Réseau anti-social

Je vous ai parlé la semaine passée du vrai et du faux sur le web, des gens qui ont une personnalité sur le web et une autre “en personne”. Certains y ont compris que je m’attendais à ce que la personnalité “publique” devrait nécessairement et constamment être en totale adéquation avec la personnalité “privée”. Ce serait, pour un fervent défenseur de la vie privée comme moi, être d’une extrême mauvaise foi.

Et si on a pris l’habitude de prendre la moindre cocasserie (ou la plus banale poutine) en photo, il semble qu’on fasse de plus en plus attention à ce qu’on partage publiquement. On s’est créé une ligne éditoriale, on cherche à garder un certain ton, un certain niveau de qualité. “Ah, non, celle-là n’est pas assez bonne pour mon Instagram.”

Comment faire, donc, pour conjuguer vie privée et réseaux sociaux? Comment faire pour retrouver cette naïveté d’antan, alors qu’on pouvait dire ce qu’on voulait sur Facebook sans que ça ressorte à notre entretien d’embauche, deux ans plus tard? Comment faire, surtout, pour éviter que notre appréciation pour un bon cheeseburger devienne un prétexte pour voir apparaître un juteux Whopper (seulement 4,99$ pour un temps limité!) entre chacun des posts de nos amis? Comment envoyer une photo fonnée à ses amis sans qu’elle se ramasse sur notre profil Pour Toujours?

La tendance s’annonce lourde: les réseaux sociaux se désocialisent au fur et à mesure où ils deviennent des vitrines — pour soi autant que pour les publicitaires.

L’avenir nous le dira.

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