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Retour sur la fin de semaine électorale

(Presque) no rest for the wicked

Par
Pier-Luc Ouellet
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En suivant cette campagne de façon plus serrée que par les années passées, j’ai découvert cette chose stupéfiante : la semaine, les chefs de parti font les grandes annonces qui ne veulent souvent rien dire (tout en jetant quelques insultes à leurs adversaires au passage) , mais c’est la fin de semaine qu’ils présentent celles qui auront un effet réel sur votre quotidien.

En d’autres mots, la semaine, on assiste plutôt à des annonces du genre : « À partir de maintenant, on va se ramasser dans cette maison-là », tandis que la fin de semaine, c’est plus « y’a plus d’essuie-tout, je vais aller en acheter ». La première annonce semble plus importante, mais quand t’es à quatre pattes en train de ramasser un dégât, c’est la deuxième qui compte vraiment.

Je n’ai pas vraiment de conclusions à en tirer. Vous devriez compter sur mes articles pour vous informer de toute façon. Mais je vous le dis, au cas où.

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La Coalition Avenir Québec a fait quelques faux pas dans la dernière semaine (nous y reviendrons), et le Parti libéral trippe ben raide. Enfin, ils ont d’autres choses à aborder que leur campagne un peu plate. On se mentira pas, ils ont surtout passé le week-end à rire de François Legault qui a osé prendre une journée de congé samedi (même si Philippe Couillard a dit que c’était important de prendre des vacances).

Mais quelques annonces ont été faites : ils ont promis de bonifier l’aide aux personnes handicapées en rendant l’accès au revenu minimum en cas d’invalidité au travail plus facile, et en bonifiant les subventions aux familles d’enfants handicapés.

Dans leur désir de séduire la ville de Québec, ils ont également réitéré leur appui au troisième lien… tout en se donnant bonne conscience écolo en promettant de rallonger le trajet du tramway (qui n’existe pas encore, par ailleurs).

En même temps, c’est facile de casser du sucre sur le dos des libéraux, mais la seule vraie solution pour le problème du transport à Québec serait de revenir 70 ans en arrière pour puncher dans les gosses ceux qui ont eu la bonne idée de construire une ville en amas de banlieues traversées par 45 autoroutes différentes chacune.

En attendant, le tramway va devoir faire la job.

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Ok, on part ça sans ambages, parce que François Legault a beau avoir pris congé samedi, ça a brassé pas mal en fin de semaine du côté de la CAQ.

Tout d’abord, ils y sont allés d’une promesse-choc : permettre à tous les Québécois d’avoir accès à un médecin dans les 36 heures. Comment pensent-ils y arriver? En changeant le mode de rémunération de nos docteurs.

Pour le moment, les médecins sont payés à l’acte. Pour chaque acte médical posé, ils reçoivent un montant (et comme on l’a appris, des actes comme « arriver à l’heure » et « ne pas vomir dans le patient pendant une opération » sont apparemment monnayables).

La CAQ propose plutôt une rémunération mixte, où les médecins seraient payés à 50% pour prendre en charge des patients.

Mais c’est le candidat caquiste Ian Lafrenière qui a causé l’émoi avec une déclaration-choc. L’ex-policier a affirmé que ce qu’il avait le plus détesté comme policier était l’ingérence des politiciens dans le travail des policiers.

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Dire que le politique s’ingère dans le travail des policiers est une accusation grave. Imaginez si on vivait dans un monde où les politiciens pouvaient s’en sortir après avoir commis un crime parce qu’ils sont au pouvoir. Ou si par exemple les politiciens pouvaient se servir des policiers pour faire taire des manifestants qui les dérangent.

IMAGINEZ.

Finalement, la CAQ a semé la controverse en effaçant certains mots de son programme politique. Cette semaine, le parti s’est fait accuser d’être pro-pétrole. En effet, leur programme mentionnait noir sur blanc qu’ils souhaitent exploiter le pétrole et le gaz de schiste du Québec.

