniers sondages leur donnent 14% des intentions de vote, à seulement 2% du PQ. Mais surtout, c’est le double de leurs résultats aux élections de 2014.
Évidemment, ça reste des sondages, il ne faut pas prendre ça pour du cash. Mais reste qu’il se dessine une tendance positive pour la formation de gauche, et le débat pourrait aider ce mouvement…
Le débat
Jusqu’à maintenant, on va se dire les vraies choses, Manon Massé l’a eu relativement facile. Oui, c’est vrai qu’elle a eu moins de temps de parole que les autres chefs lors des précédents débats, mais elle a été assez épargnée. On voyait que ce n’était pas la priorité que de s’attaquer à QS dans place.
Ça a un peu changé lors du débat de TVA. QS a fait des gains non négligeables dans les derniers sondages, grappillant quelques précieux points aux autres formations politiques. Manon Massé a donc dû faire face à plus d’attaques.
Et somme toute, elle s’est très bien défendue. Elle a su se défendre avec des arguments plutôt solides, présenter de façon concrète ses projets et propositions, mais surtout, elle a réussi à s’imposer comme une interlocutrice crédible, ce qui est le plus difficile quand on est une formation de gauche qui propose de construire 38 stations de métro et d’interdire les voitures à essence d’ici une dizaine d’années.
Elle peut donc se partager la victoire avec François Legault (c’est sûrement la seule chose qu’ils partagent, d’ailleurs).