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Ça y est. Nous sommes arrivés au bout d’une ère. Le record mondial de vitesse en nage, euh… de vitesse, pour la première fois depuis cent ans, n’a pas été surpassé en 2010. Banal ? Non, ooohhh non. Nous sommes peut-être arrivés au bout de l’évolution.
C’est drôle, j’aurais pensé que ça arriverait d’abord en tennis. Qu’un jour, plus personne n’arriverait à battre Federer et Williams, qu’on n’arriverait plus à inventer une raquette plus performante parce que pour améliorer davantage celle de Federer, il faudrait mettre un moteur dessus, donc littéralement changer le nom de l’objet, puis du sport au complet, et que ce serait le déclin du tennis. Mais non, c’est d’abord arrivé en natation.
La moralité sportive a statué qu’on avait poussé trop loin. Qu’un nageur avec une combinaison de plastique, c’était comme un petit gros qui glisse sur un sac de poubelle l’hiver quand tout le monde glisse en grosse luge de bois ; c’est pas juste. Que c’était comme nager avec un moteur dans le derrière. Remarquez, c’est peut-être vrai qu’il est exagéré de nager en plastique. Je ne connais pas grand-chose aux matières. Quoi qu’il en soit, la moralité a renvoyé tout le monde au vestiaire. On retourne aux vieux suits en textile. Résultat ? Zéro record du monde en 2010. Ça, c’est pas beau dans le CV d’un sport.
Je ne voudrais pas alarmer personne, mais à cette époque où l’évolution entretient l’espoir et surtout l’économie, les nageurs viennent de nous dire qu’ils sont désolés mais qu’ils ne peuvent plus aller plus vite. Ils sont les premiers à le dire, mais ils annoncent le début d’une longue chaîne de saturation sportive qui risque d’atteindre rapidement d’autres sphères, comme les milieux de la technologie, de l’éducation ou de la médecine. « Désolés, on ne peut plus aller plus loin. C’est terminé. » Ça y est, je m’alarme moi-même.
Mais c’était prévisible, pourtant. Quand on a compris que personne n’arriverait à battre Bernard Derome en lecture à vue, on aurait dû se douter que le décompte était commencé. On frôlait les limites de l’insurpassable. Alors, je suis désolée de vous l’annoncer, mais nous entamons en ce début de 2011 la descente de l’autre versant de la montagne, là où les nageurs nagent en tissu qui prend l’eau, en visant des vieux records de 2008. À contre-courant de l’évolution.
Plus j’y pense, plus ça sonne reposant, finalement…