Curieusement, si vous allez lire le programme de la CAQ aujourd’hui, vous n’y verrez plus que les mots « ressources naturelles ». Comme dans la phrase « l’hypocrisie et l’obsession pour l’économie sont tellement répandues chez la classe politique qu’on pourrait dire qu’elles sont des ressources naturelles ».

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Jean-François Lisée est parti cruiser les régions en fin de semaine. Tout d’abord, installé sur le bord du fleuve à Sept-Îles, il a promis qu’un gouvernement péquiste donnerait plus de liberté aux régions dans la gestion de leurs enveloppes budgétaires, et qu’elles pourraient se réunir sous les instances de leur choix. Il a également promis des commissions parlementaires qui iraient siéger en région pour rapprocher le monde qui aiment Guylaine Tanguay de leurs institutions politiques.

Le Parti Québécois a également proposé de mettre fin au quasi-monopole d’Air Canada sur les vols en région. Selon le chef du PQ, Air Canada a pour habitude de tuer la concurrence sur le marché des vols régionaux avec des prix excessivement bas, conservant ainsi son monopole et pouvant remonter les prix à sa guise.

Il propose donc d’instaurer des prix de référence, du genre « un billet Montréal-Les Boules c’est supposé coûter 400$, alors si Air Canada vend son billet 300$, on va rembourser les concurrents à hauteur de 100$ pour qu’ils puissent offrir le même prix ». Bon, je sais que y’a pas d’aéroport à Les Boules. Mais c’est trop un bon nom pour que je puisse m’empêcher de l’écrire.

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Mais ma préférée reste Annie Morin, candidate péquiste à Charlesbourg dénichée par le Sac de chips qui souhaite voir la venue d’un festival de métal à Québec, et qui explique à ses électeurs quel motocross elle « ride » (une KX125, pour ceux que ça intéresse).

Tsé, quand les gens se plaignent que tous les partis sont pareils? À ça, je réponds Québec solidaire (remarquez, je pourrais aussi répondre Bloc Pot ou Parti culinaire du Québec). Que vous soyez d’accord ou non avec leurs idées, force est d’admettre qu’ils ne mènent pas la même campagne que les autres.

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Pendant que tout le monde s’obstinait sur la santé ou sur le troisième lien, QS eux proposaient de nationaliser Internet.

Ouin.

Il ne s’agirait pas d’une nationalisation complète : les autres fournisseurs Internet pourraient continuer d’exister. Mais QS créerait Réseau Québec, un fournisseur national qui installerait de la fibre dans les régions éloignées ou moins desservies, et qui tenterait de faire baisser les prix des compagnies privées.

Parlant de privé, Québec Solidaire a également abordé à plusieurs reprises la question du financement des écoles privées. Comme vous le savez peut-être, ils sont farouchement contre le financement de ces écoles avec des fonds publics. Ils souhaitent plutôt investir cet argent dans les écoles publiques.

Ce qui est avancé comme argument, c’est que les écoles privées vont à l’encontre du principe d’égalité des chances et que les gens en régions, où il n’y a souvent pas d’écoles privées, se retrouvent à payer pour financer des écoles privées dans les grands centres.

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En effet, à Rimouski, d’où je viens, l’école privée la plus proche était située à 2h de là, il fallait donc être pensionnaire. C’était comme Poudlard, sauf qu’au lieu de chiller à Pré-au-lard, tu allais chiller au Mikes de La Pocatière. Pas mal moins excitant.

À surveiller cette semaine:

Le PLQ va devoir continuer d’écouter Gertrude Bourdon qui va dire que son arrivée en politique fait de l’ombre à la résurrection du Christ

La CAQ va subtilement supprimer le mot « avenir » du nom de son parti.

Le PQ va promettre un show de Metallica à Les Boules.

QS va proposer de nationaliser les pagettes.