Refuser de se contenter

On ne le dira jamais assez : 2020, quelle année…

À l’heure où un deuxième confinement vient de nous frapper aussi rapidement que la deuxième vague de la COVID nous a collectivement pris d’assaut, nous réalisons à la dure que le Québec ne peut pas se permettre un afflux de malades dans un réseau de la santé déjà à bout de souffle depuis des années, conséquence de décennies de mauvais choix budgétaires et de réformes ultracentralisatrices. Ajoutons les effets de la première vague sur le niveau d’épuisement du personnel de soins et nous obtenons un cocktail dangereusement explosif. Manifestement, notre système de santé a atteint ses limites. Il s’agit de la vraie raison derrière le reconfinement, celle que le gouvernement doit assumer pour que ce soit clair pour tout le monde.

Comme si ce n’était pas suffisant, la défiance (jusqu’à la violence) d’une certaine frange de la population à l’égard des mesures sanitaires est le symptôme d’un courant anti-État et anti-autorités qui, en prenant de l’ampleur, peut mettre en péril l’avenir de nos institutions démocratiques. Le meurtre de George Floyd aux États-Unis en mai, les centaines d’agressions et inconduites sexuelles dénoncées sur les réseaux sociaux en juillet et en août, ainsi que la mort de Joyce Echaquan sous les insultes racistes d’une infirmière et d’une préposée à l’Hôpital de Joliette il y a quelques jours ajoutent au sentiment d’impuissance qu’on est en droit de ressentir dans de pareilles circonstances.

Ce contexte est de plus en plus lourd, à un tel point qu’il peut être difficile d’arriver à garder le moral.

Pour ma part, je n’ai trouvé qu’un seul moyen d’y arriver : celui de demeurer résolument dans le camp des optimistes.

Et si, après notre jardin de l’été, nous cultivions maintenant notre pouvoir d’agir cet automne?

Les grands chantiers de l’après-COVID devront être menés bien au-delà des infrastructures. Pour réussir cette entreprise, il faudra des gens engagés. Des gens qui refusent de se contenter.

Parce que nous n’avons aucune raison de nous contenter d’une performance aussi médiocre de notre système de santé, alors que nous y investissons plus de 50% de notre budget national chaque année.

Parce que nous n’avons aucune raison de nous contenter du manque de transparence de nos administrations publiques, de même que d’un système parlementaire parmi les plus partisans au monde, alors que la coopération et la recherche de consensus constituent des socles de nos valeurs comme société.

Parce que nous n’avons aucune raison de nous contenter d’un système de justice qui doit juger « hors de tout doute » de la parole d’une victime d’agression ou d’inconduite sexuelle vis-à-vis de son agresseur, alors que des initiatives de justice réparatrice ont fait leur preuve comme alternative au processus pénal.

Parce que nous n’avons aucune raison de nous contenter d’un pays où le racisme systémique est institutionnalisé par le biais de la Loi canadienne sur les Indiens, alors que nous pourrions bâtir un État plurinational doté d’une véritable gouvernance d’égal à égal avec les Premiers Peuples du Québec.

Comme Québécoises et Québécois, notre créativité et notre ingéniosité sont reconnues partout sur la planète. Il serait pour le moins ironique que nous ne nous servions pas de ces qualités pour nous améliorer comme collectivité. Le temps de l’ambition doit remplacer celui de l’inertie. Transformons les difficultés en possibilités renouvelées.

Il n’en tient qu’à nous.

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VUE DU FOND

Depuis le retour à l’Assemblée nationale en «mode COVID», comme nous sommes limités à 36 député.e.s présent.e.s simultanément au Salon bleu, la distance minimale de deux mètres entre chacun.e de nous a deux effets notables, d’abord en matière d’écho (c’est impressionnant à quel point il est marquant!), puis dans la diminution significative du «chuchotage» entre les élus.e.s pendant que d’autres collègues prennent la parole. Est-ce la distance imposée ou la peur que lesdits propos soient maintenant entendus par toutes et tous en raison de ce nouveau phénomène d’écho? La question est lancée!