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“Refresh”

Par
Véronique Grenier
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[Dans le cadre de son exposition “Viralité et Incan-décences”, à la galerie 203, Mathieu St-Onge a invité des gens qu’il affectionne à y lire des textes, mardi soir. J’ai eu le plaisir de partager le micro avec Marie-Christine Lemieux-Couture, Catherine Ethier, Julien Bernatchez, Juliette Brossard. Julien Day, Joseph Elfassi, Madame Esti, Gabriel Joncas, Simon Jodoin et Djö Lav.]

Refresh.

Ça me sert à rien. Mais refresh pareil. D’un coup que.

Esti de pas point vert.

Oussé que t’es. On se french-tu. S’rait fun ta langue dans ma yeule, la mienne qui lèche ta lèvre du bas du haut, mords-moé mords-moé fort que ça fasse outch que je vive un peu plus fort keke secondes. Un peu plus fort. Check, j’ai le cœur qui splatsh all over, tu le vois-tu mon shirt qui shake. Esti d’écran. C’est sûr que tu vois pas. T’es même pas là, anéwé. Refresh.

Émoticon de marde. J’dirai que c’tait pas voulu. Que j’l’ai accroché. #hahahachupasdemêmetsaisheintulesais

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On va se cacher derrière un char derrière un grand esti de livre un Atlas un livre d’art un arbre.

Whatever intimité. Y’aura peut-être une soundtrack. J’aime ça les soundtrack. Amadné tu vas dire “C’est Radiohead”, ça va sonner cerise sul sunday. C’est de même que j’va me sentir, all the moé. Une cerise. Sul. Sunday. Wet & super shiny de pis pour toé. “Marasquin ta vie”, vais-je me dire me mantrer me répéter. M’a rire de moé. Je te ferai des yeux papillons. Tu vas me dire que j’ai l’air d’avoir quatre ans, m’a te dire “tu m’aimerais moins si j’tais une vraie adulte qui te parle de son hypothèque qui mange pas avec ses doigts qui s’en met pas plein partout la face quand elle mange avec lesdits doigts”. Poulet en boîte. Tu vas hocher de la tête. M’a encore te faire des yeux papillons. On a le sens de l’accord. Harmonie, on dit. C’est tellement super super. #vivetoute

Refresh. Stu crisse don’. J’ai le goût de te clavier vite, les mots, la vie. On va s’envoyer des cœurs laittes. Trop roses. J’va même me gâter avec ceux qui ont des étincelles. Emo. Fucking emo. Esti j’m’haïs, dépossédée que j’chu. J’dégouline d’émotions, de ressentis, de palpitations. Check comment je déplace mon curseur vite, yo. Le réel n’est pas un poème. Rappelle-moé-le. Steplait. Service rendu à notre humanité.

Mon newsfeed me dit des affaires poches, photos de chats pourquoi sont là pourquoi j’connais encore du monde qui fait ça. Celle-là me dit carpe diem sur fond de mer. Eeeeew. Oh. Elle, elle se l’est fait tatouer. Sul pied. J’la juge en silence. A devrait me voir le vomi dans bouche. Elle est contente qu’il y ait un média entre nous. J’ai-don’-ben-du-temps-à-perdre.

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Really. Dehors y’a de la nature qui me crie “Viens dedans le vent”, mane. Kessé j’fais à regarder un esti d’écran pour rien. J’attends pour rien. Refuckingfresh. C’pas relationnel, ça, un écran. Enter. Trois petits points qui flashent. Clin d’œil ça veut dire kessé clin d’œil. Me semble que j’t’ai dit de quoi d’important. Me semble tu me réponds simple. Me semble tu me donnes des miettes de mots, d’être, de là. Mais t’sais quoi? T’sais-tu quoi? Chu pas un oiseau. Vérité ontologique. Dans ta face. Fuck tes miettes.

Veux-tu ben. Exister. Viarge. Refresh-Refresh-Refresh.

Point vert.

Online. À go, j’dis allô.

– Allôôôôôôô. [calme-toé]

– Stu fais?

– Fuckall. Je faisais fuckall. Yolo. Petite pause, u know.

Toé, toé stu fais. Pourquoi y’a un écran. Là. Entre toé pis moé.

#Cuicui. #refreshlavisti

Illustration de Gabrielle Laïla Tittley

J’existe aussi là: Les p’tits pis moé, pis là.

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